Social Network of Women

Le 4 novembre 2023

Sous réserve de modifications

Bonjour,

Avant de commencer, je tiens à reconnaître que nous sommes sur le territoire non cédé du peuple algonquin anishinabe. Il est important de reconnaître l’histoire de ce territoire. Ce faisant, nous favorisons la réconciliation en encourageant la compréhension et le respect.

Merci beaucoup pour votre invitation. J’accorde une grande importance à la question de la santé mentale.

Je vous remercie de m’avoir invitée aujourd’hui à aborder un sujet très difficile : la santé mentale.

Je dis « difficile » parce que les gens ne sont pas toujours disposés à parler de leur santé mentale.

Comme nous le savons, la santé physique et la santé mentale sont très liées, même si les causes et les traitements varient considérablement d’un cas à l’autre. Pourtant, malgré nos connaissances scientifiques, il existe toujours une stigmatisation à l’égard des problèmes de santé mentale. Les personnes qui ont besoin de soutien ont l’impression de ne pas pouvoir s’exprimer… de ne pas pouvoir demander de l’aide.

En fait, selon le Centre de toxicomanie et de santé mentale, la stigmatisation empêche 40 % des personnes souffrant d’anxiété ou de dépression de demander de l’aide.

Dans le cadre de mon mandat, je cherche à mettre à profit les initiatives déjà en cours pour déstigmatiser les problèmes de santé mentale, pour faire en sorte que cette question soit abordée avec l’attention, la compassion et la compréhension qu’elle mérite. Je veux encourager les gens à parler, leur montrer qu’il n’y a pas de honte à demander de l’aide.

Et je sais que c’est difficile. Je sais à quel point il est difficile de demander de l’aide. J’ai moi-même dû faire face à des problèmes de santé mentale au cours de ma carrière.

Je sais que, dans certaines communautés et pour toutes sortes de raisons, demander de l’aide est une chose qui ne se fait tout simplement pas.

Cette stigmatisation crée de sérieux obstacles aux diagnostics et aux traitements. Et tout le monde peut se heurter à ces obstacles : femmes, hommes, enfants et personnes de toutes identités. Des personnes de toutes les communautés, de toutes les cultures et de tous les milieux peuvent s’y heurter.

Ces obstacles peuvent prendre différentes formes.

Il peut également y avoir une composante financière. Il se peut que la personne ne soit pas autonome financièrement et qu’elle n’ose pas demander de l’aide. Il se peut aussi qu’elle ne dispose pas des ressources nécessaires pour obtenir l’aide dont elle aurait besoin.

Des personnes de tous les sexes, de toutes les identités, de toutes les cultures et de toutes les communautés peuvent se heurter à ces obstacles.

Que ces obstacles entraînent la peur ou l’incompréhension, la gêne ou le désespoir, ils ont tous un même effet : les gens ne reçoivent pas l’aide dont ils ont besoin.

Il nous appartient d’éliminer ces obstacles dans notre société.

Nous devons nous soutenir les uns les autres, comme nous le faisons en ce moment, ici même. Nous devons agir avec compréhension et respect. Et nous devons créer des espaces sûrs pour toutes les communautés.

Permettez-moi de citer l’exemple de l’équipe de santé familiale inuite Akausivik.

Akausivik a été créée pour répondre à un besoin de la communauté inuite d’Ottawa, qui n’avait pas de médecin de famille et qui n’avait pas l’habitude de chercher à obtenir des soins médicaux ou des services en santé mentale.

Qu’avons-nous constaté ?

Le Dr Gambhir a rencontré des personnes qui n’avaient pas vu de médecin depuis des années et qui, pire encore, ne faisaient pas confiance à la communauté médicale.

Le Dr Gambhir et Akausivik ont donc changé leur message. Ils ont mis l’accent sur le respect de la culture, sur la santé mentale et sur les données probantes concernant les vaccins. La communauté a ainsi pu remarquer que non seulement cette équipe médicale la comprenait, mais qu’elle parlait véritablement sa langue. L’équipe d’Akausivik a expliqué les avantages du système de soins de santé de façon à ce que les Inuits d’Ottawa puissent les comprendre et s’y fier.

L’équipe a créé un cadre sûr et fiable pour que les Inuits puissent bénéficier de services optimaux, en santé physique comme en santé mentale.

C’est ce que je souhaite transmettre aujourd’hui. Nous avons besoin que chacun et chacune d’entre vous trouve des façons de contribuer à la création de ces espaces sûrs, car les gens ont besoin non seulement de se sentir à l’aise pour parler, mais aussi de disposer d’un endroit où aller après avoir reconnu qu’ils ont besoin d’aide. Nous devons créer ces espaces à l’intention des personnes qui souhaitent obtenir des soins de santé mentale.

Tout endroit peut être un espace sûr. Il suffit que cet espace permette de dépasser les barrières de la culture, de la langue et de la compréhension pour offrir un accès à de l’aide.

Partout au Canada, les fournisseurs de soins proposent des solutions novatrices pour créer ces espaces sûrs favorisant la santé mentale. Permettez-moi de vous donner deux exemples de solutions que j’ai pu observer.

À l’Île-du-Prince-Édouard, le Serene View Ranch propose l’un des premiers programmes d’équithérapie au Canada, dans lequel les chevaux sont utilisés pour traiter les problèmes de santé mentale, les traumatismes et le syndrome de stress post-traumatique. L’équipe du ranch croit que la santé physique et la santé mentale vont de pair – qu’elles doivent être traitées avec la même attention – et j’ai été ravie de constater cette approche harmonieuse.

En Nouvelle-Écosse, j’ai visité Laing House, un centre qui offre des programmes novateurs et un soutien par les pairs à des jeunes atteints de maladie mentale. On y utilise l’art comme moyen d’expression pour aider les jeunes à aborder leurs problèmes de santé mentale, et j’ai eu le plaisir de participer à un atelier avec eux.

En discutant avec eux, j’ai perçu leur espoir d’un avenir meilleur. Je leur ai également fait découvrir un mot dans ma langue maternelle, l’inuktitut : ajuinnata. Ce mot désigne un serment, une promesse de ne jamais abandonner face aux défis qui se présentent. Il renvoie à l’engagement à agir, peu importe la complexité de la situation.

Une jeune femme s’est approchée de moi et m’a demandé si ce mot… si ajuinnata… s’appliquait à elle et à ses efforts pour surmonter ses problèmes de santé mentale. Je lui ai dit que oui.

Et je vous parle maintenant de ce mot parce qu’il s’applique ici aussi.

De nombreux défis se présentent à nous, et la seule façon de les relever est d’y faire face la tête haute, en gardant espoir et en s’appuyant sur ajuinnata.

Peu importe notre origine, les langues que nous parlons ou nos croyances, nous avons tous et toutes besoin d’un endroit pour établir des liens avec les autres.

Nous avons besoin de sentir que les gens prendront soin de nous. Il est dans la nature humaine de chercher ces endroits qui donnent un sentiment de sécurité et nous permettent de nous sentir comme à la maison. Il est de notre responsabilité collective de donner aux femmes les moyens de prendre des décisions, de les faire entendre et de diffuser leurs connaissances au sein de leur communauté et de leur famille.

Surtout, j’espère que vous ferez preuve de gentillesse les uns envers les autres, ainsi qu’envers vous-même. On ne peut pas tout faire pour tout le monde. Peut-être serez-vous la personne qui racontera les histoires, qui encouragera les gens à s’exprimer. Peut-être contribuerez-vous à créer des espaces sûrs qui aideront d’autres femmes à rester en sécurité ou à être en bonne santé. Vous n’êtes pas dans l’obligation de tout faire. Prenez soin de votre propre bien-être mental comme vous prenez soin de celui des autres.

Et lorsque vous vous exprimerez… lorsque vous construirez des espaces sûrs… lorsque vous changerez la situation dans votre communauté… j’espère que vous aurez conscience du pouvoir que vous avez pour améliorer le cours des choses.

Vous avez la capacité d’aider les autres et de créer une dynamique positive.

J’ai été témoin de l’incroyable potentiel des gens de notre pays, qu’ils soient nouvellement arrivés ou qu’ils aient passé toute leur vie ici. En tant que gouverneure générale, j’ai rendu hommage à leurs remarquables réalisations, dans le cadre du Régime canadien de distinctions honorifiques, à travers l’Ordre du Canada, les décorations pour service méritoire, la Médaille du souverain pour les bénévoles et bien d’autres encore.

Je vous encourage, lorsque vous voyez des personnes qui font bouger les choses dans votre communauté, à prendre un moment pour reconnaître leurs réalisations et à proposer leur candidature à l’une de ces distinctions.

Merci de m’avoir accueillie parmi vous aujourd’hui. Cela me fait chaud au cœur de vous voir ici. Avançons ensemble, avec ajuinnata dans nos esprits.

Merci.