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8 mars 2007
par Son Excellence Michaëlle Jean
J’avais souhaité depuis longtemps passer ce 8 mars, Journée internationale de la femme, aux côtés des femmes afghanes, pour rendre hommage à leur courage et à l’espoir que leurs réalisations incarnent pour les femmes du monde entier.
Pendant toutes ces années extrêmement sombres, j’ai souvent imaginé leur vie sous la terreur et, intérieurement, je criais d’indignation pour elles qui ne le pouvaient pas. Leur sort était pour moi, comme pour tant d’autres, inacceptable. S’en prendre à la dignité des femmes, c’est offenser la vie, c’est bafouer l’humanité. Et aujourd’hui encore, les femmes afghanes doivent quotidiennement faire face à de dures réalités. Je sais que moins de 10 pour cent des Afghanes accouchent en présence d’une personne qualifiée et que ces conditions précaires entraînent plus de la moitié des décès des Afghanes en âge de procréer. La mère que je suis souffre d’apprendre que le taux de mortalité infantile en Afghanistan atteint près de 20 pour cent. Pour certaines, le quotidien est un tel calvaire qu’elles renoncent à la vie. Le suicide est pour elles la seule issue possible devant des situations intenables au point de s’immoler par le feu.
Je suis ici, avec les femmes afghanes, pour dire de vive voix ma conviction que seule la mobilisation en faveur de ces femmes, dans le respect de leurs besoins et de leurs aspirations est possible.
Si vous saviez combien je suis convaincue que la participation des femmes à la vie de la cité et des villages est une garantie de progrès. Le rôle que les femmes afghanes doivent jouer dans la reconstruction de l’Afghanistan est incontournable.
J’ai dit aujourd’hui, lors de ma rencontre avec le président Karzaï, que les femmes ont toujours su combien la vie est précieuse, que leurs aspirations profitent à l’ensemble et que l’avenir de ce pays passe par elles. Donnez du pouvoir aux femmes et vous verrez reculer la pauvreté, l’analphabétisme, la maladie et la violence. J’ai aussi visité aujourd’hui une école, financée par l’Agence canadienne de développement international, et dont l’objectif est d’offrir aux femmes afghanes des possibilités de formation afin qu’elles aient les moyens de gagner dignement leur vie, de pourvoir aux besoins de leurs enfants et de contribuer à l’avancement de leurs communautés. Durant ces rencontres et ce voyage, deux canadiennes d’exception, engagées quotidiennement pour la cause des femmes, m’accompagnent : June Webber, directrice du service des politiques internationales et du développement de l’Association des infirmières et infirmiers du Canada, et Francine Pelletier, documentariste et chercheure indépendante.
L’engagement du Canada est sans équivoque : nous tenons à nous assurer que la situation des femmes — canadiennes, afghanes et du monde entier — s’améliore et que leur voix se fasse entendre.
J’ai appris ce proverbe tadjik que je vais rapporter avec moi : « Le travail d’une femme vaut mieux que les discours de cent hommes. »
