Discours à l’occasion de la visite papale

Le 27 juillet 2022

Sous mode de réservations

Bonjour,

Votre Sainteté, je vous souhaite la bienvenue à la Citadelle de Québec.

Mon mari, Whit, et moi-même sommes honorés de vous accueillir et de pouvoir compter sur la présence de survivants, d’Aînés, de leaders, de gardiens du savoir, de diplomates, de dignitaires, d’anciens commissaires de la Commission de vérité et réconciliation du Canada et de toutes les personnes qui suivent cet événement d’un océan à l’autre.

Je tiens à remercier les membres des Premières Nations, qui occupent ce territoire depuis des millénaires, pour leur accueil sur leurs terres traditionnelles ou visées par un traité.

Peu importe d’où vous nous écoutez présentement, ici à la Citadelle, ou ailleurs au Canada, vous êtes sur un territoire autochtone. Il est important d’en prendre conscience.

Votre Sainteté, je vous remercie d’avoir fait cette visite au Canada dans le cadre de ce que vous appelez votre « pèlerinage de pénitence ». Nous sommes rassemblés dans cette Citadelle historique, un lieu de partage d’histoires et d’échange d’idées.

Votre visite signale au monde entier que vous et l’Église catholique romaine marchez désormais avec nous sur le chemin de la réconciliation, de la guérison, de l’espoir et du renouveau.

Votre pèlerinage a commencé à Maskwacis, où nous avons été témoins de deux réalités. La première, celle de la souffrance et de la douleur des survivants, des membres des communautés qui ont souffert pendant des décennies. Des peuples autochtones soumis à des politiques visant à éliminer leurs cultures, leurs langues, ainsi que leurs croyances et pratiques spirituelles. Des survivants qui, chaque jour, portent le traumatisme de leur expérience des pensionnats.

Mais ces personnes, ces survivants, défient toute étiquette. Ce sont des parents qui ont défendu leurs enfants quand personne ne le faisait. Ce sont des défenseurs qui se sont battus, et se battent encore, pour leurs langues et leurs cultures afin qu’elles puissent s’épanouir pour les générations à venir. Ce sont des artistes qui transmettent leurs histoires à travers la musique, la danse, la culture et la langue.

Ils sont tous fiers. Tous déterminés.

Votre Sainteté, ils sont venus écouter ce que vous aviez à dire, le cœur et l’esprit ouverts, certains prêts à pardonner, d’autres vivant encore avec la douleur, mais tous prêts à écouter. Chacun d’entre eux souhaite progresser dans son cheminement vers la guérison.

Les peuples autochtones ont montré au monde entier — et continuent de nous montrer — que malgré les défis auxquels ils peuvent être confrontés, ils les affronteront avec dignité et une grande détermination.

Je reconnais et salue tout le travail qui a été accompli, tout ce que les communautés autochtones ont accompli au cours de la visite de cette semaine. Ce sont les peuples autochtones qui ont travaillé, qui ont patienté et qui ont prié pour obtenir des excuses officielles sur les terres autochtones au Canada.

Ils n’ont jamais abandonné. Rappelons-nous que c’est grâce à leur courage et à leur résilience que nous sommes ici aujourd’hui. Votre Sainteté, leurs efforts font du Canada une nation plus forte.

Il nous incombe collectivement de perpétuer le souvenir des événements survenus dans les pensionnats, de raconter les histoires des survivants et de ceux qui ne sont jamais rentrés chez eux, ainsi que de soutenir et de prendre soin de ceux qui ont pu le faire.

… Les soutenir en leur offrant des ressources en santé mentale. Aider les familles à découvrir le véritable sort de ceux qui ne sont jamais rentrés à la maison.

… Et prendre soin des membres des peuples autochtones qui ont besoin de temps et d’espace pour comprendre la portée de cette visite et les mesures à entreprendre par la suite.

Votre Sainteté, comme vous l’avez indiqué, il s’agit d’une étape importante vers un dialogue et des actions supplémentaires qui mèneront à une véritable réconciliation. En effet, nous avons hâte de connaître les actions qui seront prises par l’Église pour poursuivre ce travail essentiel.

Lundi, vous avez visité l’église du Sacré-Cœur des Premiers Peuples à Edmonton. Vous y avez déclaré que la réconciliation est « une grâce qui doit être demandée ». J’ajouterais à cela que la réconciliation est une grâce qui s’acquiert par un travail soutenu et une compréhension mutuelle.

Ce travail incombe à chacun et chacune d’entre nous. C’est notre responsabilité sacrée.

Il y a un temps pour toute chose. Nous sommes prêts.

Au Canada, un changement monumental s’opère dans notre façon de penser. Dans l’histoire et la conscience collective de notre pays, le moment est propice à la démarche de réconciliation. Alors que nous abordons cet enjeu ainsi que la santé et le bien-être futurs des communautés autochtones, je me tourne vers chacun et chacune d’entre nous pour promouvoir la guérison.

En inuktitut, « guérir » est « mamisagniq ». Mamisagniq est un trajet, et non une destination. Il faut du temps. Ça commence lentement, doucement, prudemment. La guérison suit son propre chemin, nous faisant avancer, mais nous menant aussi dans de nombreuses autres directions.

La guérison finit par nous amener au-delà de l’impuissance, de la colère ou de la douleur. La guérison nous permet de surmonter les traumatismes.

La guérison ravive notre santé mentale, spirituelle et physique. J’ai été témoin de ce processus.

J’ai vu le processus de guérison se réaliser à travers l’art, l’esprit de communauté, la bienveillance, la générosité et à travers la revitalisation de la langue, de la culture et de l’identité.

Votre Sainteté, je sais que, même après votre départ du Canada, vous continuerez à vous intéresser non seulement aux défis et aux souffrances de ces communautés, mais aussi à leur fierté en tant qu’autochtones, à leur résilience et à leur contribution au Canada et au monde entier. Ramenez ces histoires avec vous, partagez-les partout et continuez à trouver des moyens de collaborer, de tendre la main, de guérir nos communautés.

Ce que j’ai vu jusqu’à présent au cours de cette visite me remplit d’espoir. Le Canada a hâte de travailler avec le Saint-Siège sur la réconciliation, ainsi que sur de nombreux autres enjeux mondiaux pressants comme la promotion de la paix et de l’éducation, l’élimination des barrières, la lutte contre la pauvreté et les maladies, et le rétablissement de la confiance. Je vous remercie de vos efforts.

Merci à tous les Canadiens d’avoir entendu et répondu à l’appel à la réconciliation.

Votre Sainteté, mes meilleurs vœux vous accompagnent dans votre pèlerinage.

Que le Créateur nous bénisse.

Merci.