Les Prix du Gouverneur général en commémoration de l’affaire « personne »

Le 30 mars 2023

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Bonjour,

Avant de commencer, je tiens à reconnaître que nous sommes sur le territoire non cédé du peuple algonquin anishinabe, qui vit sur cette terre et en prend soin depuis des milliers d’années.

C’est un réel plaisir d’être avec vous aujourd’hui.

Je suis ravie de pouvoir célébrer les récipiendaires des Prix du Gouverneur général en commémoration de l’affaire « personne ».

Il y a plus de 90 ans, la plus haute cour d’appel du Canada a rendu une décision reconnaissant officiellement les femmes comme des « personnes ». Cette décision a marqué un grand pas en avant, même si elle n’a pas profité à toutes les Canadiennes de la même manière. Les femmes autochtones, par exemple, et celles d’origine asiatique, n’ont eu le droit de vote qu’après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Cette décision a marqué le début d’une participation accrue des femmes à la vie publique et politique, car elle a levé un obstacle juridique important à l’égalité des genres au Canada. Depuis, les femmes ont brisé des plafonds de verre, ont pris place dans des domaines et des carrières à prédominance masculine, ont plaidé en faveur d’une meilleure conciliation travail-famille pour les femmes et les mères, et ont cherché à faire de la place à nos histoires, à nos identités et à notre diversité.

Pourtant, au fil du temps, de nouvelles barrières sont apparues, comme la misogynie et le racisme qui se sont propagés des salles de réunion aux salles de clavardage.

J’ai toujours accueilli favorablement les critiques constructives sur mon travail, mais ces derniers mois, les commentaires que nous avons reçus sur les médias sociaux étaient loin d’être constructifs ou respectueux. Chaque jour, nous recevions un bombardement de propos blessants – notamment des attaques contre ma personne

en tant que femme,

en tant que personne d’un certain âge,

en tant que femme autochtone

en tant qu’Inuite.

Ces mots compromettent considérablement la participation des femmes à la vie civique, minent leur confiance et leur santé mentale et peuvent limiter leurs perspectives professionnelles. Ils pèsent sur la décision des femmes de participer à la vie publique et politique. Ce type de violence s’ajoute aux menaces verbales et physiques que les femmes subissent dans leur vie de tous les jours.

Devant cette tendance, devant cette réalité, j’ai compris qu’il me fallait prendre la parole.

Notre bureau a donc décidé de fermer la section des commentaires sur toutes nos plateformes de médias sociaux. Il y a quelques semaines, à l’occasion de la Journée internationale des femmes, nous avons accueilli de nombreuses femmes – chefs de mission, journalistes, fonctionnaires et autres – pour parler de la question des propos haineux envers les femmes sur Internet.

Le lieu et la portée des attaques ont peut-être changé, mais les mots et les attitudes ne sont pas nouveaux. On dirait que plus ça change, plus c’est pareil.

Il faut parler ouvertement de cette question et nous avons besoin d’alliés, y compris des hommes, pour sensibiliser le public et trouver des solutions.

Après tout, il ne s’agit pas que d’un enjeu féminin. Il s’agit d’un enjeu humain. Et c’est un enjeu qui se posera encore davantage à nos enfants au fur et à mesure de l’évolution des technologies et des moyens de communication. C’est pourquoi je prends la parole pour dire des choses que d’autres ne pourraient peut-être pas dire. Je pense que beaucoup de femmes et de filles ont besoin de leaders qui racontent la vérité sur ce qu’elles vivent. Et c’est des femmes comme vous qui mènent le changement.

Les choses ne changeront pas du jour au lendemain, mais notre communion d’efforts est porteuse d’espoir.

Et je me nourris d’espoir lorsque je vois des femmes exceptionnelles, comme vous, qui attirent l’attention sur les droits des femmes et qui cherchent inlassablement à assurer leur sécurité, leur autonomisation et leur épanouissement.

Lynn Gehl, Shimi Kang, Farrah Khan, Sylvia Maracle, Judy White et Ishita Aggarwal - comme les Célèbres cinq qui ont inspiré ce prix – vous nous inspirez par votre courage, votre intégrité et votre dévouement. Vous avez beaucoup fait pour que les femmes noires, les femmes autochtones, les femmes de couleur et les femmes de tous âges et de tous horizons soient mieux préparées à prendre des décisions et à faire des découvertes qui influencent notre quotidien.

Au début de ma carrière, j’étais parfois la seule femme dans la salle. Aujourd’hui, je suis tellement heureuse et fière de voir que les femmes et les jeunes filles sont de plus en plus nombreuses à prendre leur place dans la vie économique, sociale, démocratique et culturelle du Canada.

Ilreste des défis à relever, mais vos expériences nous ont montré que le changement est possible. Il est possible lorsque nous ne renonçons jamais au rêve d’un pays et d’un monde plus justes et plus équitables pour les femmes.

Aux lauréates : merci pour vos nombreuses contributions au sein de vos communautés et félicitations pour cette reconnaissance amplement méritée.

Les femmes exceptionnelles comme vous, celles qui améliorent chaque jour notre monde, continuent de me motiver.

Et à toutes les personnes ici présentes, je vous remercie de votre soutien, à la fois à ces prix et à la cause de l’égalité.

Engageons-nous à protéger les droits des femmes et à amplifier leur voix.

Et œuvrons ensemble à l’édification d’un Canada où les jeunes filles grandissent en voyant et en sachant que les femmes peuvent jouer et jouent un rôle essentiel dans toutes les sphères de notre société.

Merci.