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London (Ontario), le jeudi 9 mai 2013
Merci, Ian, pour vos aimables paroles. Et merci, Mesdames et Messieurs, de m’avoir accueilli si chaleureusement.
J’étais impatient de venir à London, aujourd’hui, pour ce déjeuner. Ma famille et moi avons passé cinq merveilleuses années dans la ville des Forest City, lorsque j’étais doyen de la faculté de droit à l’Université de Western Ontario. Mon épouse, Sharon, et moi ainsi que nos filles y ont noué des amitiés durables et gardons des souvenirs inoubliables des années que nous avons passées ici. Sans oublier que notre cinquième fille est née ici.
En tant que président d’honneur des Fondations communautaires du Canada, je suis ravi d’avoir l’occasion de m’adresser à tant d’éminents résidents de London, surtout en raison de l’inspiration que suscite la Fondation communautaire de London.
La fondation communautaire de votre ville constitue une force essentielle dans notre effort, en tant que Canadiens pour faire de notre pays un lieu averti et bienveillant, où il fait bon vivre, travailler et élever nos familles.
Le jour de mon installation comme gouverneur général, il y a deux ans et demi, j’ai expliqué que je considérais mes nouvelles fonctions comme un appel au devoir, et que Sharon et moi comptions y répondre en rapprochant les Canadiens de tous les âges et les horizons, afin de créer une nation plus avertie et bienveillante.
Une telle nation agit dans trois volets distincts : elle défend les enfants et les familles, elle favorise l’apprentissage et l’innovation, et elle encourage les citoyens à devenir des bénévoles et des philanthropes.
Sharon et moi avons passé les 31 derniers mois à visiter des dizaines de collectivités, grandes et petites, d’un bout à l’autre du Canada, pour encourager les citoyens à concrétiser dans toute sa splendeur la notion d’une société avertie et bienveillante au sein de leurs propres quartiers, municipalités ou villes.
Je remercie les Fondations communautaires du Canada pour l’excellent travail que cet organisme a accompli en imprimant ce message dans le cœur et l’esprit des gens de notre pays si vaste et si diversifié, dans le but de rendre plus aimables les esprits et les cœurs. En créant son programme Des collectivités de cœur et d’avenir, les Fondations communautaires du Canada se sont donné deux objectifs.
Premièrement, faire en sorte que chaque collectivité du pays soit desservie par une fondation communautaire d’ici le 150e anniversaire de la Confédération en 2017. Deuxièmement, établir un réseau de Fonds communautaires de cœur et d’avenir au sein des fondations communautaires du pays pour aider celles-ci à cibler leurs actions d’une manière spécifique pour que nos lieux de vie deviennent plus avertis et bienveillants.
Je suis très heureux d’apprendre que, jusqu’à maintenant, 30 fonds communautaires ont été établis et fonctionnent bien, et qu’il y en a un à London. Votre fonds communautaire compte plus de 200 fonds de dotation, grâce auxquels des programmes spécifiques de cœur et d’avenir ont pu voir le jour, comme votre initiative sur les jeunes et la philanthropie.
La philanthropie est un secteur qui change rapidement, ce qui nous fournit une merveilleuse occasion d’encourager l’émergence d’une nouvelle génération de philanthropes dans les communautés de notre pays.
Au Canada, nous avons réussi, comme peu l’ont fait, à créer et à renforcer des institutions politiques et économiques qui sont inclusives. Des pays comme le nôtre ont prospéré, parce que nos institutions encouragent le grand public à participer à des activités qui leur permettent de faire leurs propres choix et de mettre à profit leurs talents et leurs compétences.
Le caractère inclusif de notre pays nous procure une liberté véritable et nous permet d’avoir des vies satisfaisantes, accomplies et valorisantes. Au contraire, les pays dont les institutions politiques et économiques ne desservent qu’un petit nombre de la population et où le pouvoir et les occasions d’épanouissement sont concentrés entre les mains de quelques-uns seulement sont des pays qui ont échoué.
Au Canada, la philanthropie est une manifestation essentielle du caractère inclusif de notre pays. Tout au long de notre histoire, nous avons été libres d’améliorer notre sort par l’apprentissage, le travail et le sacrifice. Par ailleurs, nous avons toujours été encouragés à faire profiter les autres de notre réussite pour qu’ils puissant jouir des mêmes possibilités qui nous ont été offertes. En liant l’opportunité économique à l’égalité des chances, la philanthropie a toujours été un pilier du mode de vie canadien.
La philanthropie a également un effet stimulant et revitalisant. Comme l’écrit Zoltan Acs dans son ouvrage intitulé Why Philanthropy Matters, la philanthropie répartit la richesse accumulée qui est liée au passé et l’utilise pour jeter les bases de nouveaux cycles d’apprentissage, d’innovation et d’entreprise, aujourd’hui et dans l’avenir.
La philanthropie a un autre aspect particulier, qui est d’imputer une certaine responsabilité aux bénéficiaires, sous forme de temps, d’énergie et de dévouement, en retour de l’aide qu’ils ont reçue. La philanthropie est donc différente de la charité, laquelle n’exige pas une telle relation de réciprocité.
Bien que ses caractéristiques essentielles demeurent constantes, la philanthropie telle qu’elle est pratiquée quotidiennement au Canada est en train de changer à plusieurs égards.
En effet, la philanthropie repose maintenant davantage sur le don de temps et de talent que simplement d’argent. Évidemment, l’argent demeure et demeurera toujours un aspect important et essentiel de la philanthropie. Cela dit, les gens allient de plus en plus leur savoir, leurs compétences et leur engagement personnel à leur don.
Je suis heureux de constater cette évolution et ce, pour plusieurs raisons.
Si nous voulons que la philanthropie fasse partie de la vie de tous les Canadiens, nous devons cesser de n’y associer que l’argent. Cherchons plutôt à promouvoir la valeur que représentent le temps et le talent, de manière à ce que la notion du don soit implantée dans l’ADN de chaque citoyen et citoyenne.
Nous devons tirer profit des meilleures qualités de notre population et de notre pays. Enrichissons donc la vie des gens d’un bout à l’autre du Canada en intégrant à la philanthropie les pratiques exemplaires du milieu des affaires, en employant les technologies de pointe, et en habilitant et en inspirant divers groupes de gens, comme les néo-Canadiens, par exemple.
Nous devons mettre à profit le temps et le talent de nos enfants pour les intéresser à la philanthropie et leur faire comprendre son importance dans la vie de notre pays. Nous devrions reconnaître que le fait d’inspirer le don chez les jeunes rapporte beaucoup plus que de décerner des prix pour les réalisations de toute une vie.
Nous devons rassembler des gens de milieux disparates afin d’améliorer et d’accélérer nos efforts en matière de philanthropie. Libérons le pouvoir de ce que j’appelle la diplomatie du savoir, en dépassant les frontières internationales, les disciplines universitaires et les frontières institutionnelles.
Les gens transforment également la philanthropie en un véhicule d’investissement. Dans les pays développés, des hommes et des femmes commencent à reconnaître la valeur du financement social et à en tirer profit. Ainsi, le microfinancement, l’investissement communautaire, les obligations à impact social et les prêts aux entreprises sociales permettent aux entrepreneurs sociaux et à leurs bienfaiteurs d’engendrer des avantages communautaires et environnementaux positifs, tout en en retirant des profits.
Les conditions sont propices maintenant pour que London devienne un chef de file du financement social au Canada. Votre ville regorge de personnes intelligentes et ambitieuses. Elle abrite en outre deux des établissements de hautes études les plus prestigieux du pays et est un noyau de développement de la technologie de l’information et de recherche en biotechnologie et en sciences de la vie.
Les conditions de l’économie moderne sont également propices à un renouveau de la philanthropie au Canada. Dans notre économie, le savoir est un bien aussi précieux que le capital matériel, comme en témoignent les progrès de certaines entreprises audacieuses, malgré leur petite taille, par rapport aux grandes sociétés bien établies. Ce sont d’ailleurs des entrepreneurs individuels ou de petits groupes de gens d’affaires visionnaires qui sont à l’origine de la plupart des innovations de notre époque.
L’émergence d’une économie entrepreneuriale donne lieu à des activités philanthropiques issues de sources nouvelles. Et ce qui est encore plus encourageant, c’est de voir surgir, à l’horizon, de nouveaux chefs de file du milieu canadien de la philanthropie qui sont guidés par les principes et l’esprit de l’entrepreneuriat.
La philanthropie, au Canada, a besoin de cette injection d’idées nouvelles et d’ambition constructive. Selon les dernières statistiques sur le don au pays, il y a encore trop de Canadiens qui ne sont pas généreux financièrement.
En effet, 23 p. 100 seulement des contribuables demandent une déduction d’impôt pour don de charité, alors que ce chiffre était de 30 p. 100 en 1990. Il est également inquiétant de constater que leur âge moyen est 53 ans, ce qui me paraît trop âgé. Enfin, la valeur moyenne des dons au Canada est la moitié de ce qu’elle est aux États-Unis.
Ces chiffres me disent qu’il nous faut une nouvelle génération de jeunes entrepreneurs audacieux et bienveillants prêts à investir leur temps, leur talent et leur argent dans leur pays. L’une des merveilles de l’entrepreneuriat est qu’il n’est pas limité au domaine des affaires. Les entrepreneurs sont issus de tous les milieux; partout, il y a ce type de personne qui, en voyant un produit, un service ou une approche, se dit : J’ai une idée pour l’améliorer.
L’esprit fertile et le dynamisme des entrepreneurs sont une ressource encore inexploitée dans le domaine de la philanthropie au Canada, alors qu’il s’agit d’une force essentielle à son succès futur. Il y a plusieurs années, le célèbre bienfaiteur américain David Rockefeller a dit ceci : « La philanthropie est une question d’innovations fondamentales qui transforment la société, et non pas simplement une question de maintenir le statu quo ou de combler des besoins sociaux dont la responsabilité incombait autrefois au secteur public. »
Je crois que ses paroles sont plus vraies que jamais de nos jours. Nos entrepreneurs sont exactement le genre de personnes qui doivent s’investir de plus en plus dans le secteur philanthropique.
Je vois que des dizaines de jeunes philanthropes sont ici aujourd’hui. N’attendez pas la retraite pour commencer à donner. Trouvez des moyens de le faire dès maintenant.
Je vois aussi qu’il y a parmi nous plusieurs mentors, qui sont des philanthropes dont les succès ne se comptent plus.
Je vois Lorraine et Dick Ivey. Deux trésors de la ville de London qui sont connus et respectés partout au Canada pour être parmi les philanthropes les plus généreux et efficaces au pays. Ce qui est peut-être moins connu de Lorraine et Dick, c’est leur étroite collaboration avec la Fondation communautaire de London, au profit de laquelle ils ont mobilisé leurs propres ressources pour obtenir des fonds additionnels, pour démarrer d’autres programmes et, surtout, pour inciter de plus en plus de gens à donner sous diverses formes.
Dick a dit un jour que la possibilité de préserver ce qui est bon et bien sur la Terre, de soutenir ce qui nourrit l’âme ou ce qui stimule l’intellect, d’encourager un talent, de sauver des espèces en voie d’extinction ou de maintenir vivaces les rêves et les aspirations d’autrui était non seulement un privilège, mais une responsabilité sacrée.
Lorraine and Dick ont assumé cette responsabilité sacrée et nous, Canadiennes et Canadiens, avons été enrichis grâce à leur engagement, leur intelligence et leur générosité.
Je vois également Donna et Bob Bourne. Donna et Bob sont de véritables Canadiens avertis et bienveillants qui ont amélioré des vies à London et dans diverses communautés d’autres pays. Ils comptent sur la Fondation communautaire de London pour s’assurer que les organismes caritatifs bénéficiaires rendent des comptes et que la généreuse contribution financière de leur famille ait le plus grand impact possible.
Le fait d’animer toutes leurs activités philanthropiques est une idée simple, mais importante : ils veulent que leur don serve d’exemple et d’inspiration aux autres, surtout à leurs propres enfants, pour qu’ils n’oublient jamais à quel point ils sont privilégiés et qu’ils doivent trouver des moyens de le reconnaître en redonnant à la société un peu de ce qu’ils ont reçu.
Lorraine et Dick, Donna et Bob sont impatiens de partager leur sagesse avec vous. J’invite les nouveaux philanthropes de London à profiter de cette source profonde d’intelligence et de conseils. Le don bien réussi n’est pas chose facile. Comme l’a dit l’éminent philanthrope canadien, Francis Winspear, « Donner de l’argent nécessite encore plus d’intuition, d’imagination, et de compétences administratives que d’en faire. »
J’encourage en outre les jeunes bienfaiteurs de cette ville à renforcer leurs liens avec la Fondation communautaire de London. Cette fondation locale a mis sur pied trois initiatives majeures pour vous aider à faire fructifier votre temps, votre talent et votre argent :
1) Engage London est un programme qui aide les jeunes professionnels à trouver l’organisme caritatif qui leur convient le mieux;
2) Emerging Leaders est un groupe de jeunes philanthropes de milieux différents ayant diverses expériences qui échangent leurs idées et leurs approches pour optimiser leurs succès philanthropiques;
3) Enfin, la Red Shoe Society, qui est un réseau de jeunes philanthropes qui recueillent des fonds pour la Maison Ronald Macdonald du sud-ouest de l’Ontario et qui sensibilisent la population aux besoins de cette merveilleuse cause, qui vise à offrir un refuge aux familles de jeunes enfants subissant de longs traitements dans des hôpitaux qui sont éloignés de leur lieu de résidence.
Que vous choisissiez de suivre l’une de ces voies ou d’en emprunter une autre, rappelez-vous qu’il y a une multitude d’occasions à saisir. Et souvenez-vous, de temps à autre, des paroles de l’avocat Albert Pike au sujet du don : « Ce que nous accomplissons pour soi meurt avec soi. Ce que nous accomplissons pour autrui est durable et immortel. »
Alors saisissez votre chance. Ne la ratez pas. Commencez à donner. Joignez les rangs des immortels. Laissez en héritage le pays et le monde averti et bienveillant que nous souhaitons tous et dont nous rêvons tous.
Merci.
