Ottawa, le lundi 20 juin 2011

Je suis très à l’aise ici, au Musée canadien de la nature, où mon amie Meg vient tout juste d’être nommée directrice. En fait, c’est ici que j’ai prononcé ma première allocution en tant que gouverneur général. Je m’apprêtais à prendre la parole lorsque l’alerte d’incendie a été déclenchée. En tant que professeur d’université, j’ai l’habitude de voir les gens se lever et partir lorsque je parle, mais l’endroit s’est vidé avant même que je dise un mot! J’ai toutefois pu prononcer mon discours après les vérifications d’usage!

Je vous remercie de me recevoir aussi chaleureusement. Je suis honoré de souligner la générosité des bienfaiteurs ici présents, qui ont tellement contribué au succès de Centraide/United Way Ottawa. En 1995, j’ai été coprésident de la campagne Centraide à Montréal. Ces fonctions m’ont permis d’en apprendre énormément sur cette ville où ma famille et moi venions de nous installer. Vous êtes des Canadiens dévoués qui savent toute l’importance que revêtent le bénévolat et la philanthropie et qui comprennent quel impact nous pouvons tous avoir sur nos communautés. Vous avez changé les choses pour le mieux et avez aidé des gens dans le besoin. Pour cela, vous méritez toute notre gratitude.

Andrew Carnegie, un grand homme d’affaires et philanthrope, a dit ceci : « Si vous voulez être heureux, fixez-vous un objectif qui monopolisera votre attention, vous insufflera de l’énergie, et vous inspirera de l’espoir. »

Étant vous-mêmes philanthropes, vous savez cela. Vous savez toute la satisfaction que l’on retire de s’être fixé des buts et de les avoir atteints. En focalisant votre énergie sur les buts que vous voulez atteindre, vous garantissez votre succès et trouvez des solutions aux problèmes auxquels la société fait face.

À l’instar de M. Carnegie qui, à son époque, savait qu’il était important non seulement de donner pour aider autrui, mais également d’aider à édifier la communauté, vous aussi montrez aux Canadiens que vous voulez contribuer à façonner une nation encore plus ingénieuse et bienveillante.

J’ai souvent parlé de cette vision d’une nation ingénieuse et bienveillante, et de ce que nous pouvons faire pour qu’elle le soit encore plus. Pour cela, j’ai établi trois piliers que j’estime essentiels au bien de notre pays : le soutien aux familles et aux enfants, l’accroissement de l’apprentissage et de l’innovation et, bien sûr, l’encouragement au bénévolat et à la philanthropie.

Le Canada est l’un des pays où le secteur bénévole est des plus vigoureux, grâce à l’engagement de tant de Canadiens comme vous. Vous pouvez être certains que vos dons de temps et d’argent font beaucoup plus qu’aider Centraide Ottawa à réaliser ses objectifs, actuels et futurs. En effet, par votre action, vous inspirez aussi d’autres à en faire autant.

D’une certaine manière, votre partenariat avec Centraide aide à réaliser deux de mes propres rêves. Le premier est celui d’un pays qui a tellement à cœur le sort d’autrui que ses citoyens sont prêts à faire l’impossible pour aider ceux qui sont dans le besoin. Le deuxième est celui d’un pays qui comprend qu’il est aussi important d’investir dans l’avenir pour prévenir les problèmes que de résoudre les problèmes actuels.

Chaque année, Centraide Ottawa aide des gens à se sortir de situations difficiles. Il aide aussi les familles par un soutien crucial.

Centraide a également un deuxième objectif, celui d’envisager l’avenir. Bien qu’il soit louable de résoudre des problèmes, nous devons faire en sorte que nos collectivités soient durables et qu’elles puissent croître et fonctionner dans un monde sans cesse en évolution. La meilleure façon d’y parvenir est d’appuyer les jeunes et de faire d’eux des participants actifs.

Grâce à des initiatives telles que le Groupe Action jeunesse, nous faisons en sorte que les jeunes puissent tracer leur propre parcours de vie.

Comme tout le monde, les jeunes veulent être inclus et être écoutés. Ils veulent que leurs idées soient respectées et prises en considération. Ils veulent prendre part à l’édification d’un Canada meilleur. Grâce à votre contribution, il devient possible pour les leaders de demain de faire connaître leur propre vision du pays ingénieux et bienveillant que nous désirons tous bâtir.

Les jeunes ont besoin de ressentir ce qui se passe autour d’eux et d’être inclus. Je veux vous raconter l’histoire d’Edgar Shantz, un mennonite qui travaille la terre sur notre ferme à Waterloo. Un jour, Edgar et moi prenions place sur le tracteur et faisions les foins. Edgar a remarqué un pansement sur mon bras. Il m’a demandé si j’avais donné du sang. Je lui ai répondu « Oui. » Il m’a demandé combien de fois j’avais donné du sang. Je lui ai dit « Près de 100 fois. » Edgar a répliqué « J’en ai donné plus de 200 fois. » Je lui ai répondu « Mais c’est impossible, Edgar! Tu as 55 ans. Tu peux seulement donner du sang aux six mois. » « Non, m’a-t-il dit, je peux en donner tous les 57 jours. » Imaginez ceci. Tous les 57 jours, Edgar attelle son boghei et se rend à Elmira, à une heure de chez lui, pour donner du sang. Le sang ne reste pas dans la communauté. Il est partagé.

Vous tous reconnaissez l’importance de prendre une part active à sa communauté, de s’entraider entre voisins. Vous, qui êtes des chefs de file à tous les égards, avez tant donné à Ottawa. Vos idées et vos ressources aident la ville à demeurer compétitive et viable. Vous vous attaquez aux problèmes auxquels sont confrontés les gens aujourd’hui, tout en réfléchissant aux questions cruciales qui auront une incidence sur nos vies à l’avenir.

Vous avez le sens du devoir et vous allez au-devant des attentes pour renforcer Centraide. C’est ainsi que cette organisation peut continuer d’offrir à tant de gens des programmes et des systèmes de soutien exceptionnels, axés sur ses trois thèmes principaux : Mieux grandir, Talents en action et Nouveaux départs.

Profitons de cette soirée, où nous rendons hommage à votre engagement et à votre générosité, pour examiner certaines questions sur l’avenir d’Ottawa et du Canada.

En 2017, notre pays célébrera le 150e anniversaire de la Confédération. Or, depuis le début de mon mandat, j’invite les Canadiens à réfléchir sur le pays qu’ils désirent. Serons-nous un pays doté d’un secteur bénévole vigoureux? Quelle est notre vision du bénévolat et de la philanthropie en 2017? Comment allons-nous promouvoir le don, si petit soit-il?

Les réponses reposent en vous, qui avez fait preuve d’une véritable volonté de changer notre façon de voir la société, en ceux qui attaquent les problèmes de front et en ceux qui sont convaincus que c’est dans l’aide à autrui que l’on trouve le bonheur et la satisfaction.

En fait, j’aimerais vous raconter une histoire qui, comme de nombreux autres, m’a beaucoup ému. Elle illustre parfaitement la générosité envers les autres et la volonté de leur rendre service.

Chaque année, l’Université Harvard récompense 11 personnes pour leur contribution remarquable au profit de leurs collectivités. En 1996, devant plus de 27 000 personnes, le célèbre établissement a ainsi rendu hommage à deux personnes très différentes : M. Walter Annenberg et Mme Oseola McCarty.

M. Annenberg était bien connu pour son philanthropisme et, en 1989, pour la création de la Fondation Annenberg. Tout au long de sa vie, en plus d’avoir été récompensé à de nombreuses reprises, on estime qu’il a fait don de plus de 2 milliards de dollars.

Pour sa part, Mme McCarty nous fournit un exemple tout aussi inspirant. C’est ainsi que, dans l’État du Sud, aux États-Unis, la nouvelle d’un don remarquable, et d’une source inusitée, s’est vite répandue : Mme Oseola McCarty, alors âgée de 87 ans, avait fait don de 150 000 $ à l’Université du Sud du Mississippi, à Hattiesburg, la ville où elle habite.

Cette histoire montre que tous peuvent donner, pas seulement les riches.

À une époque où les établissements d’enseignement supérieur reçoivent des dons de plusieurs millions de dollars, les médias nationaux ont pour habitude de passer sous silence ces petits gestes de générosité. Mais, cette fois, certains détails personnels ont montré qu’il s’agissait en fait d’un geste extraordinaire. Forcée de quitter l’école après la sixième année, pour s’occuper d’une tante malade, Mme McCarty a par la suite gagné tranquillement sa vie pendant 75 ans comme blanchisseuse.

Or, elle a décidé de donner la plupart des économies réalisées au cours de sa vie pour aider des étudiants noirs dans le besoin à poursuivre leurs études dans un établissement dont ils étaient exclus il y a trois décennies seulement. C’est ainsi que des entreprises locales ont vite voulu suivre son exemple par une campagne visant à susciter des dons semblables au sien.

Toutefois, au moment de recevoir son diplôme honoraire, Mme McCarty a eu du mal à se lever à cause de l’arthrite. M. Annenberg, assis à ses côtés, et également atteint d’arthrite, a essayé de l’aider à se lever. Vous imaginez-vous cet homme immensément riche, qui avait lui-même de la difficulté à se lever, s’acharner à aider Mme McCarty?

Et vous pouvez vous imaginer la réaction de l’auditoire. Tous ont commencé à applaudir, non seulement pour les dons faits par ces deux personnes, mais aussi parce qu’un homme très riche aidait une femme très généreuse.

Ils les ont applaudis tout comme nous vous applaudissons ce soir.

Nous rendons hommage à tous ceux d’entre vous qui, forts de votre réussite en affaires et dans la vie, avez redonné à la communauté ce qu’elle vous a donné. Grâce à vous, un enfant aura des chances de réussite; des familles auront la possibilité d’améliorer leur sort et celui de leurs proches; et Ottawa pourra envisager l’avenir avec fierté.

Votre générosité est un exemple que tous peuvent suivre. Quelle que soit notre situation, il y a toujours une façon de faire notre part, de donner de notre temps et de nos efforts, de faire de ce pays un pays meilleur. Depuis des années, Centraide Ottawa compte sur la bonté de gens comme vous pour continuer à exécuter ses programmes. Les efforts que vous avez déployés cette année, comme ceux que vous déploierez sans aucun doute dans les années à venir, auront un effet positif sur le bénévolat et la philanthropie à Ottawa.

Créons ensemble une nouvelle ère de générosité, dans cette ville et au Canada, afin d’accroître le nombre actuel de bénévoles et de philanthropes fidèles à leurs idéaux.

Créons une culture du don, pas seulement une goutte dans l’océan.

Durant mes déplacements, j’ai rencontré beaucoup de gens merveilleux et généreux, dont des bénévoles d’Habitat pour l’humanité. Ces bénévoles ont souligné la 2000e maison construite au Canada. Quel programme fantastique!

Lorsque vous établirez vos buts pour l’an prochain, je vous invite à dresser votre « liste de souhaits » pour le bénévolat et la philanthropie et à trouver des moyens novateurs de créer une nation encore plus ingénieuse et soucieuse du bien d’autrui.

Merci.