Ouverture officielle du Sommet Equinox : Énergie 2030, une initiative de Waterloo Global Sciences

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Waterloo, le dimanche 5 juin 2011

 

Je tiens tout d’abord à vous dire à quel point je suis heureux d’être ici pour l’ouverture de ce sommet, parmi tant d’amis et d’anciens collègues.

J’ai eu le privilège, lorsque j’étais président de l’Université de Waterloo, d’avoir joué un rôle dans le lancement de cette intéressante initiative. Le but était, et le demeure, d’examiner, dans une perspective mondiale et à long-terme, certains des problèmes sociaux, environnementaux et économiques les plus pressants de notre époque, et de susciter de nouvelles idées et de nouvelles solutions pour l’avenir.

C’est donc avec le plus grand bonheur que je vois cette conférence se concrétiser.

Le thème, c’est l’énergie, qui est sans doute la ressource essentielle sur laquelle repose notre civilisation moderne. Je suis convaincu que vous tous ici conviendrez que notre bien-être futur, au Canada comme dans le reste du monde, dépendra de notre capacité de résoudre les problèmes qui découlent de l’utilisation et de la production de l’énergie.

D’où l’importance de ce rassemblement. Pour commencer, nous pourrions nous inspirer des mots de Ken Dryden, qui a souligné, dans son ouvrage Becoming Canada, la nécessité de tenir une conversation internationale à ce sujet et de travailler ensemble pour un avenir meilleur. Voici ce qu’il écrit :

« Lorsque l’on songe au Canada, il faut penser au reste du monde. Or, il est clair que l’avenir du monde repose sur l’apprentissage et le vivre-ensemble. » (traduction libre)

Mon propos, aujourd’hui, est dans la même perspective, puisque j’évoquerai l’importance de l’apprentissage, de l’innovation et du partage du savoir au Canada et à travers le monde.

Comme vous le savez sans doute, l’une de mes priorités comme gouverneur général est d’accroître l’apprentissage et l’innovation dans notre pays. En 2017, nous célébrerons le 150e anniversaire de la Confédération, et j’invite les Canadiens à réfléchir aux diverses façons de bâtir une nation encore plus avertie et bienveillante, à l’approche de cette date historique.  

Selon moi, l’une des meilleures façons d’édifier le Canada averti et bienveillant de l’avenir est d’encourager une citoyenneté qui valorise l’apprentissage continu et l’innovation. Une nation avertie est une nation qui tire des leçons du passé, qui n’a pas peur d’aller de l’avant et qui fait confiance au reste du monde et le respecte.

Dans la nation bienveillante que nous souhaitons, l’excellence et l’égalité des chances coexistent, et la valeur du savoir repose toujours sur sa capacité d’aider autrui, y compris les démunis et les laissés-pour-compte.

Dans une nation avertie et bienveillante, les citoyens travaillent en collaboration. J’en profite d’ailleurs pour féliciter les participants à cette conférence et les organisateurs de s’être rassemblés en cette fin de semaine pour discuter de l’avenir énergétique. Il y a peu de façons, à mon avis, d’avoir une interdépendance aussi complète, et je voudrais vous inciter tous à continuer d’explorer de nouvelles avenues de coopération.

Cette conférence nous projette en 2030. Je sais qu’une partie majeure de votre travail est de relever les aspects clés de notre utilisation énergétique et de nos ressources et d’établir des objectifs pour l’avenir. Dans la perspective du 150e anniversaire du Canada que nous célébrerons d’ici quelques années seulement, nous devons réfléchir sur nos buts et sur les mécanismes qui nous permettront de les atteindre.

Pour tous les Canadiens, votre talent, votre ingéniosité et votre compassion sont essentiels à l’avenir de notre population. Le Canada bénéficie d’une immense richesse en minéraux, en bois d’œuvre et en eau potable, mais notre plus grande ressource est sans contredit notre ingéniosité collective.

Les Canadiens ont toujours été des innovateurs, ce qui s’explique en grande partie par la nécessité de surmonter les défis que représente notre vaste territoire. Pensons à la construction du chemin de fer vers la fin des années 1800, ou à l’adoption des nouvelles technologies qui sont ensuite apparues. Ou pensons à un exemple plus récent, celui de la firme de Waterloo, Research In Motion, qui, en  appliquant les lois de la physique développées au 20e siècle, a fait un grand saut en avant dans le domaine de la technologie de communication mobile.

Innover, c’est essentiellement concevoir de nouvelles idées pour améliorer la façon de faire les choses. C’est voir les choses sous un nouvel angle et imaginer ce qui pourrait être. L’innovation et la découverte sont des principes aussi vieux que le monde. Ce qui est nouveau et sans précédent, toutefois, c’est la vitesse et l’ampleur du changement dans le monde d’aujourd’hui.

Nous vivons à l’ère d’une  mondialisation profonde, où les frontières du savoir ont aboli les délimitations terrestres et maritimes pour atteindre l’humanité tout entière. Loin d’être abstraites, ces frontières représentent un nouveau paradigme, où notre qualité de vie déterminera notre habileté à penser d’une manière créative et à résoudre les problèmes. En d’autres termes, notre bien-être reposera sur notre aptitude à innover. 

L’histoire nous rappelle que les sociétés accomplies comptent sur l’innovation, et que le savoir est essentiel à la découverte.

J’aimerais, pendant quelques instants, passer en revue les moments les plus dynamiques de l’histoire de la civilisation occidentale. Par exemple, le 15e siècle dans la Florence de la Renaissance, qui fut une période de créativité et de ferment intellectuel qui a donné lieu à une débordante activité dans les arts, les sciences, la politique, la religion et la recherche. C’était l’époque des Da Vinci, Donatello, Michelangelo, Machiavel et Medici.

L’héritage qu’ils ont laissé est pour le moins diversifié. Ces remarquables individus étaient, après tout, les produits de leur temps, mais leur influence sur l’évolution de l’Europe est indéniable. Grâce au pouvoir des idées, les Florentins sont passés du Moyen âge à une ère nouvelle, la Renaissance. Une époque durant laquelle le meilleur de l’antiquité classique a été amalgamé aux progrès en arts et lettres et en sciences.

Nous devons nous poser la question suivante : qu’est-ce qui a permis à cette cité-État italienne d’environ 50 000 habitants d’atteindre des si hauts sommets? Les raisons sont nombreuses, notamment la richesse de Florence en tant que grande ville marchande, son indépendance politique et sa fierté civique, l’existence d’une importante classe moyenne, la concurrence dans le milieu des artistes et des artisans, et le système très répandu de formation d’apprentis pour la transmission du savoir-faire d’une génération à l’autre. Aujourd’hui, de telles conditions seraient l’équivalent de la prospérité, la société civile, l’égalité, la compétitivité, l’apprentissage et le partage du savoir.

La diversité des activités dans la Florence du 15e siècle a donné lieu à la fusion de ces éléments et, par conséquent, à des résultats innovateurs et parfois surprenants. Je vais vous en donner un exemple précis.

Dans son livre intitulé Brunelleschi’s Dome, l’historien d’art, Ross King, raconte l’histoire de la construction du superbe dôme de Santa Maria del Fiore, qui a été terminé en 1436. En concevant cette merveille d’ingénierie, l’architecte florentin Filippo Brunelleschi a rassemblé des éléments de l’architecture classique et les dernières découvertes en sciences et en technique pour, finalement, réinventer l’architecture. Tout cela est bien connu.

Ce qui l’est moins, c’est que son innovation a eu pour répercussion, entre autres, de grands  progrès en astronomie, qui ont été appliqués à la navigation des océans, avec les résultats extraordinaires que l’on sait.

Ce développement est attribuable à un ami de Brunelleschi, le mathématicien et astronome Paolo Toscanelli qui, du haut de la grande cathédrale, a placé une plaque de bronze sur le dessus du dôme. Comme l’explique Ross King :

« Santa Maria del Fiore devint alors un énorme cadran solaire, un instrument qui allait avoir une importance cruciale dans l’histoire de l’astronomie. Grâce à la hauteur et à la stabilité du dôme, Toscanelli a pu acquérir de  nouvelles connaissances sur ce qu’on croyait alors être les mouvements du soleil… ce qui lui a permis de calculer avec beaucoup plus d’exactitude le moment exact moment du solstice d’été et de l’équinoxe de printemps. »

Arrêtons-nous un moment pour examiner le contexte de ce remarquable développement. Une répercussion tout à fait imprévue de l’édification du magnifique dôme de Brunelleschi a entraîné des progrès dans le domaine de la navigation par les astres, ce qui a permis par la suite aux marins et aux cartographes de tracer leurs positions avec plus d’exactitude. Grâce à cette innovation et à bien d’autres du genre, l’âge d’or de la navigation maritime allait commencer.

Si je raconte cette histoire, c’est pour souligner les résultats fructueux et souvent inattendus du partage de l’innovation et du savoir. L’un des meilleurs moyens d’accroître les connaissances et de les partager, car les découvertes sont rarement l’œuvre d’une seule personne.

C’est dans cet esprit que je vous encourage à  continuer de travailler ensemble et d’engager tous les éléments de la société pour faire face aux problèmes auxquels nous sommes confrontés et catalyser des solutions pour l’avenir. Imaginons que nous sommes déjà en 2030 et que les gens sont reconnaissants pour cette époque où vous, les scientifiques, les conseillers et les futurs chefs de file, étiez rassemblés au Sommet Equinox pour échanger des stratégies, examiner de nouvelles technologies et explorer des idées audacieuses. 

Le monde entier a besoin de ce sommet, et votre présence dans cet auditorium prouve que vous croyez au pouvoir de la collaboration. Je vous félicite pour les efforts que vous déployez pour envisager notre avenir énergétique, et je suis impatient de lire vos observations et de voir les résultats de cet important événement.

Imaginons que nous sommes en train de créer une renaissance à notre façon au Canada, en tirant des leçons du passé, en envisageant l’avenir avec optimisme et, surtout, en travaillant ensemble en vue d’édifier un monde plus averti et plus bienveillant.

Merci.