Événement virtuel sur la réconciliation organisé par l’ambassade du Canada en France

Le 3 février 2022

Sous réserve de modifications

Bonjour,

Je suis ravie de me joindre à vous et d’être témoin de ce genre de conversations entre nos pays, surtout sur ce sujet important pour moi et pour le Canada. Voilà une belle façon de faire avancer les choses.

Aujourd’hui, je vous parle de Rideau Hall, à Ottawa, qui se trouve sur le territoire non cédé du peuple algonquin Anishinabe.

Cette déclaration de reconnaissance du territoire n’est pas une affirmation symbolique. Elle fait partie de la véritable histoire du Canada, et apprendre sur cette vérité s’inscrit dans le processus de réconciliation.

La réconciliation emprunte de multiples facettes. Elle n’est pas une démarche ou un projet isolé. Et elle n’est pas seulement une question autochtone. La réconciliation concerne tout le Canada et nécessite un effort de toute une vie pour permettre aux gens de se comprendre et de s’écouter les uns les autres. Elle suppose que nous soyons respectueux de toutes les cultures et de toutes les croyances. Et elle se veut un effort permanent.

L’année dernière, la question de la réconciliation a également suscité un regain d’intérêt, après la découverte de tombes anonymes d’élèves des pensionnats à travers le Canada, et plus récemment en Colombie-Britannique. Cette découverte est la preuve indéniable des conséquences des politiques et des actions du passé qui ont dévasté les peuples autochtones.

Nous ne pouvons pas ignorer ces découvertes. Nous ne pouvons pas, non plus, ignorer les impacts permanents de ces blessures profondes.

Alors, comment pouvons-nous avancer?

En grandissant dans une communauté inuite du nord du Québec, j’entendais régulièrement ma grand-mère utiliser un mot en inuktitut : ajuinnata.

On ne peut pas vraiment traduire ce mot, car il englobe tellement de notions. La promesse de ne jamais abandonner. L’engagement à agir, peu importe la complexité de la situation. Le concept d’ajuinnata nous pousse à progresser, à travailler ensemble à la recherche de solutions. Et c’est ce même état d’esprit qui anime le processus de réconciliation.

Nombreuses sont les personnes qui sont déjà passées à l’action. Ces personnes s’attaquent aux problèmes de l’accessibilité, de l’éducation, des changements climatiques dans l’Arctique, des ressources de base et même de la langue.

La langue, en particulier, est au cœur de notre identité culturelle. Elle façonne qui nous sommes, nos perspectives, notre spiritualité et notre relation avec la terre.

Je comprends très bien l’importance de la langue et le désir de protéger notre culture.

J’ai grandi en parlant l’inuktitut, mais à l’école, on nous décourageait, mes amis et moi, d’utiliser notre langue, et on nous sanctionnait lorsque nous le faisions. Nous avions l’impression que l’inuktitut c’était mauvais, et que nous, en tant que peuple, étions mauvais. C’est pourquoi il est si important pour moi de défendre les langues autochtones, ainsi que nos propres histoires, afin que nous puissions vous faire connaître nos vérités.

À titre de gouverneure générale, j’espère offrir aux peuples autochtones un cadre sûr qui leur permettra de se réapproprier leurs propres histoires, et ce, d’une manière représentative de la diversité de notre société. Les histoires favorisent la guérison et nous incitent à agir. Nous avons beaucoup à apprendre des expériences des autres.

La diffusion des histoires ne connaît pas de limites ou de frontières. En octobre, j’ai assisté à la Foire du livre de Francfort, en Allemagne, où le Canada était l’invité d’honneur. J’y ai vu toute l’attention portée à la promotion des auteurs et des conteurs autochtones. Je me suis réjouie de voir nos histoires racontées à des publics internationaux. Aujourd’hui, c’est un grand plaisir de partager notre histoire avec vous, en France, même si ce n’est que de manière virtuelle. Tout au long de ma carrière, j’ai encouragé les gens à chercher à connaître la réalité des communautés métisses, inuites et des Premières Nations.

Nous avons fait des progrès, mais il y a encore beaucoup à faire pour améliorer la santé physique et mentale des peuples autochtones.

Au moment où vous entamez vos discussions aujourd’hui, pensez à ce que vous pouvez faire par la suite, même si ce n’est que de transmettre ce que vous avez appris à vos collègues, à vos amis et à votre famille. Conjuguons nos efforts pour affronter le passé, comprendre nos histoires et construire un avenir meilleur pour le Canada, la France et tous les peuples de nos pays.

Merci. Miigwetch. Nakurmiik.