BLOGUE : Le Nouveau Brunswick enfin!

Ce contenu est archivé.

16 mai 2007

par Son Excellence Michaëlle Jean

Nous devions y être en visite officielle dès l’an dernier, mais le déclenchement des élections provinciales nous a forcés  à reporter le voyage.

Arrivés hier, nous avons choisi comme première étape d’aller saluer les militaires et leurs famille de la base de Gagetown, qui, on le sait, ont été durement éprouvés durant le congé de Pâques par la mort de quatre de leurs soldats en Afghanistan. Il leur fallait en parler, exprimer leur peine et j’ai beaucoup appris sur ce qui est mis à leur disposition côté services et ressources dans les circonstances. Ces familles sont émouvantes et courageuses, toutes ces jeunes mères et leurs enfants m’ont raconté la longue attente et comment leur vie s’organise entretemps. Les familles des soldats déployés ont besoin d’être écoutées, leur situation est particulière et elles ont besoin de sentir qu’on s’y intéresse et qu’elles ne sont pas seules. Le pire, disent-elles, c’est l’indifférence et l’incompréhension.

La journée s’est poursuivie à Fredericton, à la Galerie Beaverbrook où l’on peut voir l’une des plus belles expositions du travail renversant de Miller Brittain (1912-1968), peintre originaire du Nouveau-Brunswick, contemporain d’Alex Colville. Comme nous disait notre guide, ce cher monsieur Lalonde, Beaverbrook est peut-être la plus petite, mais certainement l’une des plus riches galeries au Canada. Dès l’entrée, on y est accueilli par trois monumentales toiles de Salvador Dali. Au sous-sol, une très intéressante sélection des plus beaux Krieghoff. Juste à côté, des enfants viennent tous les jours après les classes explorer les rudiments de la création artistique. J’ai eu l’heureuse surprise en allant discuter avec eux de recevoir un collage collectif qu’ils ont réalisé à partir d’extraits de mes discours et de photos insérés dans un joyeux motif floral multicolore. Ces petits de moins de 10 ans m’ont fait là un magnifique cadeau que j’ai eu envie d’intituler « résonances », car à leur façon ils témoignent ainsi d’une écoute.

La soirée s’est achevée avec de jeunes artistes locaux, musiciens et poètes qui nous ont fait la démonstration de leur talent avec enthousiasme, passion et un grand sens de la fête.

Belle ambiance, mais aussi une riche discussion sur leur choix de l’art pour se dire et comme espace de dialogue et de rencontre. Ils ont choisi de rester et de développer ici les moyens de créer, convaincus que de nombreuses solutions et idées neuves naissent au sein des petites communautés où l’on sait encore faire ensemble et porter collectivement des projets même ambitieux. Ils citaient en exemple non seulement leurs propres réalisations, mais aussi le festival de poésie de Trois?Rivières et celui de musique actuelle de Victoriaville, au Québec. Je leur donne raison et salue leur détermination.