Lettre de la gouverneure générale aux Canadiens et Canadiennes

Le 19 juillet 2022

Chers Canadiennes et Canadiens,

Voilà près d’un an que je suis devenue la 30e gouverneure générale du Canada, et la première personne autochtone à assumer cette fonction. Mes prédécesseurs seraient sans doute d’accord pour dire que la première année du mandat de gouverneur général sert à mieux cerner la nature de ce rôle et les possibilités connexes. Et je m’adresse à vous aujourd’hui justement pour vous faire part de ce que je vois comme possibilités.  

Au cours des semaines qui ont suivi mon arrivée à Rideau Hall, mon mari, Whit, et moi-même avons été profondément touchés par les Canadiens et Canadiennes qui nous ont fait part de leurs préoccupations et de leurs aspirations concernant notre pays. Un fil conducteur se dégageait de tous les messages que nous avons reçus : la fierté de voir une personne autochtone devenir la représentante de la reine au Canada. On en dégageait aussi un sentiment d’être à un tournant de l’histoire de notre pays.

J’ai participé à d’autres tournants de l’histoire du Canada, notamment : en 1982, l’adoption de la Charte des droits et libertés; en 2008, la présentation d’excuses relatives aux pensionnats autochtones; et en 2010, en tant que témoin honoraire à la Commission de vérité et réconciliation.

En réfléchissant à ces événements, on constate qu’ils présentent quelques similitudes : une reconnaissance des conséquences d’anciens pans de notre histoire, une volonté sincère de réduire les clivages et un engagement à traiter des enjeux importants pour l’édification de la société. Ce sont des moments charnières pour notre pays. Ils ont interpellé chacun et chacune d’entre nous — que ce soit comme individus, membres de la communauté, leaders dans le monde des affaires, du gouvernement ou de la société civile — à poser des questions à la fois simples et lourdes de sens en lien avec la conscience citoyenne : Que pouvons-nous faire de mieux et comment pouvons-nous le faire? Maintenant, en ma qualité de gouverneure générale, je me pose sans cesse cette question : comment puis-je contribuer à faire avancer les choses?

Très tôt après ma nomination, j’ai demandé conseil à des personnes de divers horizons sur la façon dont je pouvais répondre à cette question. Ces personnes m’ont encouragée à utiliser ma voix pour faire connaître les enjeux et les porter à l’attention des décideurs à tous les échelons. Pour y parvenir, je peux poser des questions pertinentes et honnêtes, favoriser les discussions essentielles, mettre en relation les artisans du changement, écouter, apprendre et mettre à profit les réussites, qu’elles soient modestes ou majeures. Mon rôle a ses limites. Par exemple, l’élaboration de politiques et la création de programmes n’entrent pas dans mes attributions. Cependant, je peux me servir de mon rôle fédérateur pour établir des alliances de nature à susciter le changement.

Lors de mon installation, j’ai annoncé que mon mandat de gouverneure générale aurait comme priorités la réconciliation, la santé mentale, la protection de la nature et de l’environnement, la lutte contre les changements climatiques, l’éducation, la jeunesse ainsi que la diversité et l’inclusion. Je sais que ces priorités comportent des défis importants et difficiles à relever, mais l’édification d’un pays est un processus complexe. Ce processus exige des efforts à tous les niveaux et la participation de gens de toutes les générations pour favoriser le bien collectif. Toutes ces priorités sont interreliées. Lors de mes voyages, j’ai observé des approches inspirantes, novatrices et avant-gardistes à l’égard des défis inhérents à ces priorités, et j’ai bien l’intention de faire la lumière sur ces approches fructueuses et de les mettre à profit.

À différents moments de ma première année à titre de gouverneure générale, j’ai beaucoup réfléchi au parcours qui m’a amenée ici, à Rideau Hall. Ma vie a été marquée par le difficile cheminement de la réconciliation dans notre pays.

Au cours de la dernière année, mes expériences m’ont permis de raffiner ma compréhension de ce qu’est la réconciliation. La réconciliation est un cheminement, pas une destination. La réconciliation ne se fait pas comme un projet, mais plutôt comme un changement sociétal. Ce cheminement passe par des conversations courageuses et franches, des conversations considérées comme essentielles à la guérison. La réconciliation repose sur l’établissement et l’entretien de relations : les relations entre les autochtones et non autochtones, les relations entre les générations et les relations avec nos terres et nos eaux.

Ce fut donc une véritable source d’inspiration cette année de voir comment les Canadiens et Canadiennes ont entrepris des démarches réfléchies et concrètes sur le plan de la réconciliation. D’un océan à l’autre, on cherche à valoriser, à diffuser et à souligner les contributions des peuples autochtones. Nous assistons à la création d’espaces propices à la tenue de discussions franches sur notre passé. Les peuples autochtones nous racontent toute l’histoire de notre pays, les dures réalités de notre passé et les impératifs du présent, par le biais des livres, des œuvres d’art, de l’architecture, de la musique, des cérémonies traditionnelles et de tant d’autres moyens. Cette dynamique me rassure sur le fait qu’un changement durable est possible, et que le long processus de réconciliation essentiel à l’édification de notre pays sera appuyé par l’ensemble de la population canadienne. Je veillerai à ce que mon Bureau soutienne et intensifie ces efforts.

Ma visite sur le site de l’ancien pensionnat de Kamloops — un lieu d’une beauté extraordinaire, enveloppé d’une histoire douloureuse — est restée gravée dans mon esprit. En tant que femme inuite, je suis fière de voir que notre pays est arrivé à un stade où la population en général est de plus en plus réceptive à écouter les histoires des Autochtones.

En ma qualité de première gouverneure générale autochtone, je comprends que l’on attend beaucoup de moi pour aider à interpréter la voie de la réconciliation. Et je ferai tout mon possible pour honorer la confiance que ces attentes supposent.

Je me sens privilégiée, en tant que Canadienne, d’être née dans l’Arctique, une région où la relation avec la terre et le monde naturel est intrinsèque à notre bien-être. Dans mon rôle de gouverneure générale, je veux reconnaître les personnes qui jouent le rôle de gardiens et d’intendants de notre monde naturel et qui veillent à ce que la diversité et la santé de nos ressources naturelles foisonnantes demeurent au cœur de notre bien-être. Les enjeux sont de taille. Notre monde est en pleine mutation, et il incombe à chaque personne de prendre soin de notre planète : notre seule maison.

Au cours de cette première année, j’ai aussi pu comprendre le rôle important que joue un gouverneur général, au nom de toute la population canadienne, pour ce qui est de perpétuer la mémoire et le souvenir, de rendre hommage et de rapprocher les gens. C’était lors d’une journée fraîche d’automne que j’ai vécu mon premier jour du Souvenir en tant que gouverneure générale et commandante en chef, et le soleil faisait briller le courage de ceux qui ont consenti le sacrifice ultime pour protéger les valeurs qui nous sont chères. J’ai communiqué à tous les Canadiens et Canadiennes le sentiment profond d’amour et de fierté que j’éprouve pour notre pays. De plus, j’ai appris que les gouverneurs généraux jouent un rôle important au pays et à l’étranger pour représenter le Canada lors de visites d’État, remettre des distinctions honorifiques et des prix d’excellence, féliciter les Canadiens et Canadiennes lors d’événements marquants et compatir aux moments de tristesse. Dans ces moments, j’ai été témoin des valeurs et des priorités que nous chérissons, et je me ferai un devoir d’honorer ce rôle de confiance.

Dans le cadre de mes rencontres avec la population canadienne, j’ai été particulièrement impressionnée par la qualité et la diversité du leadership sur le terrain. J’ai souvent estimé que nous avons parfois une vision trop limitée du leadership. Or, le leadership n’est pas seulement le fait des élus, des gens d’affaires et des dirigeants de la société civile, même si ces acteurs jouent des rôles essentiels. En réalité, on trouve dans les petites salles communautaires, les gymnases des écoles, les filiales de la Légion royale canadienne, les lieux de culte et dans des milliers d’organismes communautaires des gens ordinaires qui accomplissent des choses extraordinaires. Nous avons également une nouvelle génération de leaders dont les voix se font entendre de toutes parts. Ces leaders sont confrontés à des problèmes mondiaux sans précédent, et je ne peux qu’être inspirée par leur détermination farouche à relever ces défis.

Mon petit mot d’encouragement à l’intention de cette nouvelle génération, et de toute la population canadienne, est un mot de ma langue maternelle, l’inuktitut. Il s’agit du mot ajuinnata, qui évoque la résilience, qui appelle à ne jamais abandonner. Nous avons devant nous un long et difficile chemin à parcourir sur le plan de la réconciliation et de bien d’autres enjeux. Mais en réunissant notre courage et notre détermination, nous pourrons y arriver.

Merci de votre soutien continu.

Mary Simon

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