Ce contenu est archivé.
Montréal, le jeudi 24 mai 2012
C’est un plaisir pour moi d’être ici avec vous pour lancer cette importante conférence sur le leadership et l’apprentissage.
Comme vous le savez peut-être, j’ai consacré une grande partie de ma vie à l’éducation, en qualité d’étudiant, d’enseignant et d’administrateur dans une université, avant d’assumer mes fonctions actuelles. Depuis que je suis gouverneur général, mon engagement à l’égard de l’apprentissage n’a fait que grandir. C’est pour moi un grand privilège que de rencontrer des chefs de file du domaine de l’éducation et des enseignants de partout au pays, et de constater le travail remarquable effectué dans nos écoles.
Selon moi, l’apprentissage est l’une des réalisations les plus précieuses, à la fois pour un individu et pour la société.
Nous ne savons jamais où l’apprentissage nous mènera.
Si je peux parler de ma propre expérience, jamais je n’aurais imaginé que je m’adresserais à vous en tant que gouverneur général du Canada, moi qui ai grandi dans une petite ville du Nord de l’Ontario vouée à l’exploitation des ressources. Tout a commencé par l’apprentissage, et j’éprouve une profonde reconnaissance à l’égard de chaque professeur et directeur d’école que j’ai rencontré en chemin et qui m’a tant appris.
On peut difficilement surestimer l’importance de l’éducation dans la vie d’aujourd’hui. Comme bon nombre d’entre nous le savons, l’éducation est le grand facteur d’égalisation sur les plans social et économique. Il existe d’ailleurs une abondance de données qui appuient le lien entre l’éducation et le développement humain.
Le développement humain consiste essentiellement à étendre les choix qui s’offrent aux gens pour leur permettre de vivre une vie satisfaisante. L’éducation, bien qu’elle n’offre aucune garantie, constitue le principal moyen d’accroître nos choix et de prospérer à titre individuel.
Pensez à ceci : durant le ralentissement économique de 2008–2009, les jeunes de 20 à 24 ans qui n’avaient pas de diplôme d’études secondaires étaient deux fois plus susceptibles d’être au chômage que ceux qui en avaient un.
Les Canadiens reconnaissent l’importance de l’éducation, qui contribue au succès individuel et au bien commun. Nous ne devons jamais oublier que notre plus grande force réside dans notre capacité à réfléchir et à penser de manière critique et créative.
La capacité de penser et d’apprendre représente l’aptitude la plus pratique que nous pouvons acquérir. Comme l’a déjà dit Northrop Frye, rien n’est plus utile que la littéracie.
Je cite :
« Partout où l’analphabétisme est un problème, c’est un problème aussi fondamental que celui d’avoir assez à manger ou un lit pour dormir. »
On peut dire de même d’une éducation défaillante. En tant que dirigeants d’écoles primaires et secondaires, vous dispensez les connaissances fondamentales qui serviront d’assises à toutes les bonnes choses qui suivront.
Je n’exagère pas en disant que la santé de notre démocratie repose sur votre travail. Les sociétés démocratiques sont fondées sur la prémisse que les citoyens en savent suffisamment pour se gouverner. L’acquisition d’une telle sagesse passe entre autres par l’éducation.
L’éventail de connaissances que vous transmettez aux élèves du primaire et du secondaire leur sert de base pour devenir des individus prospères, des citoyens prospères.
Ces réflexions sur la démocratie peuvent sembler bien nobles quand vient le temps de relever les défis quotidiens urgents en milieu scolaire. Cependant, je vous demande de toujours garder à l’esprit le rôle essentiel que vous occupez au sein de notre pays.
Je suis conscient des nombreux défis et limites qui accompagnent la préparation des jeunes Canadiens au 21e siècle. Les changements rapides et profonds qui s’effectuent à l’échelle mondiale ont une incidence réelle sur votre travail.
Aujourd’hui, l’éducation doit tenir compte des changements qui surviennent partout dans le monde. La révolution numérique transforme nos vies et notre société. Comme l’écrivait Ken Dryden dans son livre intitulé Becoming Canada, pour apprendre, il faut désormais élargir nos horizons bien au-delà des frontières de notre pays.
Il disait : « Pour examiner le Canada, il faut examiner le monde tout entier. L’avenir du monde repose sur notre capacité à apprendre et à vivre en harmonie. »
Je suis heureux de savoir que les discussions que vous tiendrez au cours des prochains jours seront axées sur les compétences et les stratégies applicables en cette ère de changement. Je vous encourage à faire preuve d’audace dans vos raisonnements.
En tant que dirigeants, vous avez l’unique responsabilité d’encourager l’excellence et l’égalité des chances dans nos écoles. Pour cela, il faut trouver un juste équilibre. Vous offrez des conseils et du soutien aux enseignants et aux élèves, tout en servant d’intermédiaires auprès des intervenants de l’extérieur qui s’intéressent au succès des élèves.
Vous êtes tenus d’offrir un environnement d’apprentissage sécuritaire et stable aux élèves et aux enseignants, tout en cultivant l’innovation et en encourageant la prise de risques intelligents.
Durant mes années à la direction d’une université, j’ai toujours essayé de garder à l’esprit que notre système d’éducation repose sur un contrat social.
Ce contrat lie les éducateurs, les élèves, les parents, le public ainsi que nos représentants gouvernementaux. Ce n’est pas un arrangement abstrait, puisqu’il implique la collaboration entre de vraies personnes travaillant à un but commun, c’est-à-dire l’apprentissage.
L’un des principaux aspects de ce contrat social nous oblige à renouveler notre système d’éducation pour qu’il demeure pertinent, en tout temps. Cette exigence génère des contraintes pour chacun de nous — pas seulement pour les éducateurs, mais aussi pour le public et les gouvernements, qui doivent embrasser le changement ou le provoquer, selon les besoins.
Je pense que le thème de la conférence — le leadership en voie de construction — va droit au but. En tant qu’éducateurs, vous savez mieux que quiconque que le leadership est un ouvrage inachevé et que l’apprentissage n’a pas de fin.
Le docteur William Osler, un des médecins canadiens les plus réputés et un des pères de l’école de médecine moderne, a dit ceci un jour :
« Ce qui est le plus difficile à inculquer à un nouvel étudiant, c’est que le programme d’études qu’il entreprend n’est ni un cours universitaire ni une formation médicale, mais un parcours de vie. »
Dans cet esprit d’apprentissage continu, j’ai enjoint aux enseignants et aux dirigeants, dans toutes les sphères de l’éducation, d’essayer de voir l’éducation comme un continuum. Permettez-moi de vous lancer le même défi.
Nous devons nous efforcer de concevoir un système réellement intégré et uniforme au sein duquel chaque étape de l’apprentissage soutient les autres. Les niveaux scolaires élémentaire et secondaire, comme ces termes le sous-entendent, sont d’une importance essentielle pour ceux qui suivront.
À cet égard, vous êtes de véritables dirigeants — non seulement dans vos écoles, mais au sein du système d’éducation canadien en entier.
Dans mon discours d’installation en tant que gouverneur général, j’ai encouragé les Canadiens à chérir nos enseignants. Je tiens aujourd’hui à vous témoigner toute ma gratitude, vous qui travaillez si fort pour diriger nos écoles et nos établissements d’apprentissage.
Au nom de tous les Canadiens, je vous remercie pour tout ce que vous faites.
Je vous souhaite une conférence enrichissante et productive.
