Remise de la médaille des Prix du Gouverneur général pour les arts de la scène à Robert Lepage

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Remise de la médaille des Prix du Gouverneur général
pour les arts de la scène à Robert Lepage

Rideau Hall, le jeudi 2 avril 2009

Ce n’est pas la première fois que vous venez à Rideau Hall et sans doute pas la dernière.

La première fois, c’était il y a 15 ans. Vous vous en souvenez?

Vous receviez le Prix du Centre national des arts, qui s’inscrit dans la foulée des Prix du Gouverneur général pour les arts de la scène, des mains de l’un de mes prédécesseurs, le très honorable Ramon John Hnatyshyn.

Permettez que je rappelle les paroles qu’il a prononcées ce jour-là.

Il avait dit : « Un grand vent d’imagination et d’audace souffle sur les scènes de l’Amérique du Nord et de l’Europe. Son nom est Robert Lepage. »

Depuis, ce vent balaie le monde entier et soulève partout un élan d’enthousiasme et d’admiration.

Robert Lepage, je suis, comme vous le savez, une inconditionnelle. Et vous rendre hommage ce matin est pour moi et pour mon mari Jean-Daniel Lafond un grand bonheur.

Votre parcours est fulgurant et votre façon de le tracer, unique.

Il est en soi une leçon de liberté pour nous toutes et nous tous qui vous accompagnons depuis vos débuts dans cette quête de sens.

Mais comment le décrire, votre parcours, sinon par les possibilités inespérées et les échappées lumineuses qu’il ouvre en nous?

Vous aimez prendre le risque de l’imprévisible, et vous nous invitez à le prendre avec vous.

Dans une société trop souvent obsédée par le désir de conformité et de contrôle, vous nous dites que la vie jaillit du chaos.

Que le sens s’y cache si on reste attentif aux signes qu’elle nous envoie, aux accidents et aux hasards qu’elle provoque.

Qu’il faut se mettre en danger, quitte à se confronter à des sensibilités et à des susceptibilités autres, pour que les choses adviennent et que l’aventure ait lieu.

Ce que vous appelez « votre obligation d’incertitude » fait voler en éclats les cadres établis et entraîne chez nous un questionnement.

Vous bousculez nos repères et nos certitudes pour que nous puissions nous mettre à notre tour dans un état de recherche et fouiller le sens avec vous.

De cette façon que vous avez de faire comme si tout était à refaire est né un langage scénique inédit, bien à vous.

C’est un langage qui évoque plutôt que de décrire, qui éveille en nous des sensations et des émotions plutôt que de les nommer.

Un langage aussi singulier qu’universel.

Robert Lepage, vous avez toujours mené de front quantité de projets, que ce soit à Québec, en compagnie de vos précieux collaborateurs d’Ex-Machina, ou encore avec des créateurs du monde entier.

Ce sont des projets riches en défis techniques et de création, aux frontières de plusieurs disciplines et influences.

Vous abattez un travail colossal.

Vous enfilez les pièces de théâtre, les mises en scène, les films, les opéras, les rôles, les spectacles à grand déploiement, comme le Moulin à images qui a marqué les fêtes du 400e anniversaire de la fondation de votre ville natale, Québec.

Vos projets sont si nombreux que d’y penser donne le vertige…

C’est à se demander comment tant d’idées peuvent tenir dans une seule tête et un seul corps, comment une seule personne peut réunir autant de polyvalence et d’effervescence créatrice.

Continuez Robert Lepage. Continuez de nous étonner, de nous émouvoir, d’ébranler nos assises, de nous révéler à nous-mêmes.

Il y va de notre capacité de renouvellement et d’émerveillement.