Discussion sur le leadership et l’enseignement supérieur

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Toronto (Ontario), le vendredi 5 avril 2013

 

Merci de m’avoir invité à participer à cette importante discussion. Je suis ravi de me retrouver avec autant d’amis et de connaissances et d’entendre vos idées et vos points de vue sur l’apprentissage postsecondaire au Canada.

Comme vous le savez, ce sujet m’a toujours tenu à cœur.

Avant de prononcer le mot de clôture, j’aimerais souligner la présence de deux grands amis : Mme la directrice Munroe-Blum et M. le président Naylor — ou Heather et David, comme nous les connaissons bien!

Plus tard cette année, Heather et David quitteront leur poste respectif à l’Université McGill et à l’Université de Toronto. Je sais qu’ils sont fiers d’avoir servi la cause de l’apprentissage supérieur à cette époque cruciale de notre histoire, et je sais combien leur leadership, leur vision ainsi que leur curiosité et leur courage intellectuels ont profité à ces deux universités.

En d’autres mots, ils comptent parmi les grands éducateurs de notre temps! Joignez-vous à moi pour remercier et féliciter David et Heather pour leur remarquable mandat.

Je vous souhaite à tous les deux le plus grand des succès.

La période à laquelle nous vivons en est une exceptionnelle pour les éducateurs. Nous sommes au cœur d’une révolution des communications numériques qui nous permet d’échanger et de conserver plus d’information que nous ne l’aurions cru possible. En fait, selon les estimations, nous produisons et conservons en ligne 2,5 exaoctets de données informatiques chaque jour.

Cela signifie que, tous les deux jours, nous téléchargeons plus de données que tout ce qui a été imprimé dans toute l’histoire de l’humanité.

Par conséquent, on estime que la science produira au cours des 40 prochaines années plus de savoir que ce que l’humanité a produit jusqu’ici.

L’apprentissage se déroule à un rythme très rapide, et cela pose des défis pour les éducateurs et pour les établissements d’enseignement.

N’oublions pas, cependant, que notre objectif demeure inchangé : utiliser notre savoir et notre sagesse pour améliorer la condition humaine.

En tant que gouverneur général, j’ai lancé un défi aux Canadiens, une sorte d’appel du devoir visant à créer une nation plus avertie et bienveillante à mesure que nous approchons du 150e anniversaire de la Confédération en 2017.

J’aimerais vous parler des cinq catalyseurs mondiaux du changement récemment cernés par Kevin Lynch, ancien greffier du Conseil privé et vice-président actuel de BMO Groupe Financier : (1) la mondialisation généralisée; (2) la concurrence mondiale et l’impératif de l’innovation; (3) le monde hyper connecté; (4) les grands changements démographiques; et (5) l’érosion de la confiance du public à l’égard des dirigeants.

À la lumière de ces catalyseurs, permettez-moi de vous faire part de tendances semblables dans le domaine de l’apprentissage et de l’enseignement supérieur :

(1) la mondialisation entraîne l’internationalisation accrue de l’apprentissage (p. ex. la participation du Canada et du Brésil au programme Sciences sans frontière, qui permettra à 12 000 étudiants brésiliens de venir étudier au Canada);

(2) la recherche et l’innovation donnent lieu à des progrès importants dans la science de l’apprentissage (c.-à-d. que nous comprenons mieux comment le cerveau apprend);

(3) notre monde hyper connecté provoque l’essor de l’apprentissage en ligne (comme en témoigne l’offre de cours en ligne ouverts et massifs par les établissements d’enseignement postsecondaire);

(4) les grands changements démographiques génèrent un besoin grandissant de jumeler les compétences à l’apprentissage (causant un taux de chômage élevé et persistant chez les jeunes et une pénurie de main-d’œuvre qualifiée);

(5) dans le domaine de l’éducation, l’érosion de la confiance se manifeste par un déclin de la déférence, à savoir l’évolution du rôle du professeur de celui de « sage » à celui de « facilitateur ». De plus, les étudiants d’aujourd’hui veulent avoir un plus grand contrôle sur leur éducation.

Comme le révèle la discussion d’aujourd’hui, ces tendances ont une profonde influence sur l’éducation postsecondaire au Canada, tout comme les changements qui leur ont donné naissance transforment le monde en général.

En tant qu’éducateurs de premier plan au Canada, nous savons que ce contexte est à la fois source de possibilités et de défis.

Et c’est là que l’apprentissage et l’innovation se croisent. De façon concrète, la vitalité future de notre pays repose sur notre capacité à relever les défis qui se présentent et à saisir les possibilités qui découlent des changements.

Comme je l’ai déjà dit, notre but ultime demeure — c’est-à-dire améliorer la condition humaine. Selon moi, nous devons également garder à l’esprit, en tant que Canadiens, notre engagement envers l’égalité des chances et l’excellence.

Bref, nous aurons besoin des deux pour fonder une nation purement avertie et bienveillante au 21e siècle.

Dans notre société, nous désirons l’égalité des chances pour permettre à chaque étudiant de réaliser son plein potentiel, de concrétiser ses rêves et ses espérances.

Nous désirons également l’excellence, afin que les étudiants, les chercheurs et les établissements d’enseignement canadiens se dépassent et se classent parmi les meilleurs au monde.

L’égalité n’exclut pas l’excellence, au contraire. Les deux vont de pair : ces forces jumelles dans le contexte de l’apprentissage doivent se renforcer, par la mise à profit prudente et réfléchie des efforts et des ressources.

En notre qualité de dirigeants au sein des établissements d’enseignement les plus précieux du Canada, qui réunissent les plus brillants esprits au pays, nous sommes à la hauteur du défi.

Avant de terminer, j’aimerais vous citer deux lignes de mon poème favori de George Bernard Shaw : « Certains regardent les choses comme elles sont et demandent ‘Pourquoi?’. Nous rêvons de choses comme elles devraient être, et demandons ‘Pourquoi pas?’ ».