Annonce de l’emplacement du Monument national sur les pensionnats autochtones

Le 20 juin 2023

Sous réserve de modifications

Bonjour.

Avant de commencer, permettez-moi de reconnaître que nous sommes réunis sur le territoire non cédé du peuple algonquin anishinabe, qui vit sur cette terre et en prend soin depuis des milliers d’années. De telles reconnaissances sont chargées de sens et témoignent du respect des Canadiens et Canadiennes à l’endroit de la réconciliation vers laquelle nous cheminons ensemble.

C’est un honneur de me joindre à vous pour cette annonce historique.

Je suis ici en tant que gouverneure générale du Canada.

Je suis également ici en tant que témoin honoraire de la Commission de vérité et réconciliation, un engagement que j’ai pris en 2014. Il s’agit d’un engagement à témoigner de la vérité racontée par les survivants des pensionnats autochtones, à partager ce que j’entends et ce que j’apprends. C’est un engagement que j’ai honoré et que je continuerai d’honorer ma vie durant.

Tout au long de ma vie, j’ai écouté, observé et agi.

J’ai été témoin du manque de services et d’éducation de qualité pour les peuples autochtones. J’ai passé ma vie à me battre pour les droits des Autochtones.

Il y a 15 ans, j’ai été témoin des excuses présentées par le gouvernement du Canada, ici même, sur la Colline du Parlement. J’ai eu l’honneur de représenter les Inuits et de répondre en leur nom.

En tant que gouverneure générale, j’ai été témoin aux excuses que Sa Sainteté le pape François a présentées aux peuples autochtones du Canada, sur leurs terres, pour les souffrances causées par les pensionnats. Et j’ai été témoin du début d’une relation renouvelée entre la Couronne, avec Sa Majesté le Roi, et les peuples autochtones.

Je suis ici pour en témoigner une fois de plus.

La journée d’aujourd’hui est importante pour les peuples autochtones du Canada, car nous montrons notre engagement à honorer la vie, les histoires et les souvenirs de ceux qui ont survécu ou qui ont perdu la vie dans les pensionnats. Aujourd’hui, nous leur montrons, en tant que pays, qu’ils ne sont pas oubliés et qu’ils ne le seront jamais.

Ce matin, nous sommes réunis pour rendre hommage à tous les enfants qui ont fréquenté un pensionnat. À toutes les personnes autochtones qui ont vécu ce traumatisme. À toutes les familles qui ont subi et subissent encore un traumatisme intergénérationnel.

Mais nous rendons également hommage à la résilience des peuples autochtones, ainsi qu’aux survivants et aux défenseurs qui ne veulent pas être réduits au silence et qui racontent la vérité de notre histoire.

Ce monument national n’est pas la fin de notre trajet, un trajet pour les peuples autochtones et non autochtones, vers la compréhension et la guérison. La guérison, comme la réconciliation, est un processus.

C’est un trajet, pas une destination. Le processus de guérison est long. Il commence lentement, doucement, avec précaution. Il suit son propre chemin, en nous faisant avancer, mais aussi en nous entraînant dans de multiples directions.

Au bout du compte, la guérison nous amène au-delà de l’impuissance, de la colère ou de la douleur. Elle nous amène au-delà du traumatisme.

Elle renouvelle notre santé mentale, spirituelle et physique. J’ai pu le constater personnellement.

J’ai vu la guérison par l’art, par la communauté, par la gentillesse et par la générosité, ainsi que par la revitalisation de la langue, de la culture et de l’identité.

Bien que la réconciliation et la guérison n’aient pas de date limite et qu’elles ne se limitent pas à un seul acte ou projet, j’aimerais que vous vous souveniez de ceci :

Chaque acte est important.

Et cet acte est important.

Le choix de ce site, sur la Colline du Parlement, permettra au plus grand nombre possible de Canadiens et Canadiennes de voir ce monument. Il représente notre histoire, la véritable histoire du Canada.

Si près de la Chambre des communes, le monument rappellera constamment aux parlementaires que les politiques et les lois qu’ils élaborent, discutent, adoptent et appliquent ont des conséquences. Elles peuvent avoir des conséquences sur la santé et le bien-être d’un grand nombre de personnes. Il nous rappellera que nous ne devons plus jamais laisser quiconque, ni les peuples autochtones ni personne d’autre, subir les conséquences du racisme et de l’inégalité, de la cruauté et de la négligence.

Et il y a de l’espoir. Je vois des progrès, même s’ils sont lents.

Je vois l’espoir dans les jeunes qui sont avec nous aujourd’hui, des enfants autochtones et non autochtones qui honorent le passé et s’en souviennent. Leur génération est la plus diversifiée et la plus tolérante de l’histoire du Canada. Nous leur racontons notre histoire pour qu’ils ne répètent jamais nos erreurs. À notre tour, nous pouvons apprendre d’eux la compassion et l’inclusion.

Je vois également de l’espoir dans la force de la culture, manifeste dans les spectacles auxquels nous avons assisté ici aujourd’hui, et dans la renaissance des langues autochtones. Comme d’autres l’ont fait aujourd’hui, je suis fière de m’exprimer dans ma langue maternelle, l’inuktitut :

Je vois de l’espoir lorsque j’entends parler les langues autochtones. Ces langues font partie de notre identité. Nous devons les parler et appuyer leur utilisation chaque fois que l’occasion se présente.

Et, bien sûr, il y a de l’espoir dans ce monument, tout comme il y a du souvenir, de la tristesse, du progrès, de la résilience et de la persévérance.

Ce monument national rendra hommage aux enfants autochtones, aux membres des Premières Nations, aux Inuits et aux Métis qui ont perdu la vie. Il rappellera que les voix autochtones sont fortes. Et il représente un nouveau pas du Canada vers la réconciliation. Ces histoires ne seront plus niées. Elles vivent en chacun de nous comme un engagement national. Tous les Canadiens et Canadiennes ont la responsabilité d’apprendre, de reconnaître et d’agir de manière à favoriser la guérison et la compréhension.

Je remercie le comité directeur pour son travail, ainsi que tous les partenaires qui ont contribué à la réalisation de ce projet. Vos actions nous montrent comment cheminer sur la voie de la réconciliation.

J’ai hâte de revenir ici, sur ce site, avec des gens de partout au pays, afin de voir ce monument pleinement réalisé et ce nouveau lieu de rassemblement pour des cérémonies nationales, des événements et des anniversaires importants. Nous célébrerons demain la Journée nationale des peuples autochtones.

Ce sera le moment idéal pour célébrer également le chemin parcouru ensemble et pour envisager l’avenir avec espoir.

Les enfants, ceux qui n’ont jamais eu la chance de véritablement commencer leur vie, seraient fiers.

Merci.