Présentation du Prix d’excellence UNIFEM Canada

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Présentation du Prix d’excellence UNIFEM Canada

Rideau Hall, le mercredi 2 juin 2010

J’ai rencontré tant de femmes qui ont fait de moi ce que je suis.

À commencer par ma mère et ma grand-mère, qui m’ont appris que l’autonomie est la première condition de la liberté.

Pendant une partie de ma vie, j’ai porté la souffrance de femmes mortes à elles-mêmes après avoir subi plusieurs formes de violence et que j’ai accompagnées sur le long chemin de la guérison et de l’affranchissement.

À titre de journaliste, j’ai fait entendre la voix de femmes trop longtemps muselées ou dont le cri était un appel à plus de sécurité, de justice, de solidarité et de paix.

Au poste de gouverneur général du Canada, je me suis tenue aux côtés des femmes canadiennes, autochtones et de toutes les origines, dans la lutte qu’elles mènent encore pour la reconnaissance de leurs droits.

Leurs conquêtes nous paraissent acquises, mais elles sont en réalité très fragiles et partielles.

Car notre pays recule quand une femme autochtone s’ajoute à la liste déjà longue de femmes autochtones tuées ou portées disparues.

Notre pays recule quand une femme et ses enfants sont victimes de violence dans l’intimité de leur foyer.

Notre pays recule quand une femme immigrante n’arrive pas à faire reconnaître ses compétences, à se trouver de l’emploi et à se loger convenablement.

Notre pays recule quand des femmes sont moins payées que des hommes pour un travail égal.

Notre pays recule quand les femmes brillent par leur absence aux postes de décision et en politique.

Ces situations sont inacceptables, d’autant plus dans un pays progressiste comme le nôtre, qui se veut un gage d’espoir pour toutes les femmes dont le quotidien est une leçon de résilience et de courage.

Partout où je suis allée dans le monde à l’occasion de visites d’État, de visites officielles, de visites de travail, j’ai tenu à porter une parole forte en faveur des femmes et de leur contribution à tous les efforts en vue de mettre fin aux conflits et à la violence, d’enrayer la misère, de contrer la maladie, de donner accès à l’éducation et de répartir équitablement les ressources.

Je suis allée à la rencontre des femmes afghanes, qui voient leurs droits les plus fondamentaux bafoués sans vergogne.

Je suis allée à la rencontre des Algériennes, qui se sont tenues debout devant les dérives du fondamentalisme.

Je suis allée à la rencontre des Maliennes, dont j’ai appuyé la lutte pour éliminer les mutilations génitales féminines, devant l’Assemblée nationale du Mali.

Je suis allée à la rencontre des Haïtiennes, quelques semaines après le séisme, pour insister sur l’importance de tenir compte de leurs perspectives et de leurs réalisations dans l’effort de reconstruction.

Devant l’Assemblée nationale du Congo, j’ai condamné la violence sexuelle que des groupes armés infligent aux femmes dans le plus grand mépris de la dignité humaine.

Au Guatemala, j’ai dénoncé comme étant une totale aberration l’assassinat de centaines de femmes en toute impunité.

Je suis allée à la rencontre des Congolaises, auxquelles les groupes armés infligent des violences sexuelles au mépris de toute humanité.

Et partout où je suis allée durant mon mandat, soit dans plus de 30 pays et d’un bout à l’autre du Canada, ce que j’ai vu, ce sont des femmes fières et courageuses qui ne sont plus victimes, mais guérisseuses, bâtisseuses et libératrices.

C’est au nom de toutes ces femmes merveilleuses, inspirantes, courageuses, ingénieuses et généreuses que j’ai croisées sur ma route que j’accepte ce prix d’UNIFEM Canada.

Sachez combien cette reconnaissance me va droit au cœur.

Je ne cesserai de dire que donner du pouvoir aux femmes, c’est assurer le progrès de l’humanité.