Réception offerte par le président de l’American Association for the Advancement of Science (AAAS)

Ce contenu est archivé.

Vancouver, le jeudi 16 février 2012

 

Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue à Vancouver pour la réunion annuelle de l’American Association for the Advancement of Science.

Je voudrais commencer par vous poser une question : pourquoi êtes-vous ici aujourd’hui?

Aristote a dit ceci un jour : « Il est naturel pour l’être humain de désirer savoir. » Permettez-moi maintenant d’adapter cet énoncé au 21e siècle et à cette réunion. De nos jours, nous envisageons un monde où toutes les nations auront la soif de savoir.

Pourquoi le partage des connaissances est-il si essentiel, et de quelle façon contribuez-vous à cet important effort?

Voici mes cinq postulats qui répondent à ces questions.

1.     Dans notre monde moderne et planétaire, le bien-être des nations sera fonction de leur degré de développement et d’avancement du savoir. En d’autres termes, le savoir — contrairement à la puissance militaire ou au PNB, par exemple — sera la nouvelle devise et le nouveau passeport assurant le succès.

2.     Le partage de l’information n’a jamais été aussi universel et aussi peu coûteux. Ce partage du savoir, que j’aime bien appeler la diplomatie du savoir, peut aider à orienter les relations entre les pays et améliorer notre bien-être dans un monde planétaire et interconnecté. 

Ce partage est devenu possible grâce à la révolution des communications qu’a entraînée l’avènement d’Internet, ce phénomène qui a conquis la moitié du globe en moins d’une décennie. Comparativement, la presse à imprimer en Europe occidentale avait pris près de trois siècles à rejoindre la majorité de la population.

3.     La rapidité et la facilité avec lesquelles nous communiquons s’apparentent au rythme accéléré du changement. Nous vivons à une époque de grands changements, de risques également, à l’échelle mondiale. Or, les possibilités sont aussi du même ordre. C’est pourquoi nous nous devons de porter attention aux preuves, plus précisément aux preuves scientifiques, pour nous aider à comprendre le changement et à faire des choix judicieux.

4.     Plus les idées sont partagées et mises à l’épreuve, meilleures elles sont.

Pour illustrer l’importance du partage des connaissances et des expériences, je m’inspire souvent de l’image d’une bougie allumée qu’utilisait Jefferson. J’ai d’ailleurs inséré cette image et celle de livres pour représenter l’apprentissage dans mes armoiries.

La bougie symbolise non seulement l’illumination, mais également la transmission de l’apprentissage d’une personne à l’autre et d’un pays à l’autre. Le partage collectif du savoir éclaire nos sociétés et notre monde. Lorsque ma bougie sert à allumer la vôtre, l’intensité de ma lumière s’amplifie alors.

Certes, nous devons partager les connaissances, mais nous devons en outre vérifier et remettre en question nos résultats, aussi bien en classe qu’au laboratoire et à l’échelle mondiale. Je dis souvent qu’une bonne théorie générale est ce qu’il y a de plus pratique au monde, à la condition qu’elle soit continuellement vérifiée et mise au point par rapport à la réalité.

5.     Nous devons promouvoir et défendre les pratiques qui nous ont bien servi, sans pour autant négliger d’élargir nos connaissances et d’améliorer nos modes d’apprentissage.

La méthode scientifique est l’une des innovations majeures de l’histoire de l’humanité. Cette quête de progrès et de vérité est fondée sur les preuves, les hypothèses et l’action. Non seulement est-ce un formidable moyen de constituer un savoir scientifique, mais cela a également permis d’approfondir les connaissances dans bien d’autres domaines.

Lorsque je repense à Steve Jobs, cela me ramène à l’importance de surmonter les barrières entre les catégories, dans nos établissements d’enseignement et de perfectionnement.

Tout au long de sa vie, il a insisté sur le fait qu’il vaut mieux renforcer la synergie créatrice des arts et des sciences que de renforcer les arts ou les sciences. Ainsi, pour faire face, maintenant et à l’avenir, aux questions complexes qui se posent à nous, nous devons passer du mode inter et multidisciplinaire au mode transdisciplinaire.

Seule la méthode scientifique peut nous faire découvrir les vérités du monde naturel. Les bases des mathématiques et des sciences, par exemple, ont aidé d’une manière importante à mettre en branle la révolution des communications, depuis la presse à imprimer jusqu’à l’avènement d’Internet.

En fait, ce sont les 300 ans de découvertes en mathématiques et en sciences, de Newton à Einstein, qui ont jeté les fondements de la création d’Internet. 

Les éléments de base des sciences et des mathématiques continueront de façonner notre futur. C’est donc à nous qu’il incombe de toujours prôner les sciences et de faire en sorte qu’elles soient utilisées à bon escient pour le bien de notre société.

Je vais vous donner quelques preuves qui démontrent mes hypothèses.

1.     La première, c’est la revue que publie votre association : Science. Chef de file du partage du savoir, cette publication est à la fois innovatrice et accessible.

Elle a également été l’une des premières à diffuser son contenu sur Internet pour élargir son lectorat. Science a en effet été la première revue du genre à publier tout son contenu en ligne, en 1996, et l’une des premières également à offrir ses archives numérisées remontant à son premier numéro publié en 1880.

Grâce à sa revue et à des réunions comme celle-ci, votre association trace la voie d’un débat sur les questions majeures touchant les sciences contemporaines, notamment le professionnalisme, l’éthique, les valeurs et l’éducation.

2.      Mon second point me ramène à la question que je posais plus tôt : « Pourquoi êtes-vous ici? » Plus précisément, que devons-nous déduire du fait qu’une organisation américaine constituée de scientifiques représentant plus de 60 pays tient sa réunion annuelle au Canada?

Les relations de nature scientifique et intellectuelle entre le Canada et les États-Unis sont très solides, malgré le grand écart entre la population de nos deux pays. Je crois d’ailleurs que ce n’est pas par hasard que nos pays jouissent de relations bilatérales parmi les plus enviables au monde, puisque tant de bonnes choses en découlent. L’engagement dont nos deux pays font preuve à l’égard des sciences et de l’apprentissage a été constant, ce qui nous a portés à unir nos efforts pour examiner des questions d’une portée plus large. Par exemple, certains des progrès importants de la révolution des communications dont j’ai parlé aujourd’hui sont le fruit d’une étroite collaboration entre Américains et Canadiens.

Notre relation est une remarquable expérience de coopération entre deux nations.

Au terme de la discussion que vous aurez ici, j’espère que vous tenterez de reproduire à travers le monde cette expérience, cette amitié appuyée par une volonté commune d’approfondir les connaissances.

En rassemblant des scientifiques du monde entier, cette association transcende les frontières par le langage universel des sciences.

Vous tous ici présents avez aboli les frontières et avez misé sur la diplomatie du savoir.

Je suis moi-même impatient de poursuivre le dialogue entre les nations, lorsque j’assisterai au Congrès des Amériques sur l’éducation internationale qui aura lieu au Brésil, au mois d’avril. J’espère que je pourrai faire part, à cette occasion, des leçons et des conversations qui auront émergé de votre propre  conférence, afin de démontrer à tous que nous gagnons à travailler ensemble. 

Vous bâtissez un monde meilleur, un monde plus averti et plus bienveillant, convaincus que nous sommes tous, les individus comme les nations, assoiffés de savoir.

Merci.