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Rideau Hall, le vendredi 26 octobre 2007
Mon mari Jean Daniel Lafond et moi sommes heureux de vivre avec vous cette cérémonie qui revêt à bien des égards un caractère historique.
Il s’agit de la 100e cérémonie d’investiture de l’Ordre du Canada, dont nous célébrons le 40e anniversaire cette année.
Si vous le voulez bien, faisons ensemble un retour dans le temps et écoutons mon prédécesseur de l’époque, le très honorable Roland Michener, s’adresser aux premiers membres de l’Ordre à l’occasion de la toute première cérémonie d’investiture.
(extrait sonore)
C’était une première dans l’histoire de notre pays, qui célébrait son centenaire. Auparavant, les Canadiennes et Canadiens ne pouvaient être honorés que dans le cadre du régime de distinctions britannique.
En 1967, 149 Canadiennes et Canadiens étaient nommés membres de l’Ordre du Canada.
Deux de ces Canadiens, deux Compagnons de l’Ordre, ont accepté de se joindre à nous aujourd’hui.
Il s’agit de M. Alex Colville, reconnu à l’échelle mondiale comme l’un des peintres marquants de son époque et dont certaines œuvres sont exposées ici, à Rideau Hall, et le docteur Jacques Genest, spécialiste de l’hypertension artérielle reconnu à l’échelle internationale et fondateur de l’Institut de recherches cliniques de Montréal.
Mr. Colville, M. Genest, merci de nous faire l’honneur de votre présence à cette 100e cérémonie d’investiture, qui vous rappellera sans doute d’heureux souvenirs.
Nous sommes impatients de vous entendre nous parler de votre expérience et du regard que vous posez sur l’Ordre du Canada, 40 ans après sa création.
Et permettez que je mentionne également le nom des personnes employées ou rattachées à Rideau Hall qui ont contribué à la première cérémonie d’investiture et qui sont des nôtres aujourd’hui :
Bruce Beatty, la force créatrice à qui l’on doit le design de l’insigne de l’Ordre du Canada en forme de flocon de neige et qui a assisté à toutes les cérémonies d’investiture;
Joyce Bryant, qui a été longtemps à l’emploi de la Résidence du gouverneur général et qui est l’ancienne administratrice du secrétariat de l’Ordre du Canada;
Gilles Carrière, valet de pied à la première cérémonie d’investiture et aujourd’hui notre maître d’hôtel;
Denise Gosset-Bergeron; qui connaît chaque recoin et chaque objet de cette maison. Madame Gosset-Bergeron fait partie de l’équipe de l’entretien ménager et a aussi travaillé lors de la première cérémonie d’investiture;
Anthony Smyth, membre du premier secrétariat de l’Ordre, qui a par la suite occupé le poste de sous-secrétaire du gouverneur général et qui est aujourd’hui président du Musée canadien de l’aviation.
Merci d’être parmi nous pour témoigner de cet événement qui restera gravé dans les mémoires.
Nous avons appris ce matin que le Canadien David Adams, Officier de l’Ordre du Canada, étoile du ballet, chorégraphe et danseur-fondateur du Ballet national du Canada, est décédé mercredi à la suite d’une longue maladie.
Nos pensées accompagnent sa famille et ses amis dans ces moments douloureux.
Les gens de ce pays, d’où qu’ils soient et de quelque milieu qu’ils proviennent, n’ont pas l’habitude de se mettre à l’avant-scène.
Nous affichons beaucoup de modestie, de retenue dans l’appréciation de nous-mêmes.
Je l’ai observé à maintes reprises lors de mes traversées du pays.
Partout, de l’Atlantique au Pacifique, et jusque dans les communautés métis, inuit et des Premières nations du Grand Nord et de l’Arctique, j’ai rencontré des personnes exceptionnelles.
Des femmes et des hommes animés d’une passion vive pour ce qu’ils font, mais humbles et réservés quand il s’agit d’eux-mêmes et de leurs réalisations.
À la lecture des débats qui ont précédé la création de l’Ordre du Canada, on se rend compte que la controverse qu’elle a suscitée cache un fond de modestie, un malaise quant à la notion d’excellence et de reconnaissance.
Qu’avons-nous besoin d’une médaille pour connaître notre valeur?
La satisfaction du devoir accompli ne devrait-elle pas suffire?
Quarante ans plus tard, je répondrai à cela que la médaille en forme de flocon de neige est le symbole par excellence d’un idéal à atteindre.
Et tous autant que nous sommes avons soif de cet idéal. Surtout les plus jeunes. Ils ont des idées et des rêves plein la tête, des choses à dire et à faire, des territoires à explorer et des espaces à conquérir.
À nous de leur proposer des modèles qui les inspirent. Il faut instiller dans le cœur de nos jeunes la confiance, la fierté, l’audace et le désir d’aller au bout d’eux-mêmes.
Vous qui serez honorés aujourd’hui êtes ces modèles. Ne sous-estimez jamais l’espoir que vous suscitez dans notre société.
Vous-mêmes, par vos actions et vos idées, nous incitez à repousser nos limites et à découvrir à quel point nous avons toujours le pouvoir de changer le monde.
Les femmes et les hommes membres de l’Ordre du Canada ont accompli des choses remarquables, dans toutes les sphères d’activités imaginables.
Mais combien de Canadiennes et de Canadiens de grand mérite, appréciés au-delà de toute mesure par celles et ceux qui ont bénéficié de leurs actions, n’ont pourtant jamais été investis de l’Ordre du Canada?
Quarante ans après la création de cette distinction honorifique de la plus haute importance, deux défis se posent à nous.
En premier lieu, Jean-Daniel et moi croyons crois profondément au mentorat. Il nous faut jeter des ponts par delà les générations pour qu’elles s’enrichissent les unes des autres. Il faut créer des liens forts et constructifs entre les membres de l’Ordre et la jeunesse.
En second lieu, je crois que nous devons tout mettre en œuvre pour faire connaître l’Ordre et ses membres. Il est clair qu’il nous faut trouver des moyens d’accroître le nombre de mises en candidature d’un bout à l’autre du pays.
Des idées me viennent lorsque je pense à ces défis, des idées que j’aimerais partager avec vous.
Parfois, des jeunes et des membres de l’Ordre discutent dans notre site « À l’écoute des citoyens ». Et savez-vous ce qu’ils écrivent, ces jeunes, lorsqu’ils s’adressent à un membre de l’Ordre du Canada? Ils disent : « Vous êtes pour moi un héro. »
Eh bien, il faut que le dialogue se poursuive.
Je rêve d’un programme de mentorat qui unirait dans un esprit de réciprocité des jeunes et des membres de l’Ordre, permettant aux différentes générations d’apprendre l’une de l’autre, dans une relation de confiance et de partage.
En fait, nous y travaillons dès maintenant et entendons créer des liens de mentorat entre 20 jeunes et 20 membres de l’Ordre d’ici 2008.
D’ailleurs, j’ai été heureuse d’apprendre que quatre de nos nouveaux membres — M. Roland Gauvin, Mme France Itani, M. Austin Mardon et M. Hector Jacques — ont été reconnus pour avoir joué un rôle de mentor auprès des jeunes.
Ces mentors sont la preuve vivante qu’un tel programme est possible et réalisable.
Je me prends aussi à rêver d’une fondation. Une fondation qui serait créée et gérée par des membres de l’Ordre. Une fondation qui pourrait mettre sur pied des programmes en faveur des jeunes et des projets de promotion de l’Ordre et de ses membres.
Ce rêve, je souhaiterais qu’on le poursuive ensemble. Il suffit que l’un de vous s’y mette pour qu’il devienne réalité. Ce serait un legs formidable des membres de l’Ordre du Canada.
Aujourd’hui, nous accueillons dans l’Ordre du Canada 40 autres citoyennes et citoyens d’exception.
Que votre exemple en encourage d’autres à se surpasser et à prolonger votre œuvre dans leur propre vie et à leur propre façon.
Le temps est maintenant venu de braquer les projecteurs sur vous qui représentez ce qu’il y a de mieux en nous.
Voyons de quelle façon vous contribuez à faire du Canada une terre de prédilection, un pays où les citoyennes et les citoyens peuvent donner la pleine mesure d’eux-mêmes.
Merci beaucoup.
