Retraite des aumôniers

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Cornwall (Ontario), le jeudi 29 mai 2014

 

Merci de m’avoir invité à votre retraite annuelle. Je suis ravi d’être ici.

C’est un honneur pour moi d’être le premier gouverneur général et commandant en chef du Canada à visiter la Branche des services de l’aumônerie des Forces armées canadiennes. Vous occupez un poste de grande importance, et je suis reconnaissant d’avoir l’occasion de vous parler pour en apprendre davantage sur votre travail.

En tant qu’aumôniers, vous apportez une contribution essentielle au Canada et à nos forces armées. Vous soutenez le bien-être moral et spirituel de nos hommes et femmes en uniforme, de leurs familles et de leurs proches.

Votre devise, vocation ad servitum, ou « Appelé à servir », exprime votre mission avec éloquence. En effet, vous avez répondu à un appel unique à deux volets, soit l’appel de votre foi et celui des forces militaires canadiennes.  

On ne saurait surestimer l’importance de vos efforts. Comme vous le savez, le service militaire impose des exigences complexes, et parfois même hautement exigeantes, au personnel des Forces armées canadiennes et à leurs familles.

C’est le moins qu’on puisse dire.

La récente Journée nationale de commémoration en l’honneur des vétérans qui ont servi en Afghanistan et de leurs familles nous a sobrement rappelé certaines de ces exigences. La mission était compliquée et difficile, exigeant un lourd tribut humain.

Pendant plus de douze ans, les hommes et les femmes des Forces armées canadiennes ont servi avec honneur et distinction en Afghanistan, avec le concours important des aumôniers.

Certains d’entre vous ont été affectés dans des bases de soutien, des hôpitaux ou directement en Afghanistan. D’autres ont soutenu le détachement arrière au pays.

Je crois comprendre que le drapeau de la Branche des services de l’aumônerie a été hissé à la Maison du Canada à Kaboul pendant un certain temps et qu’il sera conservé comme symbole de votre service en Afghanistan.

En tant que commandant en chef, j’ai eu le privilège de rencontrer de nombreux membres des Forces armées canadiennes affectés à la mission.

J’ai aussi pris part à des célébrations soulignant des réalisations et des services exceptionnels et reconnaissant le sens du devoir, l’honneur et le sacrifice.

J’ai rencontré des familles et des proches des disparus et je me suis tenu à leurs côtés lors de cérémonies de rapatriement, partageant leur tristesse et leur douleur.

Ces moments comptent parmi les plus difficiles de ma vie, et je sais que certains d’entre vous ont également été présents lors d’épreuves personnelles comme celles-là. Vos services étaient requis durant la mission en Afghanistan, comme ils le sont le reste du temps dans les communautés et sur les bases militaires du Canada.

Ce qui me fascine de l’aumônerie, c’est la façon dont vos responsabilités transcendent les limites entre la vie privée et publique, entre l’état spirituel et temporel.

Selon moi, c’est ce qui fait de votre tâche l’une des plus ambitieuses des forces militaires canadiennes.

Les tragédies de la guerre nous affectent tous différemment, tout comme nous vivons tous notre spiritualité à notre manière.

Comme vous le savez, il n’existe pas de solutions universelles ni d’approches préfinies pour appuyer le bien-être des militaires et de leurs familles.

Chaque situation est unique et nouvelle, pour la simple et bonne raison que nous approchons tous la vie différemment, même si nous portons le même uniforme et servons une cause commune.

Il en va de même en temps de paix et en temps de guerre, et c’est pourquoi le travail d’un aumônier n’est jamais fini.

J’aimerais aussi brièvement parler de ce qui s’avère à la fois un défi considérable et une belle possibilité pour vous, en tant qu’aumôniers.

Je parle ici de la diversité religieuse.

Comme bien des Canadiens, j’estime que notre engagement à l’égard du multiculturalisme est l’un des plus grands atouts de notre pays. Au Canada, nous sommes chanceux d’avoir une population qui voit principalement la diversité comme une force, plutôt qu’une faiblesse. Nous croyons que les diverses langues, ethnicités et visions du monde enrichissent notre société.

Cette attitude et cette approche s’étendent à la diversité religieuse — qui se reflète admirablement dans l’expression œcuménique de la Branche des services de l’aumônerie des Forces armées canadiennes.

Votre organisation est un symbole du riche pluralisme de notre pays, de même qu’un modèle, puisque ses membres aux croyances et cultures distinctes travaillent ensemble dans l’harmonie. Vous donnez un exemple clé, par la notoriété de votre poste au sein des forces militaires.

Le dialogue et la coopération interconfessionnels que vous encouragez lancent un message puissant aux membres des Forces armées canadiennes, aux Canadiens et Canadiennes, ainsi qu’au reste du monde.

Il s’agit d’une démonstration des valeurs canadiennes — des idéaux que nous sommes prêts à défendre.

Je crois comprendre que, cette année, votre retraite porte sur le rôle de la religion dans la vie publique, dans une optique nationale et internationale. Ce thème revêt une importance capitale, en particulier à notre époque de mondialisation croissante.

J’aimerais vous féliciter pour votre engagement à l’égard de la diversité et pour l’appui inestimable et soutenu que vous apportez aux membres des Forces armées canadiennes et à leurs familles.

En anglais, le mot chaplain vient de cappelanu ou chapelain, c’est-à-dire les prêtres qui s’occupaient de la cape ayant appartenu à Martin de Tours — saint Martin — qui aurait déchiré sa cape militaire en deux pour en donner un bout à un nécessiteux.

Je vous remercie de nous faire partager votre foi et de soutenir les gens dans le besoin.