9 mai 2007

par Son Excellence Michaëlle Jean

Mon emploi du temps fort chargé ne m’a pas permis jusqu’à présent de vous répondre instantanément, mais à la lecture des réponses que vous laissez dans les blogues et dans les forums, je constate que certaines discussions demandent quelques réponses ou quelques éclairages.

Dans certains forums, vous vous interrogez sur les fonctions et le rôle du gouverneur général, sur ce que je fais au quotidien. Le site www.gg.ca et les blogues vous permettent de suivre les événements auxquels je participe, mes rencontres, mes déplacements. Cela dit, nous réfléchissons à une façon plus systématique de vous informer des activités du bureau. Entre-temps, lorsque vous le demandez directement dans les forums, l’équipe d’À l’écoute des citoyens tente de vous apporter certains éclairages pour enrichir le dialogue. J’estime qu’il est important que les Canadiennes et les Canadiens comprennent le rôle et des responsabilités du gouverneur général et soient conscients de son engagement et de sa vision. Je crois, par exemple, que pour être efficacement à l’écoute des citoyens, il est essentiel d’aller à la rencontre des communautés, de constater et d’accompagner le dynamisme des organisations au sein la société civile, de créer des occasions de prise de parole et d’échanges à travers le pays. J’y consacre beaucoup de temps et mon mari Jean-Daniel Lafond également. C’est la raison pour laquelle nous avons, entre autres, créé cet espace dans Internet.

D’autres thèmes de réflexion suggérés par des internautes sur ce site ont particulièrement retenu mon attention. La discussion autour du suicide chez les jeunes, notamment chez les Premières Nations et les communautés inuites, rejoint les préoccupations exprimées sur la nécessité de porter attention à l’autre, de prendre le temps d’écouter, de sortir de l’indifférence et de faire preuve de compassion. C’est ce que nous ont dit dans les forums mjwolfchild, blacklikeme, centreofthestar, ou encore, JoAnne.

Beaucoup de jeunes ont écrit qu’il est souvent difficile pour eux de se trouver une place dans la société et d’être reconnus. D’autres, comme kiki, ont rappelé la force des rêves et des utopies : « Il n'est pas utopique de croire en ses rêves, même et surtout lorsqu'on est jeune! Pour rêver, il faut d'abord bien se connaître et décider du chemin que l'on veut faire. » Je suis touchée par ces témoignages car, si vous vous référez aux propos que je tiens, notamment dans mes discours qui sont tous publiés en ligne à www.gg.ca, vous constaterez que cela fait partie de mes préoccupations.

Il a aussi beaucoup été question dans les discussions et commentaires de la discrimination sous toutes ses formes. J’ai pu constater votre refus de l’intolérance. Vous recommandez, comme autant de solutions pour faire reculer l’incompréhension et le racisme, le dialogue, l’importance de parler, de discuter et de sensibiliser. Bianco et OuldSimo ont même proposé certaines démarches concrètes dans ce sens. Je retiens également que plusieurs jeunes réclament des lieux pour discuter et échanger. Je vous dirais que, partout où je rencontre des jeunes, d’un forum à l’autre à travers le pays, cette requête revient avec force. Et j’aime voir que vous profitez de ce site pour vous lancer des invitations, comme l’a fait Élodie le 23 avril dernier en conviant tout le monde au Festival Jeunesse des YMCA de Montréal.

Tout cela nous conduit à l’un de mes thèmes les plus chers : celui du vivre ensemble. Il s’agit de l’un des enjeux les plus débattus en ce moment dans le monde. Comment rassembler nos idées, nos aspirations, les valeurs que nous avons en partage? Comment définir l’espace citoyen? Comment dialoguer en dépit de nos différences? Comment à la fois célébrer la diversité et bâtir ensemble sur des fondations communes et solides? L’état actuel du monde rend cette réflexion cruciale. Et j’apprécie que vous l’alimentiez de vos points de vue et de vos commentaires.

À bientôt.