Son Excellence madame Sharon Johnston - Inauguration officielle du nouveau pavillon du Collège universitaire Renison

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Waterloo (Ontario), le vendredi 30 octobre 2015

 

C’est une occasion spéciale, pour David et moi, d’être ici pour inaugurer le nouveau pavillon du Collège universitaire Renison.

J’ai de la difficulté à croire qu’il y a cinq ans, David était président de l’Université et je dirigeais une ferme équestre appelée Chatterbox Farm. Nous accueillions des étudiants, des membres du corps enseignant, des membres du personnel et de généreux donateurs dans notre merveilleux foyer. Nous étions entourés de voisins mennonites, qui se déplaçaient dans des calèches tirées par des chevaux. Nous avons conservé nos liens d’amitié avec nos voisins et sommes demeurés au fait des naissances, fréquentations, mariages et décès dans leurs familles. Ils nous ont offert leur amitié et leur amour.

En tant qu’établissement qui formera les travailleurs sociaux de demain, Renison me tient à cœur. J’ai été élevée par une mère célibataire qui était travailleuse sociale et qui, à l’âge de 50 ans, s’est inscrite au tout premier programme de maîtrise en service social et réadaptation à l’Université de Toronto. C’était en 1966 — l’ère du Verseau — l’époque du toucher et des sensations. Ma mère, qui pratiquait le travail social pragmatique depuis 20 ans, a dû s’adapter.

Les pensions de vieillesse, les prestations d’invalidité et les allocations familiales aidaient les individus et les familles à retomber sur leurs pieds, mais le nouveau concept de la réadaptation leur permettait d’obtenir une formation pratique, et parfois même un diplôme universitaire, plutôt que de l’aide sociale.

En 1966, David et moi finissions nos propres études, au cœur de bouleversements sociaux qui éprouvaient les valeurs sociales de tout un chacun. Cependant, une valeur n’a jamais changé : la compassion pour les gens dans le besoin.

C’est pourquoi je suis si heureuse de voir autant de gens fantastiques réunis à Renison aujourd’hui. Des gens compatissants. L’évêque Spence m’a suggéré de vous parler de mon récent roman, Matrons and Madams, parce qu’il touche sur des problèmes sociaux dont on ne parle pas souvent. Il couvre la période entre la Grande Guerre et la Grande Crise, qui a été marquée par des enjeux de santé publique comme la prohibition, la prostitution, la vaccination, les maladies vénériennes et l’éducation sexuelle. À cette époque, on ne pouvait évidemment pas compter sur Internet pour éduquer le public.

Par exemple, dans les années 1920, le médecin-conseil en santé publique de l’Ontario a nolisé un train et visité de petits villages. Il transportait des affiches qui présentaient les maladies transmises sexuellement comme en enjeu de santé publique (c’est-à-dire de bien-être social) plutôt qu’un scandale moral.

Le roman s’inspire en partie de ma grand-mère, une infirmière britannique de solide formation qui a immigré à Lethbridge, en Alberta, pour fonder la première clinique de traitement des maladies vénériennes de la province. Bien entendu, dans le livre, elle est l’infirmière en chef et non pas la maquerelle!

Aucune clinique n’aurait pu produire les résultats voulus sans la coopération des filles de joie, qui contribuaient à la propagation des maladies vénériennes. À cette époque, un nombre important de militaires canadiens ont contracté ces maladies et les ont transmises à leurs épouses et leurs petites amies. Imaginez ce que vous feriez, comme travailleur social, si vous étiez aux prises avec un tel problème de santé publique.

Revenons maintenant à notre époque et à mon intérêt continu pour le développement social et le travail social. Depuis cinq ans, je visite les provinces et territoires pour découvrir des pratiques sociales innovatrices et aider les sans-abris, les vétérans, les jeunes à risque, les toxicomanes, les alcooliques et les prostitués.

J’ai observé des gens vivant des situations très difficiles, mais je l’ai toujours fait avec compassion. J’ai passé du temps avec des policiers de Vancouver, qui font des interventions sociales au quotidien. À vrai dire, le quartier East Side est un véritable laboratoire ambulant pour les travailleurs sociaux. J’ai visité la clinique d’échange de seringues Insight, avec le Dr Julio Montaner. Il m’a expliqué que les toxicomanes sont encouragés à transporter un antagoniste opioïde, qu’ils peuvent administrer à quelqu’un qui aurait fait une surdose d’héroïne. J’ai dû prendre un moment pour digérer cette information. Malgré une consommation de drogues débilitante, les toxicomanes peuvent sauver des vies. Voilà un exemple parfait d’empathie.

Vous faites un travail important à Renison. Je suis très heureuse de votre expansion et de votre succès. Vous aidez de vraies personnes. Grâce à vous, nos communautés et notre pays sont plus sains et bienveillants.

Avant de céder la parole à mon époux, j’aimerais vous souhaiter le plus grand des succès dans votre travail.