Journée internationale de la femme - Haïti

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Journée internationale de la femme

Haïti, le lundi 8 mars 2010

Cette année, la Journée internationale de la femme revêt pour moi un caractère d’autant plus émouvant que je suis à vos côtés, sœurs d’Haïti, alors que vous déployez tous les efforts pour vous relever de l’hécatombe et reconstruire.

Je tiens d’emblée à joindre ma voix à toutes celles et à tous ceux qui pleurent la disparition dans le tremblement de terre du 12 janvier dernier de nombreuses Haïtiennes engagées dans la défense des droits des femmes, dont certaines avaient des liens très proches avec le Canada. 

Certaines étaient mes amies, et avaient toute mon admiration.

Sur le chemin de l’égalité, semé d’embûches, ces militantes ont ouvert la voie aux femmes et aux filles d’ici et d’ailleurs. Nous leur en sommes à jamais reconnaissants, et le moins que nous puissions faire est de poursuivre leur œuvre immense. Pour elles. Et pour toutes celles qui restent, qui luttent et qui espèrent.

Nous savons qu’Haïti endure de terribles souffrances en raison du séisme et de la pauvreté, déjà endémique avant la catastrophe, et que ce sont les plus vulnérables, soit les femmes et les enfants, qui en paient le plus lourd tribut.

Dans ces situations de crise et de déstabilisation, ce sont les femmes qui continuent de pourvoir à tous les besoins.

Femmes haïtiennes, le monde entier sait que vous êtes les piliers de votre société.

Ce sont les femmes qui doivent trouver de l’eau et de la nourriture, tout en prenant soin des enfants et des survivants.

Femmes haïtiennes, le monde entier connaît vos efforts au quotidien.

Et ce sont encore les femmes qui sont les plus soumises à la violence, y compris à la violence sexuelle.

Exigeons que la dignité des femmes soit respectée.

Ce sont aussi les femmes qui mobilisent les forces de la communauté et qui prennent en charge les ressources disponibles, comme elles savent si bien le faire.

D’ailleurs, n’est-ce pas  à vous, les femmes, que le Programme alimentaire mondial a confié l’aide humanitaire, sachant que les denrées seraient mieux distribuées?

Les Haïtiennes portent le pays sur leur tête et son avenir dans leur ventre.

Nous sommes convaincues que, sans la participation des femmes, nulle reconstruction n’est possible.

Si les femmes n’y sont pas, c’est l’échec assuré.

Je suis fière d’être la descendante de ces femmes d’Haïti, courageuses, entêtées.

De ces femmes, comme ma mère et ma grand-mère, qui ont toujours eu la force de conjurer le sort.

De ces femmes qui ont fait tous les sacrifices pour que leurs enfants aient de meilleures conditions de vie que celles qu’elles ont connues.

Qu’ai-je appris d’elles? J’ai appris d’elles que chaque épreuve est l’occasion de renouer avec l’essentiel et de tirer des leçons de ce qui nous arrive pour mieux résister et revenir à la vie.

Haïti, femmes d’Haïti, filles et garçons d’Haïti, sachez que vous n’êtes pas seuls.

Ensemble, nous avons pleuré les morts.

Ensemble, nous tentons de soulager les vivants.

Ensemble, nous rebâtirons.

La vie doit triompher en Haïti.

Et c’est au peuple haïtien tout entier de façonner l’avenir du pays.

Et à vous, les femmes, d’être les piliers sur lesquels reconstruire, comme vous l’avez toujours été, par la persistance de vos efforts, par la force de vos convictions et par votre espoir, inébranlable en dépit des secousses.

Toute ma foi repose en vous.

Si vous saviez comme je suis émue d’être ici avec vous.