Son Excellence madame Sharon Johnston - Remise des Prix pour contribution exceptionnelle 2011 de la Ligue pour le bien-être de l’enfance du Canada

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Ottawa, le jeudi 22 mars 2012

 

J’aimerais tout d’abord féliciter tous les récipiendaires des Prix pour contribution exceptionnelle 2011 de la Ligue pour le bien-être de l’enfance du Canada.

Je vous félicite pour votre acharnement à vouloir créer un avenir meilleur pour les enfants canadiens.

Vous vous posez sans doute des questions à mon sujet : « Qui est cette personne, et pourquoi s’adresse-t-elle à nous aujourd’hui? »

Permettez-moi donc de me présenter et de vous raconter mon histoire. Ma mère était une travailleuse sociale et, durant mon enfance, j’adorais l’accompagner lorsqu’elle allait visiter et aider des familles, surtout celles qui se trouvaient dans des réserves autochtones.

Je suis devenue à mon tour mère de cinq filles. Pour notre plus grande joie, David et moi avons huit petits-enfants et attendons une nouvelle addition en juillet. Avoir une grande famille donne une grande force psychologique et spirituelle.

J’ai débuté ma carrière d’ergothérapeute dans le domaine de la psychiatrie infantile. C’est alors que je suis devenue célèbre pour mes brioches à la cannelle, une merveilleuse façon de canaliser l’énergie négative et la colère en faisant quelque chose d’amusant et de positif.

Aujourd’hui, mon mari, le gouverneur général, et moi exerçons tous deux un rôle important, celui de rapprocher les Canadiens, grâce à nos voyages à travers le pays et au partage de leurs histoires. C’est pourquoi j’aimerais vous parler d’un voyage que nous avons fait récemment à Calgary.

J’ai passé un après-midi au refuge Avenue 15 que dirige le Club garçons et filles de Calgary et qui accueille des jeunes sans-abri et de jeunes fugueurs. Là, j’ai ressuscité mon talent de faiseuse de brioche à la cannelle avec des jeunes. 

Avec la cannelle qui embaumait toute la maison, j’ai écouté les histoires de mes deux partenaires culinaires. Les deux sont des diplômés du programme d’Avenue 15, qui était à l’origine un programme de garde parascolaire pour jeunes enfants que dirigeait le Club des garçons et filles. Par la suite, le mandat du programme a été modifié afin d’aider la population sans cesse grandissante de jeunes sans abri.

L’histoire dont je vais vous parler m’a été racontée par un jeune homme timide mais souriant et à la voix douce, qui a réussi à surmonter de grandes difficultés dans sa vie. À l’âge de deux ans, il a été placé dans un foyer d’accueil après que la seringue d’héroïne de ses parents se soit logée dans son petit pied. Il a été transféré de foyer d’accueil en foyer d’accueil jusqu’à ce qu’il devienne une pupille de la province.

À 13 ans, il s’est tourné vers la drogue et le crime. Après quatre ans de cette vie, il a eu le courage de venir chercher de l’aide à Avenue 15.

C’est à partir de ce moment que ce jeune homme a commencé à rebâtir sa vie. Il a appris à vivre en compagnie d’autres personnes et a été initié aux rudiments des finances personnelles, ce qui lui a permis d’habiter dans un logement  bien à lui. C’est ainsi, étape par étape, qu’il a été « lancé », pour utiliser le jargon d’Avenue 15.

Maintenant, il a fini son secondaire et veut devenir un travailleur social dans la communauté pour aider d’autres jeunes comme lui.

Quand j’ai quitté Avenue 15, je savais dans mon cœur que ce jeune homme était sauvé. Pour notre société, l’importance de son succès et de celui d’autres jeunes en difficulté est incontestable et ne doit pas être sous-estimée.

Mon mari a établi pour son mandat la vision d’une nation avertie et bienveillante, qui s’appuie sur trois pilier, ou thèmes : encourager le bénévolat et la philanthropie, renforcer l’apprentissage et l’innovation et, le plus important de ces thèmes pour nous tous ici, appuyer les familles et les enfants.

Par vos actions quotidiennes, vous nous démontrez à quel point ces trois piliers sont essentiels. En effet, vous donnez généreusement de votre temps, vous mettez l’accent sur l’apprentissage, et vous habilitez les plus vulnérables de nos jeunes.

C’était donc l’histoire de mon jeune partenaire pâtissier à laquelle je pense quand je vous regarde, parce que c’est la détermination de gens comme vous qui l’ont inspiré. Ce sont des gens comme vous qui lui ont appris à faire confiance aux autres et, surtout, avoir confiance en lui.

Vous savez également ce que je sais et ce que mon mari sait : en aidant les familles et les enfants à réussir, nous solidifions les fondements d’une société juste. Sans votre travail, sans votre bienveillance, nos efforts pour bâtir un pays meilleur n’auraient aucune base. Imaginez un Canada qui est renforcé par vos actes de bienveillance — c’est justement ce que vous tentez de faire.

J’aimerais ajouter, à l’intention de ceux et celles qui bénéficient d’un milieu familial sain, que vous pouvez venir en aide à un jeune qui n’a pas cette chance. D’après mon expérience, si un enfant est chez vous et qu’il tarde à rentrer chez lui à l’heure du souper, par exemple, il y a peut-être là un message. « Ça ne va pas bien à la maison. »

L’un des grands bonheurs que j’ai eu quand j’élevais ma famille, c’était de voir que les amis de mes enfants qui avaient des problèmes familiaux savaient qu’ils pouvaient rester chez les Johnston.

Il y a toujours de la place pour un de plus. Votre foyer peut être un refuge.

Les récipiendaires de ces prix viennent de tous les milieux de vie. Vous êtes sur la ligne de front, travaillant sans relâche pour prendre soin de nombreux enfants. Votre travaillez dans l’ombre en faveur des jeunes; vous luttez pour leurs droits. Et même s’il n’y a qu’un seul prix pour la défense des intérêts, vous êtes tous, à mes yeux, des défenseurs dignes de mérite, puisque vous travaillez à améliorer les conditions dans lesquelles nous élevons nos enfants.

Chaque enfant, chacune et chacun d’eux, a droit à un foyer familial sain, a le droit de s’épanouir et a le droit d’être aimé.

J’ai déjà dit que la compassion est issue de la passion. La passion que j’ai observée en vous et chez les Canadiens d’un bout à l’autre du pays, m’amène à conclure que nous sommes un peuple plein de compassion, un peuple bienveillant, et que nous sommes prêts à faire l’impossible pour protéger nos enfants.

En tant que porte-parole des nos jeunes, vous changez les choses pour le mieux. Vous êtes une source d’inspiration pour nous tous.  

Encore une fois, je vous félicite et vous remercie du fond du cœur pour ce que vous faites jours après jour.