Son Excellence la très honorable Michaëlle Jean - Discours à l’occasion d’un dîner pour les délégués à la conférence du Comité militaire de l’OTAN

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Rideau Hall, le jeudi 6 septembre 2007

À titre de gouverneure générale et de commandante en chef des Forces canadiennes, je vous souhaite la bienvenue à Rideau Hall, qui est la résidence officielle de tous les gouverneurs généraux depuis la Confédération, en 1867.

Mon mari Jean-Daniel Lafond et moi-même sommes ravis de vous y accueillir.

C’est avec beaucoup de fierté que j’occupe ce poste et que nous habitons ces lieux, depuis bientôt deux ans.

En ces jours éprouvants pour eux et pour la population canadienne qui suit leurs efforts avec admiration, il m’importe de mettre en valeur le travail exemplaire de nos militaires et de reconnaître le rôle que jouent les Forces canadiennes au pays et à l’étranger.

Aussi le Canada est-il fier d’accueillir pour la première fois depuis 1997 ce prestigieux Comité militaire des représentants nationaux auprès de l’OTAN.

Je suis particulièrement heureuse de constater que vous aurez la chance de vous imprégner de la richesse démographique et géographique de notre pays, puisque vous vous rendrez à Victoria, sur la côte ouest, où vos réunions auront lieu, après ce bref séjour dans notre capitale nationale.

Je suis convaincue que vous apprécierez le cadre enchanteur de la ville la plus occidentale du Canada et de la province qui est la terre ancestrale de nombreuses nations autochtones, de même que la terre d’accueil d’immigrants des quatre coins du monde.

Les enjeux dont vous débattrez au cours des prochains jours sont d’une importance capitale pour la population canadienne.

Le Canada appuie sans réserve les objectifs visés par l’OTAN en matière de sécurité internationale et en vue de contrer la stratégie de la terreur qui sévit hélas en certains points chauds du globe.

Une approche solidaire m’apparaît la condition essentielle à la réussite des partenaires de l’OTAN.

Notre volonté commune de travailler au nom d’un idéal de justice et de liberté, et de rétablir sécurité et prospérité là où oppression et misère affligent enfants, femmes et hommes, doit se traduire dans toutes nos actions.

Notamment en ce qui concerne le cas de l’Afghanistan qui retient l’attention des Canadiennes et des Canadiens ces jours-ci.

Le 8 mars dernier, à l’occasion de la Journée internationale de la femme, j’effectuais mon premier voyage en Afghanistan pour rendre hommage au courage des femmes afghanes.

Je tenais à souligner ainsi le rôle essentiel qu’elles jouent et qu’elles doivent jouer dans tous les efforts de reconstruction au sein de la société civile.  Je tenais à leur dire qu’elles ne sont pas seules et que nous ne sommes pas indifférents.

Et partout où je suis allée, lors du tête à tête avec le président Karzaï et des membres de son cabinet, dans un centre de formation destiné aux femmes au cœur d’un des quartiers les plus démunis de Kaboul, au camp militaire de Kandahar et au sein de l’équipe de reconstruction de la province de Kandahar, j’ai constaté à quel point il importait de redonner sa dimension humaine aux efforts quotidiens de tant de femmes et d’hommes, civils et militaires, en Afghanistan.

J’ai vu sur le terrain des membres des Forces canadiennes, des policiers civils, des fonctionnaires, des diplomates, des humanitaires du Canada travailler ensemble, et en étroite collaboration avec leurs partenaires afghans en vue de faciliter la création d’un environnement sécuritaire et de mettre en œuvre des conditions favorables de développement pour le peuple afghan.

Pas de développement sans sécurité, et la stabilité vient par l’éducation, la mise en place d’infrastructures, l’amélioration des conditions de vie et le redressement des économies.

C’est ce que m’ont dit clairement militaires et humanitaires en Afghanistan, comme je le disais en avril dernier à des ministres de la Défense de pays membres de l’OTAN.

Et je le répète ici au Canada aussi souvent que je le peux.

La conviction inébranlable de ces femmes et de ces hommes engagés à établir des partenariats prometteurs avec une population qui tente de sortir de plusieurs décennies de détresse et de désespoir est peut-être le meilleur gage d’avenir qui soit.

Ne perdons pas de vue la raison d’être de notre engagement auprès des Afghanes et des Afghans.

Cette raison d’être est simple : elle consiste à raviver l’espoir de stabilité, de justice et de prospérité là où, pendant trop longtemps, il n’y a eu que chaos, iniquité et ruines.

Il s’agit de leur donner les moyens de reprendre leur destin en main, avec dignité et assurance, et de leur permettre de construire la démocratie selon leur perspective.

Seul un engagement multilatéral clair et solide nous permettra d’atteindre cet objectif.

J’espère que la poursuite de cet objectif s’inscrira au cœur de vos délibérations en ce pays, le Canada, qui incarne l’espoir d’un monde meilleur.

Que votre séjour parmi nous soit des plus agréables.