Ce contenu est archivé.
Toronto, le mercredi 18 janvier 2012
Je vous remercie de m’avoir accueilli si chaleureusement et de m’avoir invité à venir prendre la parole avant le début de votre séance de ce matin. J’ai été ravi d’entendre parler de cette initiative que préside Amit Chakma, un ami et un partenaire de longue date, et qui vise à élaborer une stratégie internationale en matière d’éducation pour le Canada.
Ce type de réflexion concertée sur l’éducation est la voie à suivre pour notre pays. Déjà, vous vous êtes engagés à travailler ensemble et votre pensée est tournée vers le monde, comme Janus, vers l’arène internationale, mais est aussi centrée sur le Canada et son large éventail de possibilités en matière d’éducation, allant du préscolaire jusqu’aux études supérieures, de l’apprentissage permanent à la recherche, en passant par la transition de l’école au travail.
Apprendre est pour moi une passion. Je crois fermement au pouvoir de l’éducation de changer des vies pour le mieux. Comme vous le savez sans doute, avant de devenir gouverneur général, j’ai passé la plus grande partie de ma vie dans le milieu scolaire et universitaire, en tant qu’étudiant, éducateur et, jusqu’à tout récemment, comme administrateur d’université pendant près de 27 ans. Tout au long de ma vie, j’ai cherché à apprendre auprès de pédagogues et de mentors et à partager mes connaissances avec d’autres. Comme je le mentionnais dans mon discours d’installation il y a un peu plus d’un an, « Si on ne retient qu’une seule idée de mon discours d’aujourd’hui, je souhaite que ce soit : « chérir nos enseignants ». »
Comme c’est généralement le cas avec ce qui a trait à l’apprentissage et au savoir, un aspect de notre succès est lié à un autre. Nous avons donc intérêt à avoir une vue d’ensemble, comme l’a si bien dit E.B. White, pour façonner une stratégie internationale en matière d’éducation.
Notre défi est tout simplement de développer des réseaux de gens dans nos écoles, nos collectivités, notre pays et le monde qui pourront, ensemble, aider à faire du Canada une nation plus avertie et un modèle international de l’apprentissage au 21e siècle.
À plusieurs égards, nous y sommes presque. Des administrations telles que le Québec, l’Ontario et l’Île-du-Prince-Édouard ont beaucoup investi dans l’apprentissage préscolaire. Et grâce à des méthodes d’enseignement primaire et secondaire innovatrices en Alberta, au Québec et en Ontario, des provinces qui se hissent au premier tiers pour les enquêtes sur le niveau des élèves du secondaire de l’OCDE, un nombre grandissant d’élèves réussissent bien dans nos écoles secondaires aujourd’hui.
En fait, la province de l’Ontario est considérée comme ayant le système d’écoles secondaires le plus rigoureux du monde anglophone. Quant aux étudiants canadiens qui poursuivent leurs études après le secondaire, leur nombre continue d’être impressionnant à l’échelle mondiale.
Cela dit, non seulement pouvons-nous faire encore mieux mais, comme je compte l’expliquer dans mon discours d’aujourd’hui, nous devons faire mieux.
Bien sûr, la tâche n’est pas simple. Or, nous avons l’avantage de connaître déjà les personnes clés qui forment les réseaux si essentiels à notre succès.
Ces personnes, c’est nous tous.
C’est-à-dire tous les Canadiens et tous ceux qui, ici ou à l’étranger, ont intérêt à renforcer notre pays et à faire de ce monde le monde plus juste et plus équitable dont nous rêvons.
Il est difficile de ne pas exagérer l’importance de l’éducation dans nos vies, aujourd’hui. Comme nos expériences personnelles nous l’ont appris, l’éducation est un grand facteur de nivellement social et économique. D’ailleurs, il y a une multitude de données qui démontrent le lien entre l’éducation et le développement humain.
Le développement humain repose essentiellement sur l’idée d’offrir aux gens une multitude de choix pour qu’ils puissent vivre des vies enrichissantes. C’est avant tout par l’éducation, justement, que nous pouvons élargir nos choix et nous épanouir. Le Canada est un des pays qui en est le plus conscient. En ces temps difficiles où le monde entier est à juste titre préoccupé par des enjeux économiques, nous ne devons jamais oublier que le capital humain est, et sera toujours, ce qui nous permettra, en tant que société et en tant qu’individus, de nous adapter et de prospérer dans un monde complexe.
Ce qui nous ramène à notre propos, l’éducation.
J’aimerais citer rapidement trois données statistiques pour souligner à quel point l’éducation nous aide à élargir nos horizons.
-
Durant la crise économique de 2008–2009, les jeunes de 20 à 24 ans qui n’avaient pas de diplôme du secondaire risquaient deux fois plus d’être au chômage que ceux qui avaient terminé leurs études secondaires avec succès.
-
Selon Statistique Canada, le taux d’emploi en 2009 des adultes ne possédant pas un diplôme du secondaire était de 55 pour cent, alors qu’il était de 82 pour cent pour les diplômés de collèges et d’universités. Il est clair que le taux d’emploi est fonction du niveau d’éducation.
-
Pourquoi devons-nous adopter une approche holistique et intégrée en matière d’apprentissage allant du préscolaire aux études postsecondaires? Parce que environ un quart des enfants au Canada commencent l’école avec un retard de développement que trop d’entre eux ne rattraperont jamais.
Il s’agit donc là d’une grave lacune, alors que l’ensemble de notre système est plus qu’adéquat et ne cesse de s’améliorer. Nous devons également trouver une solution à l’état de l’éducation chez les Autochtones. C’est une situation tragique à laquelle des améliorations audacieuses et innovatrices doivent être apportées en concertation avec les communautés des Premières Nations et les communautés inuites et métis.
L’éducation n’est pas une garantie de succès; mais le manque d’éducation limite incontestablement les possibilités d’une personne de se réaliser pleinement.
J’aimerais vous raconter l’histoire de Joan Downey, une mère célibataire de deux fillettes de cinq et sept ans. Elle est la fille d’une veuve de guerre britannique qui s’était établie à Sault Ste. Marie après le décès de son mari et de son fils.
S’étant séparée de son mari en 1947, Joan était déterminée à refaire sa vie de manière à améliorer son sort et celui de ses deux filles. Les hommes du quartier – eux-mêmes des pères de famille laborieux de la classe moyenne – ont fait preuve de compassion à son égard en apprenant dans quelle situation difficile elle se trouvait et ont établi un fonds de soutien pour elle et ses enfants. Joan Downey leur a dit qu’elle voulait simplement un emploi. Comme elle ne possédait aucune compétence particulière, ce fonds lui a permis de faire deux années d’études pour devenir travailleuse sociale. Elle a fini par être très connue à Sault Ste. Marie pour avoir passé une grande partie de sa carrière à se rendre, en avion, faire des visites de travail dans les communautés isolées du nord de l’Ontario. À la fin de sa carrière, elle occupait le poste de chef d’une direction.
À 50 ans, Joan a entrepris une maîtrise en travail social à l’Université de Toronto puis est retournée à Sault Ste. Marie pour y démarrer le premier programme de transition de l’assistance sociale au marché du travail du nord de l’Ontario. Des dix premières mères assistées qu’elle a encadrées durant leurs études secondaires, neuf ont pu décrocher des emplois rémunérateurs et laisser pour de bon l’assistance sociale.
Joan Downey, c’était ma belle-mère. L’éducation a transformé non seulement sa vie, mais également celle de ses filles, dont l’une est devenue infirmière, et l’autre, qui est mon épouse, Sharon, est devenue physiothérapeute et a obtenu un doctorat en physiologie. L’éducation a en outre transformé la vie d’un grand nombre de ses clients des services sociaux.
Lorsque nous sommes à notre meilleur, que nous avons l’esprit vraiment ouvert et que nous débordons d’énergie et d’imagination, nous sommes tous à la fois élèves et professeurs. Nous devrions tous tenter de voir en chaque journée, chaque conversation et même chaque moment l’occasion de partager et de mettre à profit nos idées et nos expériences, et d’apprendre.
William Osler, célèbre médecin canadien et l’un des fondateurs de l’école de médecine moderne a dit un jour que ce qui est le plus difficile d’inculquer à un nouvel étudiant est le fait que les études qu’il entreprend ne sont ni un programme universitaire ni un programme de médecine, mais un programme de vie.
Cela vaut la peine de le répéter : apprendre est l’une des choses les plus importantes à faire au cours de notre vie, aussi bien en tant qu’individus qu’en tant que société. Étudier ne sert pas uniquement à gagner sa vie, mais également à obtenir un passeport pour apprendre à vivre.
Chacun de vous comprend très bien le pouvoir qu’a l’éducation – l’apprentissage – de changer pour le mieux la vie des gens et notre société.
En fait, j’estime que le principe du développement humain s’applique également aux sociétés et que la vitalité et le bien-être de notre pays dans ce monde en constante évolution reposent sur notre capacité de renouveler et d’approfondir notre engagement collectif à l’égard de l’apprentissage.
C’est pour notre pays le moment idéal de son histoire pour consacrer de nouveaux ses efforts sur l’apprentissage, car c’est une cause des plus pressantes et que le Canada a clairement la possibilité d’exceller à cet égard et de partager le fruit de ses expériences. J’ai la conviction que le Canada peut devenir le chef de file du 21e siècle dans le domaine de l’apprentissage. À mes yeux, il n’y a pas de but qui soit plus valable, et plus nécessaire, pour notre pays.
Aucune nation n’a travaillé autant que la nôtre à offrir l’égalité des chances à tous. Le système d’éducation publique du Canada en a d’ailleurs été le principal moteur.
Tout au long de notre histoire, en fait, le Canada a été la promesse fondamentale d’un avenir meilleur pour les gens. Hugh MacLennan a déjà qualifié le Canada de nation de « perdants ». Ce qu’il voulait dire, c’est que bon nombre d’entre nous sont venus au Canada pour fuir l’oppression, la famine ou les contraintes de leur terre natale, fermement déterminés à bâtir une vie meilleure pour leurs enfants. Or la voie du succès passe sans contredit par une éducation accessible et de qualité et ce, non seulement pour nos propres enfants, mais pour tout le monde.
Cela demeure notre but et notre défi, c’est-à-dire faire en sorte que chaque personne ait la chance de développer son plein potentiel, sans égard à sa situation économique, son milieu, sa religion, sa race ou son sexe. Nous devons également offrir l’égalité des chances et de l’excellence, non pas en tant qu’objectifs concurrentiels mais en tant qu’objectifs complémentaires.
Notre but est donc le même, alors que notre situation a changé considérablement au cours du dernier siècle, particulièrement depuis l’avènement d’Internet et de la révolution des communications qui en a découlé et qui atteint la majorité du globe. La mondialisation, le rythme accéléré du changement et la complexité de notre monde signifient que nous devons raffermir notre engagement en ce qui concerne l’éducation et étendre notre apprentissage au-delà de nos collectivités et de nos frontières. Et surtout, nous devons éviter de nous reposer sur nos lauriers.
Je crains parfois que nous ne tenions pour acquises nos réalisations en matière d’éducation et que nous cédions trop à la complaisance.
J’aimerais m’expliquer, si vous le permettez, en vous racontant une histoire.
Certains se rappelleront que quelque chose de remarquable s’est produit il y a quelques années, en Ontario, dans le système d’éducation secondaire. Après un effort soutenu et concerté avec les élèves, les parents, les enseignants et les administrateurs, la province a réussi à faire passer le taux de diplômés du secondaire de 68 à 81 pour cent, en six années seulement.
Réfléchissons maintenant à ce que cela signifie du point de vue du potentiel humain.
Cette hausse de 13 pour cent signifie qu’il y a aujourd’hui des dizaines de milliers d’Ontariens de plus qui ont leur diplôme du secondaire. Voyez à quel point ils ont amélioré leurs chances, grâce à ce diplôme du secondaire et ce, parce que nous avons eu la volonté collective de changer et d’améliorer nos salles de classe et nos écoles.
Songez à la portée de ce changement pour l’ensemble de notre société.
Lorsque ces chiffres ont été publiés, j’en ai été très heureux et cela m’a inspiré. Je me suis empressé de consulter les journaux, mais j’ai été déçu de constater que trois des quatre quotidiens de Toronto ne mentionnaient rien à ce sujet. Quant au quatrième, il avait inséré à la page huit quelques paragraphes sur cette histoire. Alors, qu’est-ce que j’ai fait? J’ai rédigé une lettre d’opinion que j’ai soumise à deux de ces quotidiens.
Mais mon article a été refusé par les deux journaux parce qu’il n’était apparemment pas « assez intéressant ».
Sachez que je suis bien conscient des pressions que subissent la presse écrite et autres médias pour ce qui est de la matière à publier et des restrictions financières. J’ai également un grand respect pour la profession de journaliste, essentielle à toute société démocratique.
Si je vous ai raconté cette histoire, ce n’est pas pour attaquer les médias, mais plutôt pour montrer que cette mentalité de dire qu’une hausse de 13 pour cent de diplômés du secondaire en 6 ans n’est pas une nouvelle « suffisamment intéressante » n’est pas unique à une profession, puisque c’est la société tout entière qui risque de céder à la complaisance et de négliger l’importance critique de l’éducation secondaire.
Évidemment, nous savons qu’un diplôme d’études secondaire ne signifie plus automatiquement la fin de notre scolarité, mais bien souvent l’étape qui précède les études collégiales ou universitaires et une vie d’apprentissage. Nombreux sont les emplois actuels et ceux de demain qui exigent beaucoup plus qu’un diplôme d’études secondaires.
Cela dit, un diplôme d’études secondaires est plus valable que jamais, car c’est la base sur laquelle s’édifie une main-d’œuvre compétente et éduquée.
En adoptant une attitude qui favorise et célèbre l’apprentissage à toutes les étapes de la vie, nous ferons du Canada un chef de file en matière d’éducation.
Au risque de me répéter, j’estime que nous devons tenter d’avoir une vue d’ensemble. Nous avons tous ensemble une responsabilité unique : nous devons penser de manière à devenir un chef de file dans tous les domaines de l’apprentissage, soit l’éducation de la première enfance, la maternelle, le primaire et le secondaire, l’insertion professionnelle, les études postsecondaires et postdoctorales, l’apprentissage continu ainsi que la recherche et le développement. Il faut le faire tout en œuvrant avec le reste du monde dans un esprit de découverte, de respect et de coopération.
J’aimerais revenir sur le mot « responsabilité ». Cette responsabilité nous incombe à nous tous et vient nous rappeler que notre système d’éducation repose sur un contrat social entre la profession enseignante, le public et nos élus. Cet arrangement n’a rien d’abstrait; en fait, il s’agit bien de personnes réelles qui travaillent ensemble à la poursuite d’un but collectif : l’apprentissage.
L’un des aspects importants de ce contrat social nécessite que nous renouvelions notre système d’éducation de manière à ce qu’il demeure pertinent. Cela exige que chacun de nous, et non pas uniquement les professionnels de l’éducation, mais également les membres du public et des gouvernements, accepte le changement et veille à ce qu’il se produise.
Pour guider nos efforts, nous avons tout avantage à considérer l’éducation comme un processus continu et à bâtir un système véritablement intégré et cohérent, où chaque étape d’apprentissage appuie la suivante. Comme l’a écrit Charles Pascal, de l’Atkinson Centre for Society and Child Development, notre système d’éducation souffre d’un « durcissement des catégories », un problème que nous pouvons surmonter en mettant davantage l’accent sur une approche intégrée en matière d’apprentissage continue à partir d’un très jeune âge.
La complexité et l’interconnectivité de notre monde aujourd’hui fait que l’éducation est toujours aussi importante, sinon plus que jamais.
La mondialisation à laquelle nous assistons dans le domaine de l’éducation de nos jours signifie que nous devons montrer au reste du monde ce que nous avons à offrir, tout en renforçant, au Canada, notre engagement à l’égard de l’éducation. En fait, l’éducation, l’innovation et le commerce forment un autre continuum qui peut amplifier notre apprentissage.
L’éducation nous rend plus innovateurs et plus entreprenants, davantage orientés vers l’extérieur et plus attirants pour la communauté internationale. En contrepartie, nous devenons plus aptes à accroître la profondeur et la portée de notre enseignement et de notre apprentissage, ce qui aide à renforcer notre société de tant de manières.
Au cours de l’année passée, j’ai eu le privilège d’effectuer cinq visites à l’étranger pour le Canada, ce qui m’a permis de voir l’enthousiasme avec lequel certains pays nouent des contrats sociaux nouveaux et innovateurs en matière d’éducation. L’internationalisme est un aspect central de leurs stratégies et, dans certains cas, les Canadiens sont au premier plan. Ensemble, nous enseignons et apprenons aux côtés de nos partenaires étrangers.
Il faut se réjouir de bon nombre de ces développements sur la scène internationale. Un peu partout dans le monde, des gens sont fortifiés par l’éducation et stimulés par leurs rêves de créer une vie meilleure pour eux-mêmes et pour leurs enfants grâce à l’apprentissage.
Ils sont donc très ouverts à la contribution des Canadiens et, dans certains cas, c’est presque leur seul espoir d’avenir. Lorsque Dalton McGuinty, aujourd’hui premier ministre de l’Ontario, s’est rendu en Angleterre au début des années 2000 pour mieux comprendre comment le premier ministre britannique Blair s’y était pris pour réussir à améliorer le système d’éducation de son pays, Blair l’a renvoyé à Toronto, car son principal conseiller en éducation était en fait un professeur de l’Institut d’études pédagogiques de l’Ontario du nom de Michael Fullan.
Voilà qui est de bon augure pour nous tous.
Comme l’a souligné Fullan, qui allait devenir l’un des architectes de la hausse du taux de diplômés du secondaire en Ontario, « Chaque pays qui améliore son système d’éducation devient un meilleur voisin. L’impératif moral en éducation est que le monde entier puisse progresser. »
Mes armoiries à titre de gouverneur général reflètent cette idée avec l’image d’une bougie allumée. Cette bougie symbolise non seulement un esprit éclairé, mais également la transmission de l’apprentissage d’une personne à l’autre, d’un pays à l’autre.
Le partage des connaissances éclaire nos collectivités, notre pays et le monde. C’est ce que j’aime appeler la diplomatie du savoir. Dans mes visites à l’étranger, j’ai pu constater à quel point le Canada est en bonne posture pour jouer un rôle important sur la scène internationale avec cette forme de diplomatie.
Quel est donc cet avantage concurrentiel dont bénéficie le Canada? Ce sont nos enfants. Il y a au Canada les villes parmi les plus multiculturelles au monde. Vous n’avez qu’à entrer dans n’importe quelle salle de classe d’une école publique à Toronto, Montréal ou Vancouver, aujourd’hui, et vous y verrez un microcosme du monde. Ces enfants apprennent, jouent et grandissent ensemble. Ce n’est pas uniquement par l’Internet qu’ils comprennent les réalités de l’interconnectivité mondiale; ils la vivent au quotidien dans la classe. Probablement plus que tout autre groupe de jeunes dans le monde, les jeunes Canadiens sont les mieux placés pour réussir dans le monde d’aujourd’hui, pour devenir des citoyens du monde et des leaders engagés. Et ils sont plus nombreux que jamais à poursuivre leurs études au-delà du secondaire. Sans oublier le tout que forment l’éducation, l’innovation et le commerce.
Il y a plus de langues qui sont parlées à Toronto que dans n’importe quelle autre ville du monde. Cette diaspora culturelle nous fournit d’incroyables possibilités en matière de commerce international.
Le Canada est reconnu sur la scène internationale comme étant un pays extrêmement performant en matière d’éducation, avec ses progrès importants en littératie et en mathématiques et son taux croissant de diplômés du secondaire. Ces améliorations ne sont pas le fruit du hasard. Elles sont le résultat de la collaboration de nos leaders dans le domaine de l’éducation. Une collaboration à tous les niveaux, soit des districts, des provinces et entre provinces, qui a mené à l’élaboration de stratégies visant à améliorer la situation.
En réfléchissant à ce que devrait être notre stratégie internationale, je ne peux m’empêcher de penser que cette base collective de connaissances ou si vous préférez, notre capital social et intellectuel, serait extrêmement utile à d’autres pays, desquels nous pourrions également apprendre.
Avant de terminer, j’aimerais vous donner un autre exemple de la position privilégiée du Canada.
Au cours des derniers mois, j’ai visité des pays de l’Asie du Sud-Est et du Moyen-Orient. J’y ai rencontré des gens de tous les milieux, y compris des Canadiens expatriés, et je peux confirmer que la diversité est l’un des atouts majeurs de notre société. Le Canada a attiré plus d’immigrants par habitant que tout autre pays et, grâce à notre approche en matière de multiculturalisme, nous encourageons le maintien des patrimoines culturels.
C’est pourquoi la plupart des langues du monde sont parlées au Canada et que nous avons un nombre si remarquable de diasporas culturelles. Ces deux points nous avantagent grandement sur la scène mondiale, et je crois que nous devrions célébrer notre diversité et même apprécier encore davantage notre approche en matière de multiculturalisme.
Pourquoi est-ce que je dis cela? Parce que si nous voulons conserver notre multiculturalisme et tirer profit de la promesse qu’il détient, nous devons, notamment, trouver de meilleures façons d’intégrer à notre marché du travail les nouveaux immigrants qui sont hautement qualifiés et très instruits et reconnaître les crédits et la formation obtenus à l’étranger. Pour ce faire, il faudra compter sur l’appui de tous les Canadiens. Cela devra faire partie du nouveau contrat social que nous renégocions entre nous, par le dialogue et par une compréhension commune, et qui confirme que cette diversité est absolument essentielle à notre succès dans un monde planétaire. Cet engagement doit tenir compte en outre du partage de nos expériences canadiennes en éducation et en multiculturalisme avec les divers pays dont nous sommes originaires et le reste du monde.
Ici encore, nous voyons bien qu’une stratégie internationale en matière d’éducation ne peut se formuler isolément et qu’elle doit plutôt s’inscrire dans une conversation sociale d’une plus vaste portée de manière à forger un consensus sur ce qu’il convient de faire pour obtenir le succès voulu à l’échelle mondiale. Un consensus qui vaut autant pour l’éducation ici au pays que pour notre engagement à offrir notre potentiel éducatif à l’étranger.
Comme l’a fait observer l’auteur John Kao, les écoles doivent aider les étudiants à développer leur « intelligence culturelle » au moyen du multilinguisme, de l’expérience internationale, et du respect et de l’appréciation de la diversité. L’une des façons d’y parvenir, c’est de promouvoir les études à l’étranger et les programmes d’échange, puisque ce sont ces étudiants qui seront appelés à pratiquer la diplomatie du savoir et à stimuler les futures innovations sociales et technologiques.
Et pourquoi ne pas commencer cet apprentissage encore plus tôt et en faire une composante centrale de tout notre système scolaire? Nous devrions en effet encourager nos jeunes à étudier, à travailler ou à faire du bénévolat à l’étranger comme si c’était une étape nécessaire, un passeport pour la vie sur notre planète. Nous enverrions ainsi un sérieux message d’accueil et de bonne volonté au reste du monde, rappelant ainsi aux gens les nombreuses raisons pour lesquelles le Canada est un excellent pays pour y faire des études.
Bref, nous devons avoir une vue d’ensemble et agir en conséquence.
L’apprentissage peut garantir un avenir plus juste, plus bienveillant, plus sain et plus prospère pour chaque Canadien et Canadienne, y compris les nouveaux arrivants et les Autochtones qui, eux, sont ici depuis des temps immémoriaux.
Grâce à l’apprentissage, nous investissons dans le futur qui nous est inconnu. L’apprentissage nous aide à affronter les défis qui nous attendant et à aller de l’avant avec confiance. L’apprentissage est source d’espoir, et l’éducation est le principal moyen par lequel nous pouvons accroître l’espoir, ici au pays et ailleurs dans le monde.
L’apprentissage est ce qui nous permettra de fortifier notre pays et d’édifier le monde plus averti et plus bienveillant dont nous rêvons tous.
Merci.
