Mère de la Croix d'argent

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Déjeuner offert en l’honneur de la mère de la Croix d’argent

Rideau Hall, le mercredi 11 novembre 2009

Je suis heureuse de vous accueillir à Rideau Hall en ce jour très solennel.

C’est l’occasion de rappeler à notre mémoire le souvenir de tous ces soldats dans la fleur de l’âge qui ont payé de leur vie le prix de la liberté, au cours du siècle dernier qui fut l’un des plus meurtriers de notre histoire.

Mais impossible de commémorer les sacrifices d’hier sans penser à tous ceux que consentent encore aujourd’hui tant de militaires, hommes et femmes, qui ont quitté parents, enfants, amours et amis pour venir en aide à des populations sous le joug de la violence, de l’oppression et de la misère.

En septembre dernier, je me suis rendue pour une seconde fois en Afghanistan — Général, je ne sais comment vous remercier d’avoir été à mes côtés en Afghanistan — où des enfants, dans une des écoles que nous avons contribué à construire, l’école Sayad Pacha, m’ont confié que leur rêve le plus cher est de ne plus vivre dans la crainte de sauter sur une mine.

Ces enfants n’ont qu’un mot à la bouche : sécurité.

La sécurité pour vivre leur vie d’enfants, comme tous les enfants du monde devraient pouvoir le faire.

La sécurité pour avoir accès à l’éducation qui est la clé de leur épanouissement et de leur prospérité collective.

La sécurité pour réaliser leurs rêves.

Les militaires prennent tous les risques dans le but de leur assurer, à eux et à l’ensemble de la population, un environnement sécuritaire et de favoriser leur développement.

La stabilité, la paix, la liberté, nous le savons, ne sont jamais acquises.

Elles se construisent, et souvent dans les conditions les plus difficiles.

De plus, les sacrifices qu’elles imposent sont nombreux.

Si éloignés que nous sommes des zones troubles du monde, il nous est parfois difficile d’en saisir la nature et toute la portée.

Préoccupés que nous sommes également par le quotidien, nous oublions trop souvent à quel point la stabilité, la paix et la liberté sont fragiles et combien il importe de les reconquérir, sans cesse et toujours.

Le devoir de mémoire que nous accomplissons chaque année à pareille date est donc nécessaire, voire essentiel.

Il nous permet, d’une part, de porter ensemble le poids des pertes et des sacrifices : songeons à toutes ces familles endeuillées, à tous ces soldats qui ne sont jamais revenus, à tous ces militaires blessés au corps et à l’âme dont on ne parle que trop peu.

D’autre part, il nous offre l’occasion de nous engager, en leur nom, à bâtir la paix, ici, maintenant, chaque jour.

Je suis la commandante en chef et, comme vous le savez, je suis aussi une mère.

Et je ne peux m’empêcher de ressentir la peine infinie de toutes ces mères qui ont perdu ce qu’elles avaient de plus précieux, leur enfant, et qui me permettent de partager leur souffrance et que j’ai eu le privilège d’accompagner à la base militaire de Trenton.

Ces femmes me parlent de leur douleur, mais elles me parlent aussi de leur respect pour le choix de leur enfant.

Madame Morley, vous avez accepté d’être la mère de la Croix d’argent au nom de toutes les mères, de tous les parents, de tous les partenaires de vie, de tous les enfants et de tous les proches, qui ont eu à vivre une telle épreuve. Les mots extrêmement dignes que vous avez prononcés devant les caméras de télévision ce matin m’ont beaucoup touchée. Je tiens également à remercier votre fille, Shannon, d’être présente parmi nous aujourd’hui.

Madame Morley, votre fils, Keith, servait dans le 2e bataillon du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry basé à Shilo, au Manitoba. Il a été envoyé en Bosnie à deux reprises et il était en mission dans le district de Panjwayi, en Afghanistan, dans le cadre de la participation militaire du Canada à la Force internationale d’assistance à la sécurité.

Nous ne l’oublions pas, sachez-le, ni son sacrifice immense. Que notre présence ici soit un témoignage de notre solidarité.

Non, nous n’oublions pas. Nous n’oublierons jamais.