Dîner officiel offert par le président de la Slovénie

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Dîner officiel offert par Son Excellence Dr. Danilo Türk, Président de la République de Slovénie

Château Brdo (Slovénie), le mercredi 21 octobre 2009

Il y a au Canada plusieurs personnes qui parlent d’un miracle slovène.

Par miracle, ces Canadiennes et Canadiens entendent l’étonnant chemin parcouru par la Slovénie depuis son accession à l’indépendance le 25 juin 1991, que le Canada a reconnue officiellement en janvier 1992.

Ainsi mes compatriotes ne font pas seulement allusion aux prodiges d’ingéniosité déployés par le peuple slovène ces dix-huit dernières années.

Mais aussi à la force de votre identité qui fait en sorte que vous avez su préserver votre originalité au fil de l’histoire.   

La Slovénie est de plusieurs Europes, tout en étant unique : c’est sans doute l’une des raisons pour laquelle elle a été le premier pays nouvellement membre de l’Union européenne à en assumer la présidence. 

C’est justement pour témoigner de ce miracle, si vous me permettez à nouveau l’expression, Monsieur le Président, que j’ai le privilège et l’honneur d’être parmi vous aujourd’hui. 

Car cette visite officielle dont nous rêvons depuis longtemps et que j’entreprends aujourd’hui à titre de gouverneure générale du Canada est tout autant une célébration de vos réalisations exceptionnelles que des liens chaleureux qui unissent nos deux pays.

Près de 36 000 Canadiennes et Canadiens d’origine slovène participent à l’essor du Canada moderne et, si j’ose dire, ajoutent une dimension fraternelle à nos relations. 

Outre la croissance de nos échanges économiques, nos relations bilatérales se sont manifestées dans d’autres domaines névralgiques depuis 1992.

Je mentionnerai notamment l’appui de la Slovénie à la Convention d’Ottawa sur l’élimination des mines anti-personnel. 

Le Canada a d’ailleurs contribué au Fonds international slovène pour le déminage et à l’aide apportée aux victimes des mines. 

Depuis votre adhésion à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, la coopération entre les forces slovène et canadienne s’est également affermie. 

Des soldats slovènes ont été déployés aux côtés des troupes canadiennes en Afghanistan en 2003 et le travail qu’ils ont mené de concert est exemplaire.

Cette collaboration constitue une étape décisive vers ce que vous appeliez justement, dans une allocution à l’université Columbia, à New York, Monsieur le Président, « l’afghanisation de la sécurité ». 

Permettez à la commandante en chef que je suis de signaler avec fierté que les soldats slovènes ont été les premiers récipiendaires non canadiens de l’Étoile de campagne générale canadienne en février 2006.

Certes, Monsieur le Président, le monde dans lequel nous vivons de nos jours est « polycentrique », pour reprendre votre expression, et le vœu que vous exprimiez dès votre discours inaugural de faire de la « solidarité » la plus « fondamentale des valeurs » résonne de toute sa pertinence. 

Cette conviction, que je partage entièrement avec vous, est aussi celle de nos compatriotes, notamment les jeunes que j’ai à cœur d’interroger partout où je vais et qui me répètent inlassablement que la solidarité est une responsabilité.

Il est opportun de le réaffirmer haut et fort alors que nous nous apprêtons à souligner, le 10 décembre prochain, le soixante et unième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme dont le préambule reconnaît que « la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde ».

Le Canada est fier d’avoir contribué à la création et à l’adoption de cette déclaration par le truchement du professeur John Humphrey.

Bien que le monde ait changé depuis 1948, et que la démocratie ait fait d’énormes progrès, encore trop de femmes, d’hommes et d’enfants voient leurs droits les plus élémentaires bafoués quotidiennement et font face au mépris le plus consternant.

Le respect des droits de la personne et le rôle des institutions qui l’appuient doivent être renforcés par tous les moyens.  

Je sais à quel point ce principe vous importe, Monsieur le Président, et sachez que la femme qui se tient devant vous, dont l’enfance en Haïti a connu l’un des régimes les plus répressifs et sanguinaires du siècle dernier, sait également ce qu’il en coûte de voir sa dignité réduite à néant.

C’est une responsabilité que ni la Slovénie, ni le Canada, ne prennent à la légère.

De même que « les noms que se donne le soleil ne suffisent pas », comme le dit si bien l’un de vos poètes, Tomaž Šalamun, il n’est pas de fin à l’énergie que nous devons prodiguer ensemble pour que chaque nouveau jour se lève enfin sur un ciel où régnera la solidarité humaine.

C’est donc avec la certitude de me trouver ici en un pays ami et en votre compagnie, Monsieur le Président, devant un esprit complice, que moi et les membres de la délégation qui m’accompagnent irons résolument à la rencontre de vos compatriotes.

Plus tôt aujourd’hui, j’ai eu l’occasion d’avoir de fructueux échanges avec vous, Monsieur le Président, de même qu’avec le premier ministre et le président de l’Assemblée nationale.

Les membres de la délégation canadienne et moi-même sommes impatients de discuter avec vos compatriotes d’aspirations et de préoccupations que nous partageons en ce monde de plus en plus ouvert et complexe, qu’il s’agisse du renforcement de la justice internationale, de la construction de la paix dans le monde, de la promotion de nos modes d’expression dans leur diversité et leur originalité, de même que des moyens mis en œuvre pour que nos jeunes soient en mesure d’apporter leur pleine contribution à la vie en société.

C’est également dans un esprit de solidarité que nous nous apprêtons à accueillir chez nous, à Vancouver, en février et en mars 2010, les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver.

Et nous comptons sur vous, amis slovènes, pour faire de cette rencontre exceptionnelle une célébration des plaisirs de  l’hiver, de l’excellence sportive et de la fraternité. 

Soyez aussi assuré, Monsieur le Président, que, tout au long de notre séjour parmi vous,  nous ne négligerons pas d’apprécier les beautés de votre pays si choyé par une nature prodigieuse qui s’étend des Alpes juliennes jusqu’aux rives de la mer Adriatique. 

D’ores et déjà, je sais que je pourrai dire aux Canadiennes et aux Canadiens qu’ils avaient raison : un miracle existe dans l’Europe actuelle, et il s’appelle la Slovénie…

Merci mille fois, Monsieur le Président, de votre accueil exceptionnel et de ce dîner offert en notre honneur.

Que l’amitié entre les peuples slovène et canadien ne cesse jamais de croître et apporte au monde un peu de notre foi en un avenir meilleur.