Vernissage de l’exposition « Mariage entre le frêne et le bouleau »

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Vernissage de l’exposition « Mariage entre le frêne et le bouleau »

Mashteuiatsh (Québec), le dimanche 21juin 2009

Permettez d’abord que je vous dise à quel point mon mari Jean Daniel Lafond, notre fille Marie-Éden et moi-même sommes heureux d’être parmi vous.

On dit que seul l’arbre qui a subi les assauts répétés du vent est vigoureux, car c’est dans cette lutte que ses racines, mises à l’épreuve, se fortifient.

Vous êtes cet arbre si solidement planté dans le sol qu’aucun vent ne viendra jamais à bout de lui. Vous avez traversé les âges en raison de votre enracinement sur ce territoire.   

C’est d’ailleurs en plein cœur de la forêt que le peuple ilnu a vécu pendant des millénaires. De ces vastes espaces boisés qui nous entourent, vous avez su tirer votre subsistance grâce à votre ingéniosité et à votre savoir-faire.

L’écorce, le bois, la sève, les branches, les feuilles, tout de l’arbre était objet d’invention. On s’en servait pour s’abriter, se vêtir, se soigner, se déplacer, voire se nourrir.

Le bouleau pour les Ilnus, le frêne pour les Abénakis, vous ont donné de quoi survivre dans cet environnement dont vous êtes les gardiens, le « nitassinan », comme vous l’appelez dans votre si belle langue. Qu’il faut protéger, non pas pour votre communauté, votre nation, mais pour notre enrichissement à toutes et à tous et pour l’humanité.

Entre le frêne et le bouleau, les deux piliers de l’exposition que nous inaugurons aujourd’hui, il y a des gestes mille fois répétés, de génération en génération.

Il y a des techniques ancestrales conservées intactes jusqu’à ce jour et qui découlent de l’expérience et de l’habileté.

Il y a des parcours de vie, des histoires de chasse et de randonnées fabuleuses, des contes et des légendes.

Il y a aussi un partage.

Partage d’espèces, partage de connaissances, partage de cultures et de pratiques artistiques.

Et comme dans un mariage où l’un et l’autre apporte une part de lui-même pour l’enrichissement des deux, les artisans d’Odanak jumellent ici leur expérience du tissage du frêne et les artisans de votre communauté, la maîtrise du travail du bouleau.

Les résultats de cet échange ont donné lieu à cette exposition magnifique, Mariage entre le frêne et le bouleau, présentée dans ce musée amérindien qui est en soi une invitation à la rencontre des peuples qui sont nos racines les plus profondes sur ce continent.

On m’a dit que ce musée est le fruit d’un travail de collaboration extraordinaire entre les artistes de votre communauté et d’autres communautés des Premières nations, qu’il s’inscrit dans une volonté de témoigner de votre rapport au monde et de transmettre vos valeurs aux générations à venir.

Sachez que vous avez piqué notre curiosité et qu’il nous tarde, à mon mari, à ma fille et à moi, de le découvrir en votre compagnie.

J’estime que les cultures, lorsqu’elles se nourrissent ainsi les unes des autres, dans un esprit de réciprocité, sont des promesses d’espoir et de renouvellement pour l’humanité entière.

Que de ce mariage entre le frêne et le bouleau naissent des possibilités nouvelles, comme d’innombrables feuilles sur l’arbre qu’est la communauté de Mashteuiatsh.

Je vous remercie.