Son Excellence madame Sharon Johnston - Congrès annuel de l’Association des psychiatres du Canada — Prix de reconnaissance spéciale

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Toronto (Ontario), le jeudi 11 septembre 2014

 

Je suis heureuse et honorée d’être ici pour accepter ce Prix de reconnaissance spéciale, en mon nom et au nom de mon mari, David.

Il y a tellement de psychiatres ici que je devrais peut-être demander une consultation gratuite!

Grâce à des professionnels comme vous et à vos collègues qui dispensent des soins de santé mentale, ma famille et moi sommes plus forts. Chaque personne a une histoire à raconter et elle seule peut le faire. Mais ce qu’il faut se demander, c’est pourquoi les membres de notre famille et plusieurs de nos amis trouvent qu’il est sage d’obtenir de l’aide et ne craignent pas les préjugés, alors que d’autres pensent autrement?

David et moi avons atteint l’âge adulte durant les turbulentes années 60. C’est alors que nous sommes passés des résidences distinctes pour les hommes et les femmes une année, aux toilettes mixtes l’année suivante.

Nous croyons que nous vivons maintenant une autre révolution sociale. Aujourd’hui, plus de gens que jamais parlent ouvertement de leurs enjeux de santé mentale et attendent de la tolérance et de la compréhension de la part de leur famille, leurs amis et leurs collègues.

Durant les années 60, j’étudiais en ergothérapie, et c’est le Dr Robin Hunter, psychiatre en chef à l’Institut Clarke, qui m’a fait découvrir la psychiatrie durant ses cours.

À cette époque, les grands établissements psychiatriques comme le 999, rue Queen fermaient leurs portes. Des patients qui avaient passé des dizaines d’années dans des hôpitaux retournaient dans leurs familles, qui ne savaient pas comment s’occuper de ces étrangers. 

Ma mère a personnellement observé ce genre de dilemme lorsqu’elle a commencé sa maîtrise en réadaptation et travail social à l’Université de Toronto, en 1966, à l’âge de 50 ans.

L’un de ses patients était le frère d’un proche ami de la famille. Cet homme était institutionnalisé depuis 40 ans, et sa famille se sentait incapable de le prendre en charge.

Comme beaucoup d’autres patients sortants ayant une maladie mentale, cet homme s’est retrouvé à vivre en solitaire dans une maison de chambres. 

Les situations comme celle-là ont amené la société à associer la maladie mentale à la folie, parce que la maladie mentale était devenue visible, au lieu d’être cachée derrière des portes closes.

Depuis quatre ans, c’est un privilège pour David — en tant que gouverneur général — et pour moi — son épouse — de parler de la maladie mentale et de la santé mentale.

Pour défendre cette cause, nous devons d’abord observer et comprendre les pratiques novatrices utilisées dans le diagnostic et le traitement de la maladie mentale.

Et quelle aventure étonnante que de découvrir ce qui se fait dans ce domaine!

Il existe au Canada des programmes pour les jeunes à risque, des services d’intervention dans les collectivités rurales, des soins de santé conçus pour les Autochtones et des dizaines de pratiques novatrices ciblant des besoins particuliers en santé mentale.

Par exemple, j’ai eu certaines de mes conversations les plus profondes dans le métro de Montréal, avec des gens aux histoires poignantes.

J’y suis allée avec des professionnels dévoués d’Exeko, un organisme de bienfaisance qui favorise l’inclusion et le développement des personnes marginalisées en innovant dans les domaines de la culture et de l’éducation.

Nous souhaitons relier les Canadiens pour faire connaître les innovations que nous avons vues et aider les professionnels de la santé mentale à communiquer leurs pratiques exemplaires.

Un Canadien sur cinq souffre d’un problème de santé mentale, et sa souffrance est accentuée par la honte que suscite le besoin d’obtenir de l’aide.

Il y a plusieurs décennies, une personne bien nantie ayant besoin de soins de santé mentale aurait pu payer comptant pour éviter que la consultation soit portée à son dossier médical.

Évidemment, la maladie mentale ne fait pas de différence entre les classes sociales. Beaucoup de gens tentent de cacher le fait qu’ils reçoivent l’aide. Ou, pire encore, ils nient avoir un problème.

Il nous reste encore beaucoup à faire, y compris dans les Forces armées canadiennes. Hier, c’était la Journée nationale de la prévention du suicide. Beaucoup ont souligné l’occasion, y compris le général Lawson, en favorisant le dialogue et en encourageant les militaires actuellement aux prises avec une maladie mentale à obtenir de l’aide.

Toutefois, je suis convaincue que ceux parmi nous qui ont besoin de soins psychiatriques peuvent demander de l’aide et qu’ils le feront, en grande partie grâce à vos efforts.

J’aimerais donc partager ce prix avec tous les intervenants de première ligne qui offrent directement des soins, qui se font entendre tous les jours et qui prennent soin de notre bien-être mental.

Merci de m’avoir donné l’occasion de vous témoigner ma gratitude pour tout ce que vous faites au quotidien. David et moi, ainsi que toute la population canadienne, vous sommes reconnaissants.