Assermentation du 44e président des États-Unis d’Amérique, monsieur Barack Obama

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Déclaration à l’occasion de l’assermentation du 44e président
des États-Unis d’Amérique, monsieur Barack Obama

Rideau Hall, le mardi 20 janvier 2009

Le 21 mars 2007, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, en ces lieux mêmes, dans cette salle, à Rideau Hall, se tenait un forum pour marquer le bicentenaire de la Loi d’abolition de la traite des esclaves dans l’empire britannique.

J’ai entendu alors des jeunes commémorer ce jour salutaire du 25 mars 1807 où la traite des esclaves et l’esclavage sont proscrits formellement en terre canadienne.

J’ai entendu des jeunes dénoncer avec ferveur les inégalités encore répandues entre des êtres qui ont peut-être « une histoire différente », mais qui partagent tous « les mêmes espoirs ».

J’ai entendu des jeunes militer pour que les chaînes de la ségrégation ne se substituent pas aux chaînes de la servitude.

Et, dans leurs paroles d’indignation et d’espoir, j’ai entendu aussi les cris muets de toutes ces Africaines et de tous ces Africains enchaînés, passant la Porte du non-retour vers une Amérique qui les réduirait à l’esclavage.

J’ai entendu aussi les cris de joie de mes propres ancêtres haïtiens se libérant du joug de l’oppression pour créer en 1804 la première république noire au monde.

J’ai entendu aussi les cris de soulagement de milliers d’Afro-américains fuyant l’esclavage par le chemin de fer clandestin pour trouver ici refuge et émancipation.

Par-delà ces voix, où se mêlaient et se mêlent encore souffrance et libération, j’entendais celle du révérend Martin Luther King qui, dès 1963, nous invitait tous, frères et sœurs de ce continent, sœurs et frères de ce monde, à avoir l’audace d’un grand rêve.

Qui nous invitait toutes et tous  à oser « nous asseoir ensemble à la table de la fraternité ».

Or, ce rêve du révérend Martin Luther King préparait l’arrivée aujourd’hui d’un Afro-Américain à la Maison-Blanche.

L’assermentation du 44e président des États-Unis d’Amérique, monsieur Barack Obama, est un moment historique que nous soulignons avec allégresse.

Car, si cet événement a lieu chez nos partenaires, voisins et amis du sud, il revêt une signification symbolique d’une amplitude planétaire.

C’est une nouvelle page de l’histoire des civilisations qui s’écrit sous nos yeux et qui répond aux vœux de tant de jeunes, de femmes et d’hommes, de tous les horizons et de toutes les allégeances, de voir notre monde devenir plus juste et plus humain.

En ces temps où les plus fragiles d’entre nous sont menacés par une économie qui vacille, par la folie guerrière et par la crispation des préjugés, saluons cette vague d’espoir qui nous atteint en plein cœur.

C’est l’espoir en un monde où l’être humain retrouve enfin sa place au centre de tous les systèmes qu’il invente pour faire de la vie la plus fabuleuse de toutes les aventures.

Au nom de la population canadienne, nous souhaitons les meilleures chances de succès au nouveau président américain et nous nous réjouissons de l’accueillir bientôt au Canada dans le cadre de son premier voyage officiel.