Visite du NASDAQ MarketSite

Ce contenu est archivé.

New York (New York), le mercredi 29 mai 2013

 

Je suis enchanté de pouvoir me joindre à vous ici, à New York.

Je ne peux imaginer un autre endroit du monde où les affaires, les médias, la finance, la technologie et l’entrepreneuriat convergent avec autant de vigueur, de créativité et d’influence. Et je ne peux songer à aucun autre endroit de cette ville où cette combinaison de forces engendre autant d’énergie qu’ici même, au siège du NASDAQ dans Times Square.

L’intersection historique de Broadway et de la Septième Avenue est l’endroit parfait pour parler de la croisée des chemins où se rencontrent la recherche scientifique et l’esprit d’entreprise; ou, plus précisément, pour parler des façons d’encourager la recherche et de lancer nos innovations sur les marchés commerciaux.

Je tiens à remercier David Wicks, Rob Phillips et le NASDAQ de leur accueil amical de ce matin. Nous ne saurions trouver un meilleur endroit pour tenir cette discussion, étant donné le leadership du NASDAQ dans la transformation radicale des échanges et le fait que les entreprises dont il négocie les actions se situent à l’avant-garde de l’innovation, et je pense notamment à MDC Partners. J’ai bien hâte de m’entretenir à cet égard avec David Doft dans quelques instants.

Au cours de mon mandat, j’ai beaucoup mis l’accent sur l’apprentissage, la recherche et l’innovation, car ce sont les piliers du pays que mes concitoyens et concitoyennes au Canada veulent construire et du monde que nous voulons établir pour tous les êtres humains : un monde intelligent et compatissant, un monde intelligent et sensible, un monde où les hommes et les femmes vivent vraiment en liberté, atteignent leur plein potentiel et profitent d’une vie enrichissante, satisfaisante et valorisante.

L’apprentissage, la recherche et l’innovation me passionnent et m’intéressent depuis 50 ans. J’ai passé toute ma vie adulte, en grande partie en tant que professeur d’université, de doyen et de recteur, absorbé par les réflexions au sujet de la façon dont les hommes, les femmes, les jeunes garçons et les jeunes filles acquièrent, développent et utilisent les connaissances.

Au cours des deux années et demie que je viens de passer dans mon poste actuel, au sein du gouvernement, j’ai eu une occasion spéciale de partager ce que je connais. Chose plus importante encore, ces années m’ont permis de voyager beaucoup dans mon pays et dans le monde — je reviens d’Afrique, c’est-à-dire du Ghana, du Botswana et de l’Afrique du Sud — pour comparer avec d’autres la façon dont je comprends l’apprentissage, la recherche et l’innovation.

C’est ce désir de mettre en commun nos connaissances individuelles pour enrichir la sagesse collective qui nous réunit ici aujourd’hui. En réalité, nous sommes ici pour l’avancement de ce que j’appelle la diplomatie du savoir. La diplomatie du savoir est notre capacité et notre volonté de conjuguer les efforts faits dans diverses disciplines et dans divers pays afin de découvrir, de partager et de parfaire les connaissances.

Les étudiants en histoire savent que, souvent, les plus grands progrès de la civilisation n’ont pas trouvé leur origine dans une seule discipline, mais bien au confluent de diverses disciplines. Deux des meilleurs incubateurs d’innovations jamais créés sont situés tout près d’ici — des manifestations physiques frappantes de la valeur de la collaboration entre les disciplines.

Chez Bell Labs, de l’autre côté de la rivière Hudson au New Jersey, les dirigeants sont vivement conscients de la nécessité de cultiver des équipes de spécialistes de diverses disciplines. Pour certaines, cela s’est fait naturellement : la physique, la chimie, le génie, les mathématiques, l’électronique et la métallurgie.

Pour d’autres, c’était moins évident : la physiologie, la psychologie et la météorologie, mais elles sont néanmoins nécessaires à la réussite.

Ici même à New York, le processus de l’innovation interdisciplinaire parmi les jeunes entreprises a été plus organique, tandis qu’une masse critique d’ingénieurs, de scientifiques, de programmeurs, d’entrepreneurs et d’investisseurs a été peu à peu attirée par la « capitale des médias, de la publicité, de la finance et de la mode » afin de créer non pas tant une organisation de l’innovation qu’une géographie de l’innovation : un équivalent mû par l’innovation et moderne de la Florence de la Renaissance, le berceau de la Renaissance, qui a propulsé New York au deuxième rang mondial des plus grands centres de jeunes entreprises du domaine de la technologie.

Je sais que les New-Yorkais et les membres du NASDAQ sont eux aussi conscients de la nécessité de l’innovation.

Plus tard aujourd’hui, nous visiterons le Center for Urban Science and Progress (CUSP) à l’Université de New York; c’est une nouvelle initiative dans cette ville, un centre de recherche public-privé unique en son genre qui utilise New York comme laboratoire et salle de classe pour aider d’autres villes du monde à devenir plus productives, plus équitables et résilientes et plus faciles à vivre.

Une université canadienne, l’Université de Toronto, est partenaire de l’Université de NY dans le cadre du projet CUSP.

Sachant que le progrès se produit plus rapidement et plus en profondeur quand des personnes ayant différents antécédents et spécialités travaillent ensemble, je suis enchanté de savoir que des hommes et des femmes de tout un éventail de domaines et possédant des expériences très différentes sont présents ici, aujourd’hui : des entrepreneurs, des investisseurs, des spécialistes des communications et des universitaires.

Les jeunes connaissent Steve Jobs. C’était un technophile, comme il le disait lui-même, mais il accordait aussi de l’importance aux sciences humaines.

La diplomatie du savoir nécessite aussi des actions qui transcendent les frontières. De telles actions peuvent avoir lieu au niveau local, régional et national, mais elles sont les plus efficaces quand nous, Canadiens et Américains, franchissons notre frontière commune pour cultiver les relations entre chercheurs, scientifiques, étudiants, investisseurs et entrepreneurs. C’est ce que j’appelle l’échange international de capital.

Nous ne devrions pas nous voir comme des concurrents au chapitre de l’apprentissage, de la recherche et de l’innovation. Nous devrions toujours tendre à collaborer entre nous.

J’ai parlé plus tôt de la brillante métaphore de Thomas Jefferson au sujet d’une bougie allumée. C’est encore, je crois, la meilleure façon d’illustrer le concept de la diplomatie du savoir et sa formidable puissance.

La bougie allumée symbolise non seulement la lumière, mais aussi la transmission du savoir acquis d’une personne ou d’un groupe à l’autre. Si vous allumez une bougie avec la flamme d’une autre, cette autre bougie n’en est pas moins lumineuse. Au contraire! La lumière produite par les deux bougies brille davantage tout autour de nous.

En physique, on parle de candélas. Je crois pouvoir dire sans prétention que les Canadiens font souvent d'excellents partenaires lorsqu'il s'agit d’accroître l’intensité lumineuse, ou encore les candélas. Nous possédons trois qualités qui jouent en notre faveur.

Premièrement, nous croyons profondément en la valeur intrinsèque de l’acte consistant à apprendre les uns des autres et du partage du savoir à grande échelle. C'est par nécessité que nous avons très tôt acquis cette conviction; en effet, la survie même des premiers colons européens au Canada dépendait de leur volonté d’apprendre auprès des populations autochtones du pays.

Deuxièmement, nous avons rendu une éducation de qualité accessible à tous librement et à prix abordable. Ce faisant, nous avons permis à des générations de Canadiens de surmonter les obstacles qui existent dans tous les pays – le racisme, la pauvreté et l'absence de mobilité sociale – et de réaliser ainsi leur plein potentiel individuel.

Troisièmement, nous encourageons les néo-Canadiens à conserver et à célébrer les aspects de leur patrimoine qui ne s'opposent pas aux valeurs séculaires qui ont fait de notre pays une si belle réussite. Cette approche équilibrée enrichit la culture canadienne en intégrant le meilleur de ce que les autres nous apportent.

Notre tendance à pratiquer la diplomatie du savoir est sans doute la plus évidente dans les communications. Ici encore, nous avons acquis ce talent tôt et par nécessité. Le vaste territoire et la faible densité de population de notre pays ont incité des générations d'ingénieurs, d'entrepreneurs et de chercheurs canadiens à réfléchir à fond et à collaborer de près pour surmonter le défi qui consistait à transmettre les renseignements et le savoir sur de si grandes distances.

Permettez-moi de mentionner quelques héros.

Sandford Fleming a eu l’idée de proposer l’adoption de l’heure normale afin de faciliter les communications de toutes sortes et d’en accroître la cohérence et la fiabilité.

La création légendaire d’Alexander Graham Bell a préparé l’arrivée de la téléphonie au XXe siècle et la révolution qui s’est produite au XXIe siècle dans les communications mondiales.

J’ai parlé de Mike Lazaridis, qui a piloté les travaux qui ont abouti à la création de l’appareil mobile sans fil BlackBerry, dont des générations relient entre eux des personnes de plus en plus nombreuses dans le monde entier.

Le concept du village mondial inventé par Marshall McLuhan a permis à tous les citoyens de la planète de comprendre les conséquences de ce monde nouveau que nous construisons grâce aux technologies de l'information et des communications.

Aujourd’hui, de nombreuses entreprises canadiennes poursuivent dans cette voie de l’innovation. BlackBerry, que je viens de mentionner, OpenText et MDC Partners sont d’excellents exemples d’entreprises canadiennes qui mettent l’accent sur l’innovation et comprennent que leur avenir dépend de leur capacité de mettre au point des pratiques et des produits novateurs, puis de cultiver des marchés grandissants pour eux.

Ces entreprises misent sur leurs partenariats avec des entités américaines — y compris la bourse NASDAQ OMX — pour se procurer les capitaux et la visibilité dont elles ont besoin afin de favoriser les avancées technologiques et d’ouvrir des débouchés pour ces innovations aux États-Unis et sur les marchés mondiaux.

J’ai beaucoup employé le mot « innovation » jusqu’ici. C’est un mot que l’on entend souvent par les temps qui courent. Nous nous en servons tous fréquemment et dans de nombreux contextes différents. À un tel point qu'à mon avis, il a perdu toute signification universelle. Alors, qu’est-ce au juste que l’innovation?

Un de mes livres préférés parus en 2012 s’intitule The Idea Factory et est signé par Jon Gertner. Celui-ci y raconte l’histoire de Bell Labs. Comme je l’ai dit plus tôt, cette entreprise est un des plus grands incubateurs d’innovations jamais vus dans l’histoire, car elle est à l’origine de certaines des technologies des communications ayant le plus influé sur le cours du XXe siècle : le transistor, le circuit intégré, le téléphone cellulaire et le satellite.

Jack Morton était un ingénieur fonceur qui a joué un rôle déterminant dans la réussite du vaste service de développement de Bell Labs. Une de ses tâches plus connues a été de créer un plan pour faire passer le transistor du laboratoire au marché. Morton a été un des premiers à voir l’innovation sous son vrai jour : ce n’est pas une action isolée, mais plutôt un ensemble d’éléments reliés entre eux.

Morton a écrit que l’innovation n’est pas uniquement la découverte de nouveaux phénomènes, ni la mise au point de nouveaux produits ou de nouvelles techniques de fabrication, ni la création de nouveaux marchés. C’est plutôt l’intégration de toutes ces étapes pour parvenir à un but industriel commun.

Il a plus tard ajouté un corollaire à son idée en soutenant que l’innovation n’a pas lieu tant que l’on n’a pas fabriqué le nouveau produit en grandes quantités et trouvé un marché pour le vendre en grand nombre.

Je suis d’accord avec lui. Au cœur de l’innovation réside non seulement la valeur de la science pure, mais aussi un impératif économique fondamental. Innover, ce n’est pas seulement découvrir et comprendre. Le processus doit aussi déboucher sur la fabrication de produits de pointe et, finalement, sur la vente de ces produits.

Pour certains, vendre, c’est un acte banal. En réalité, c’est un synonyme de « réussir ».

Créer une culture de l’innovation bien enracinée est une responsabilité qu’assument ensemble tous les paliers de gouvernement, nos écoles – depuis le niveau primaire jusqu’à celui des études supérieures –, les fondations philanthropiques et tous les éléments du secteur privé – depuis les plus petites entreprises jusqu’aux grandes associations industrielles et aux plus vastes multinationales.

Je suis heureux de signaler qu’au Canada, nous comprenons maintenant sous un nouveau jour le sens fondamental de l’innovation. Nous comprenons que la productivité, la compétitivité, la croissance économique et une prospérité durable dans notre pays seront largement fonction de la science, de la recherche et du développement ainsi que des innovations issues des laboratoires mises plus rapidement à la portée du public, des ménages, des lieux de travail et des villes dans tout le Canada et dans le monde entier.

Nous ne nous contentons pas de comprendre le concept; au Canada, nous passons à l’action pour lui donner une expression concrète.

Nous investissons davantage dans les fonds de capital-risque pour les entreprises qui démarrent.

Nous aidons à créer de grands fonds de capital-risque.

Nous modifions les exigences relatives aux visas pour attirer des travailleurs étrangers possédant des compétences techniques de pointe.

En outre, nous appuyons les organismes incubateurs et accélérateurs pour qu’ils fournissent plus de services aux entreprises et aux gens d’affaires.

Le programme Capital de risque de la Banque de développement du Canada constitue un excellent exemple : il s’agit d’un fonds de plusieurs milliards de dollars qui s’associe maintenant au ministère des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada pour implanter le programme de l’Accélérateur technologique canadien à Boston, à Philadelphie, à San Francisco et ici même à New York.

Ce programme accueille des PME (petites ou moyennes entreprises) sélectionnées du domaine de la technologie dans les meilleurs marchés mondiaux pendant plusieurs mois; il leur fournit des bureaux, un encadrement, des possibilités de réseautage et un accès à des intervenants clés dans les milieux d’affaires locaux et dans ceux de la technologie de pointe. Le consulat général du Canada à New York travaille avec environ 300 entreprises du secteur de la technologie, dont 24 participent au programme de l’Accélérateur.

Le programme a connu un grand succès dans plusieurs centres internationaux clés, et je crois que bon nombre d’entre vous présents ici aujourd’hui auront des rapports avec des entreprises canadiennes grâce à ce programme dans le proche avenir. Les entreprises ayant déjà bénéficié de l’ATC aident à enrichir encore plus la diplomatie du savoir entre nos deux pays.

Les fondateurs d’entreprises telles que Datacratic et Elevate ont contribué à la création d’un réseau appelé N100 pour les entrepreneurs canadiens expatriés à New York. Je salue les hommes et les femmes de ces organisations en les remerciant des efforts essentiels qu’ils déploient pour partager et parfaire les connaissances par-delà les frontières.

À partir de 1996, les investissements dans la recherche ont augmenté considérablement. En fait, pendant 11 ans, ils se sont accrus de 11 p. 100 par année, et ils ont ensuite continué de croître.

Cet engagement financier soutenu a permis au Canada de se classer parmi les chefs de file mondiaux dans le domaine de la recherche fondamentale. Dans une étude menée en 2011, l’Information Technology and Innovation Foundation à Washington (D.C.) a fait l’éloge du Canada pour sa performance.

La Fondation a souligné que les fonds publics affectés à la recherche universitaire représentaient 0,39 p. 100 du PIB, comparativement à 0,24 p. 100 aux États-Unis.

Je mentionne ces chiffres pour comparer la performance du Canada à celle des É.-U., un chef de file mondial en matière d’innovation, et non pour faire état d’une compétition entre nos deux pays. Je répète ce que j’ai dit plus tôt : les Canadiens et les Américains doivent être partenaires au chapitre de l’apprentissage, de la recherche et de l’innovation.

Nous devons travailler ensemble en décloisonnant les disciplines et les organisations et en transcendant les limites et les frontières pour stimuler la recherche et le développement et accélérer le passage des innovations des laboratoires au marché.

Dans le continent que nous partageons, une étroite collaboration entre nos deux pays a toujours été le secret de la réussite. Nous avons si bien maîtrisé cet art que même nos grandes réalisations nous valent peu d’éloges. Un exemple de notre collaboration fructueuse mais discrète réside dans le programme Nexus.

Le programme accélère les déplacements et le commerce entre nos pays et favorise la sécurité et la sûreté, ce qui prouve que l’ouverture et la sécurité ne sont pas un jeu à somme nulle. Nous pouvons et devons avoir les deux.

La relation bilatérale entre le Canada et les É.-U. est un modèle pour le monde. Elle repose sur les valeurs que sont la démocratie, le respect, la primauté du droit et l’ouverture des marchés. Il n’existe nulle part ailleurs dans le monde deux autres pays qui entretiennent des rapports aussi étroits entre eux. Le Canada est le plus important partenaire commercial des États-Unis et leur principal fournisseur étranger d’énergie.

Prenant la parole pendant une session mixte du parlement canadien, il y a plus de 50 ans, le président Kennedy a décrit on ne peut mieux les solides liens unissant nos deux pays.

Il a déclaré : « La géographie a fait de nous des voisins. L'histoire a fait de nous des amis. L'économie a fait de nous des partenaires. Et la nécessité a fait de nous des alliés. »

À cette époque-là, nous définissions la nécessité comme étant le besoin commun de nous protéger et de protéger nos amis et notre mode de vie au point culminant de la guerre froide. Aujourd’hui, notre définition de la nécessité est différente, mais tout aussi redoutable.

Nous devons endiguer le coût des soins de santé avant qu’ils nous empêchent d’agir dans des dossiers primordiaux et pressants.

Nous devons moderniser notre infrastructure physique, en particulier les routes, les ponts, les égouts, les réseaux de transport en commun et les réseaux électriques de nos villes, après des décennies de négligence.

Nous devons aussi régénérer notre secteur de la fabrication et les collectivités industrielles urbaines qui ont misé sur les emplois et les hauts niveaux de vie que ce secteur a créés pour des générations de travailleurs et leurs familles.

Plus que jamais auparavant, les scientifiques, les chercheurs, les entreprises et les gens d’affaires américains ont la possibilité d’investir, de mener des recherches et d’établir des partenariats avec des Canadiens, de manière qu’ensemble nos deux pays puissent susciter et utiliser des innovations afin de relever les défis qui leur sont communs.

Je suis ici, aujourd’hui, à Times Square, un des carrefours de l’innovation les plus dynamiques d’Amérique, pour vous exhorter à collaborer avec les Canadiens, vos alliés dans l’innovation, afin de profiter des débouchés ainsi créés.

Merci.