Congrès mondial des technologies de l’information

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Montréal, le lundi 22 octobre 2012

 

Je suis heureux de m’adresser à un auditoire aussi influent. Je crois fermement au pouvoir de la collaboration, et c’est avec optimisme que je vous souhaite la bienvenue au Canada et à ce congrès sur notre avenir numérique.

Ce serait un euphémisme que de dire que nous avons du pain sur la planche.

Nous le savons bien, la révolution numérique a transformé nos vies et nos sociétés. Au télescope et au microscope — qui nous permettent de sonder l’infini et l’infiniment petit — nous avons ajouté l’ordinateur et Internet — qui nous permettent de trouver, de collecter, de conserver et de relier tous nos savoirs ainsi que de réaliser nos expériences. Bref, ces outils nous aident à élargir et à approfondir notre vision des choses.

Arrimé à Internet, l’ordinateur nous permet d’échanger et de conserver plus d’information que nous ne l’aurions cru possible. Considérons que, selon les estimations, nous produisons et conservons en ligne 2,5 exaoctets de données informatiques chaque jour. Cela signifie que, tous les deux jours, nous téléchargeons plus de données que tout ce qui a été imprimé dans toute l’histoire de l’humanité.

En effet, les changements rapides et fondamentaux auxquels nous assistons découlent en grande partie des immenses progrès réalisés dans les technologies de l’information et des communications.

Et tout indique que les changements ne font que commencer.

On estime que la science produira, au cours des 40 prochaines années, plus de savoir que ce que l’humanité a produit jusqu’ici.

Neil Turok, directeur du Perimeter Institute for Theoretical Physics à Waterloo, en Ontario, a dit ce qui suit :

« Ce qui nous attend sera sans doute plus majeur que toutes les transformations que nous avons connues. Nous savons déjà à quel point les communications mobiles et le Web élargissent la société planétaire, grâce auxquels l’information et l’éducation sont offertes à une échelle encore jamais vue. Or, ce n’est là qu’un début, car les nouvelles technologies vont nous transformer encore plus. »

C’est renversant.

Mais, si les changements ne font que commencer, que faut-il faire pour bien préparer l’avenir?

Curieusement, si l’accroissement de la connectivité facilite la collaboration et l’innovation, elle a aussi comme conséquence d’en accroître la nécessité.

C’est pourquoi vous êtes réunis ici à Montréal. Au cours des prochains jours, vous vous pencherez sur les défis et les possibilités déclenchés par les technologies de l’information, dans le but de tracer l’avenir de la société numérique mondiale.

Votre ambition me fait penser au jeune mathématicien et ingénieur Claude Elwood Shannon qui, en 1948, a publié la grande charte de l’ère de l’information, en développant le concept révolutionnaire de la transmission numérique.

Aujourd’hui, Shannon est reconnu comme étant le « père de la théorie de l’information ».

En tant que ses héritiers, nous devons nous attaquer aux questions pressantes comme la protection des renseignements personnels, la sécurité des données, les compétences médiatiques, la sécurité en ligne et la propriété intellectuelle, pour ne nommer que celles-ci.

Nous devons aussi voir la question dans son ensemble : la transformation affecte à la fois le gouvernement, l’éducation, la science, les soins de santé et la société puisque, comme Ursula Franklin l’a si bien dit, la technologie a permis de construire la maison dans laquelle on vit.

Autrement dit, chaque avancée scientifique et technologique a un effet d’entraînement sur notre culture et notre société, comme un caillou lancé dans l'eau. Notre défi consiste donc à utiliser la technologie en vue de créer un monde plus averti et bienveillant.

À bien des égards, les technologies de l’information et des communications ont déjà changé notre monde pour le mieux. Comme vous le savez, les citoyens partout sur la planète redéfinissent leurs rôles au travail, dans leur communauté et au sein de leur gouvernement, tout cela grâce à l’accroissement de la connectivité.

Des gens qui ne se seraient probablement jamais rencontré autrement échangent maintenant des idées, des connaissances et des expériences. L’humanité connaît une époque remplie de possibilités et de défis à la fois stimulants et imposants.

Je crois que nous pouvons entrevoir ce que nous réserve l’avenir en examinant les effets des nouvelles technologies dans la vie des jeunes.

Comme l’indique un récent rapport de Fondations communautaires du Canada, les jeunes sont remarquablement « branchés, éveillés et collaboratifs ». Ils sont à l’aise avec les nouvelles technologies et les réseaux virtuels et ils n’hésitent pas à contester le statu quo.

Fait remarquable, 97 pour cent des Canadiens ayant entre 17 et 35 ans ont un profil Facebook. Dans l’ensemble de la population, c’est un Canadien sur deux qui utilise Facebook, ce qui illustre bien l’intérêt du Canada pour les technologies de l’information et des communications.

Mais il n’y a pas que du positif à tous ces changements. Le rapport de Fondations communautaires du Canada explique aussi que « les jeunes évoluent dans une ère de complexité et d’incertitude […] qui a décalé ou même effacé les repères qui marquaient la transition entre les différentes étapes de la vie. »

Il y a sans doute plusieurs raisons qui expliquent la complexité et l’incertitude actuelles, mais on ne saurait nier que les technologies numériques ont accéléré notre culture, comme l’a dit l’auteur Douglas Coupland.

Je vous incite à examiner, en votre qualité de dirigeant, comment nous pouvons maximiser les avantages d’une société numérique mondiale et minimiser ses désavantages, non seulement pour les jeunes, mais pour tous les citoyens. Comment pouvons-nous créer une société numérique où l’excellence et l’égalité des chances pèsent tout autant dans la balance?

Dans la société actuelle, on trouve d’excellents exemples de leadership où l’innovation sociale et l’innovation technologique vont de pair.

Pensons au monde de l’éducation supérieure et à l’Université Harvard et Massachusetts Institute of Technology qui collaborent pour offrir des cours en ligne, gratuitement, à toute personne possédant une connexion Internet.

Il s’agit là d’un bel exemple de la démocratisation du savoir par la technologie qui pourrait améliorer la vie des gens.

En tant que gouverneur général, j’ai placé l’innovation au cœur de mes priorités. L’innovation, par définition, c’est la formulation ou l’application de nouvelles idées dans le but d’améliorer nos façons de faire. C’est la capacité de voir les choses sous un angle différent, d’imaginer ce qui n’existe pas encore.

La nature collaborative du monde numérique en fait un lieu propice à l’innovation. Comme le souligne Jon Gertner dans son ouvrage intitulé The Idea Factory, qui raconte l’histoire des fameux laboratoires Bell au New Jersey, l’innovation n’est pas un processus unidirectionnel qui commence avec l’éducation et la recherche, se poursuit avec l’expérimentation, et se termine par l’application pratique. L’innovation suppose plutôt un va-et-vient tout au long de ce processus.

Le terme « écosystème de l’innovation » a aussi été employé pour décrire cette approche non linéaire et déorganisée.

M. Gertner poursuit sa réflexion en disant que l’innovation est rarement attribuable à une seule personne, mais plutôt aux efforts concertés d’un groupe de gens travaillant aux divers aspects d’un même problème. Bref, l’innovation est un processus de partage.

Dans cette optique, et pour étayer tout ce dont je viens de parler, je terminerai en vous expliquant trois éléments des armoiries que j’ai adoptées lors de mon installation à titre de gouverneur général.

Sur le cimier, la chandelle symbolise l’apprentissage et l’illumination, ainsi que la transmission des connaissances. L’échange collectif du savoir éclaire notre société.

La bande ondée ornée de zéros et de uns au bas des armoiries illustre la circulation de l’information et la communication numérique.

La devise, Contemplare Meliora, signifiant « Envisager un monde meilleur », est inspirée d’une phrase célèbre de George Bernard Shaw :

« Vous voyez des choses et vous dites “Pourquoi?”. Mais moi, je rêve à des choses qui n’ont jamais existé et je dis “Pourquoi pas?”. »

Je vous souhaite un séjour agréable à Montréal. Sur ce, je déclare ouvert le Congrès mondial des technologies de l’information.

Merci.