Dîner d’ouverture de la International Monetary Conference

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Toronto (Ontario), le dimanche 31 mai 2015

 

Je vous remercie pour votre accueil chaleureux, et merci d’être des nôtres ce soir.

Je souhaite la bienvenue à toutes les personnes venues de l’étranger pour être ici, dans la capitale financière du Canada.

Cette rencontre annuelle représente une occasion inestimable pour vous d’échanger sur vos idées et vos expériences, et de collaborer à renforcer les institutions bancaires et à bâtir un monde meilleur.

Vous êtes ici pour discuter d’enjeux cruciaux, notamment de la nature de la concurrence mondiale, du rôle de la technologie dans la perturbation des modèles de paiement, du rôle de la « réglementation des pratiques » et de l’importance de la culture comme moteur de l’amélioration du rendement.

J’aimerais me pencher sur quelques-uns de ces thèmes, en particulier celui de la culture, à partir de principes simples. Et je parle non seulement de la culture de vos organisations respectives, mais aussi de celle de la société que vous servez.

Nul doute que nous connaissons une époque de profonde mondialisation et de changement rapide, et que le secteur financier, comme tous les autres, est appelé à innover et à évoluer.

Le contexte dans lequel nous nous trouvons comporte des défis, mais offre aussi des occasions d’améliorer nos façons de faire. En temps de changement, il faut porter son regard tant vers l’extérieur que vers l’intérieur, vers ses forces et ses faiblesses, pour déterminer où il est possible, voire impératif, de faire mieux.

Ceci étant dit, permettez-moi simplement de poser la question suivante : quelle est l’essence de votre profession?

On pourrait répondre : la mesure du risque.

Mais à bien y penser, la nature profonde, l’essence même de la profession bancaire se résume à un seul mot :

La confiance.

Il s’agit d’un mot lourd de sens. Mais concentrons-nous sur sa définition la plus commune : foi ou espérance ferme envers la loyauté, la véracité, la fiabilité et la force d’une personne ou d’une chose. Il est possible d’assimiler la personne et la chose de la définition à votre personne, ainsi qu’au personnel et aux institutions que vous dirigez.

Nous passons donc d’un concept quantitatif, mesurer le risque, à un concept qualitatif, inspirer, maintenir et renouveler constamment la confiance. L’essence de la profession bancaire repose sur la qualité des liens de confiance qui existent entre les banques et les personnes qu’elles servent.

Les personnes que vous servez.

Dans un monde marqué par l’incertitude, les banques et les institutions financières réussissent dans la mesure où elles inspirent et méritent la confiance.

Pour pleinement mériter la confiance, il vous faut respecter deux devoirs : le devoir fiduciaire envers vos clients d’agir avec honnêteté et bonne foi, et le devoir d’agir de façon responsable, soit avec prudence, diligence et habileté.

Comme vous le savez, la crise financière mondiale de 2008 a éclaté parce que trop de gens associés de près ou de loin au secteur bancaire ont oublié leurs devoirs.

Beaucoup de personnes et de familles ont perdu de grosses sommes d’argent durement gagné au moment de la crise, et beaucoup d’institutions financières ont perdu autre chose par la même occasion : leur crédibilité auprès du public.

Avec l’aide des nouvelles technologies, vos concurrents en démarrage exploitent ce « manque de confiance ». Le contrat social établi entre le public et les institutions financières a été révoqué – ce qui est grave, puisque ce contrat représente votre avantage concurrentiel dans un monde en rapide évolution.

Une partie de la confiance qu’on vous accorde est associée à ce contrat social conclu avec la société que vous servez. Rappelons-nous qu’avant d’écrire La richesse des nations à Édimbourg, en 1776, Adam Smith a écrit la Théorie des sentiments moraux, en 1759. Au cours des années ayant mené à la crise de 2008, certaines personnes ont oublié le premier livre. Pourtant, tel n’avait pas été le cas d’Adam Smith! La richesse des nations est une explication puissante à la défense du capitalisme en tant que système économique, mais on ne saurait la dissocier des principes moraux qui guident la bonne société, fondée sur la confiance.

Heureusement, les banques ont toujours été des piliers de leurs communautés et de bons citoyens corporatifs. Cette réputation, bien que meurtrie, perdure. Les banques sont encore généralement perçues comme un lieu où il est sécuritaire d’investir, d’économiser et d’obtenir du crédit.

Permettez-moi maintenant de continuer sur une note un peu plus personnelle. Sur l’invitation de Bill Downe, j’ai accepté de m’adresser à vous ce soir parce que je connais chacun des PDG des banques canadiennes à cette table et que j’ai connu au moins leurs prédécesseurs immédiats. Ils comptent parmi les chefs les plus admirés et dignes de confiance de la société canadienne. Et c’est bien la culture qu’ils personnifient dans leurs institutions. Leur intégrité rejaillit sur les institutions qu’ils dirigent.

Dans n’importe quelle collectivité canadienne, surtout dans les plus saines, vous trouverez une importante proportion de directeurs, de superviseurs et de caissiers de banques à la direction des fondations hospitalières et communautaires, des collectes de bienfaisance et des soupes populaires. Ces gens sont généreux de leur temps et de leur talent.

Entre autres facteurs, les liens étroits tissés entre les banques canadiennes et leurs collectivités ont contribué à ce que les institutions financières de ce pays émergent de la crise pratiquement sans dommage à leur réputation. Au cours des dernières années, le secteur bancaire canadien s’est classé parmi les plus solides du monde.

De nos jours, l’un des plus grands défis que doivent relever les institutions financières consiste à inspirer et à maintenir constamment la confiance de ceux qu’elles servent, tout en procédant aux innovations qui s’imposent pour demeurer concurrentielles dans le monde actuel.

Il existe de nombreuses façons d’inspirer la confiance. Les mots que j’ai prononcés plus tôt peuvent nous inspirer : loyauté, véracité, fiabilité et force.

Il n’existe aucun raccourci pour atteindre l’objectif dont je vous parle, mais il est si important d’y parvenir. Et il s’agit, bien évidemment, de la raison pour laquelle vous vous êtes réunis au Canada.

Je vous remercie pour votre engagement envers votre profession et de votre détermination à faire le bien.

Que cette conférence vous soit constructive et édifiante.