Réception offerte afin de souligner le 50e anniversaire
de la gravure inuite

Rideau Hall, le vendredi 16 octobre 2009

Quel plaisir que de pouvoir vous rendre l’hospitalité que vous nous avez offerte lorsque nous nous sommes rendus à Cap Dorset en avril 2006 à l’occasion de ma première visite officielle au Nunavut.

Le hasard a voulu que notre avion soit retenu au sol en raison d’une tempête. Ce fut un heureux hasard, si j’ose dire, car mon mari et moi avons ainsi eu la possibilité de nous entretenir avec un plus grand nombre d’artistes à Cap Dorset et d’avoir plus de temps pour voir leur travail. Nous avons acheté et rapporté avec nous de très belles  gravures, dont une œuvre magnifique montrant Sedna, déesse des mers.

Je vous avoue que votre façon d’appréhender le monde me rejoint d’une manière toute personnelle.

Je remarque que votre art n’est pas si éloigné qu’il n’y paraît de celui du peuple haïtien dont je suis issue — comme vous le savez, je suis née en Haïti — et de celui  d’autres peuples du Sud. C’est un peu comme si ces civilisations de l’oralité se faisaient écho dans l’expression de leur imaginaire.

Il existe, entre autres, une similarité dans les légendes, dans l’imagerie, dans la façon dont les animaux et tous les éléments de la nature dialoguent avec les hommes, les uns se confondant parfois avec les autres.

Alors que notre monde n’a jamais été aussi interdépendant et que nous sommes appelés à redéfinir les liens qui nous unissent à l’échelle de la planète, vos œuvres nous rappellent que toutes les formes de vie, à quelque échelle que ce soit, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, sont inter-reliées.

Vos œuvres nous rappellent, au fond, que le « chacun pour soi » mène à l’impasse et que les intérêts des uns doivent tenir compte des besoins des autres.

Si la gravure a permis à la collectivité de Cap Dorset d’affirmer sa présence, en plus d’être une source indispensable de revenus, je crois qu’elle nous a ouvert, à nous, une fenêtre sur le patrimoine et la sagesse du peuple inuit.

Un peuple dont les origines remontent à des millénaires et qui a traversé les âges grâce à son savoir-faire et à son ingéniosité.

Un peuple qui plonge des racines profondes dans ce territoire que nous avons en partage.

Nous nous réjouissons du succès que connaissent les maîtres graveurs de Cap Dorset, et souhaitons de tout cœur que leur art si unique et si riche se perpétue, de génération en génération, au bénéfice de l’humanité tout entière.

Sachez également que j’ai à cœur d’ouvrir les portes de cette résidence que j’habite aux formes d’expression artistiques autochtones.

Je vous remercie.