Déjeuner offert en l’honneur de la Mère de la Croix d’argent

Ce contenu est archivé.

Rideau Hall, le jeudi 11 novembre 2010

 

Nous sommes très honorés, mon épouse Sharon et moi, de partager cette journée solennelle avec vous.

Le jour du Souvenir est une occasion de remonter dans le passé de notre pays. Une occasion de rappeler à notre mémoire le souvenir de tous ceux et celles qui ont volontairement sacrifié leur vie pour sauvegarder notre liberté.

La nomination de la Mère de la Croix d’argent est un acte de commémoration déchirant. La perte d’un fils ou d’une fille au champ de bataille symbolise le sacrifice que les familles de nos militaires continuent de faire en notre nom.

Cette année, la Mère de la Croix d’argent, Mme Mabel Margaret Girouard, n’y fait pas exception.

Ayant moi-même cinq enfants et sept petits-enfants, je ne peux qu’imaginer l’angoisse que vous et votre famille avez ressentie, lorsque votre fils, l’adjudant-chef Robert Michael Girouard, a été envoyé en mission en Afghanistan.

Un poème écrit par Herman W. Murray, alors qu’il combattait en Italie au sein du régiment  Princess Patricia’s Canadian Light Infantry, durant la Seconde Guerre mondiale, évoque bien votre situation :

« Je l’ai laissée debout sur le quai,
Avec ses larmes de chagrin et de douleur,
Qui ont laissé des traces sur le col de ma tunique,
Les traces des pleurs de ce visage aimé...

Ma mère, votre combat est le plus ardu,
Le sommeil tourmenté de vos nuits blanches,
La solitude de vos trop longues journées,
L’angoisse dans l’attente d’une lettre, d’un coup de téléphone... »

Le poème de Murray se termine par le retour du fils à la maison. Dans votre cas, vous n’avez pas eu cette chance.

Il m’est difficile de concevoir l’intolérable douleur que vous et votre famille avez dû éprouver en apprenant, en novembre 2006, que votre fils avait perdu la vie sur une route en Afghanistan.

Le jour du Souvenir nous rappelle par ailleurs qu’il faut tourner notre regard vers l’avenir, un avenir où les hommes, les femmes et les enfants du monde entier pourraient un jour vivre en paix, cette paix que nous prenons si souvent pour acquise au Canada.

Face à l’avenir, j’éprouve une immense gratitude envers les membres des Forces canadiennes pour leur détermination de tous les instants à faire de notre monde un lieu où il fera bon vivre.

J’éprouve un grand respect pour le travail qu’ils accomplissent au péril de leur vie afin que nous puissions vivre en toute sécurité dans notre pays et partout dans le monde.

J’éprouve de la compassion pour leurs familles, qui servent notre pays avec candeur et dignité en appuyant leurs êtres chers qui partent en mission en notre nom.

Madame Girouard, je sais qu’à l’honneur d’être nommée Mère de la Croix d’argent, vous auriez préféré le retour de votre fils

Cependant, je sais que vous avez accepté cette nomination parce que vous êtes fière de ce qu’il a accompli.

Il a fait le sacrifice ultime.

Et par cet énorme sacrifice, il a touché la vie de tant de gens. Aux côtés de ses compagnons d’armes, il a donné aux Afghanes et aux Afghans la chance de vivre dans des communautés plus sûres. Il a donné à leurs filles la chance d’aller à l’école. Il a donné à cette population la chance de pouvoir comprendre la valeur des droits et des libertés dont nous jouissons.

La semaine dernière, j’étais en Afghanistan pour soutenir les Canadiens qui sont en mission à Kandahar et dans le district de Panjway. J’ai été à même de constater à quel point le travail de nos militaires, de nos diplomates et de nos travailleurs humanitaires améliore le sort des communautés afghanes et la vie de leurs habitants.

Robert fait partie d’un riche héritage que les membres des Forces canadiennes ont laissé en partage au reste du monde, tout au long de l’histoire du Canada, et qui est un gage d’espoir et de paix, de liberté et de prospérité, de sécurité et de stabilité.

Les Canadiens se joignent à moi pour leur exprimer toute notre reconnaissance.

Les Canadiens se joignent à moi pour leur marquer notre plus grand respect.

Comme moi, tous les Canadiens sont fiers d’eux.

Nous n’oublierons pas votre fils, pour le sacrifice qu’il a consenti. Nous nous souviendrons également de tous ceux et celles qui nous ont quittés avant lui, comme nous nous souviendrons de ceux qui nous quitteront après.

Nous nous souviendrons.