DéConférence du Centre canadien pour la diversité et l’inclusion

Le 1er mars 2023

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Bonjour,

Je tiens à reconnaître que je m’adresse à vous à partir de Rideau Hall, sur le territoire non cédé du peuple algonquin anishinabe, qui vit sur cette terre et en prend soin depuis des milliers d’années.

Je vous remercie de m’avoir invité à prendre la parole lors de la DéConférence du Centre canadien pour la diversité et l’inclusion. Cette conférence offre une tribune importante pour aborder un sujet qui nous concerne tous et toutes.

Tout au long de ma vie et de ma carrière, j’ai constaté à quel point la diversité peut être source de fierté. Et c’est inspirant de vous voir ici pour ralentir, pour réfléchir et pour visualiser l’avenir. Je me suis toujours efforcée de faire ces choses tout au long de ma carrière. Et quand je pense aux progrès réalisés en matière de diversité, d’équité et d’inclusion, malgré tout le travail qu’il reste à accomplir, je ne peux que nourrir l’espoir. Permettez-moi de vous donner un exemple.

Le 23 novembre 2021, moins de six mois après mon entrée en fonction à titre de gouverneure générale, j’ai lu le discours du Trône ouvrant la 44e législature du Canada. J’ai prononcé une partie de ce discours dans ma langue maternelle, l’inuktitut. Une telle chose aurait-elle été possible il y a vingt ans? Il y a dix ans?

Pour la première fois dans l’histoire de notre pays, nos représentants élus ont entendu le discours du Trône dans une langue autochtone. Ce fut non seulement un moment historique, mais aussi un véritable symbole de la diversité et de l’inclusion en action. Ce moment est significatif, car le Canada n’a pas toujours été enclin à reconnaître et à embrasser la diversité des peuples autochtones.

Et nous devons réfléchir à ces moments qui marquent le changement. Dans mon esprit, et dans celui de beaucoup d’autres, c’était la réconciliation en action. Ce moment a été rendu possible grâce aux efforts de tant de personnes qui, au fil des ans, ont cultivé une vision d’inclusion pour notre pays.

Je me souviens qu’en 1981, je faisais partie de l’équipe de négociation représentant les Inuits qui a contribué au rapatriement de la Constitution canadienne. À l’époque, les Premières Nations, les Inuits et les Métis étaient tous regroupés dans un seul groupe appelé « les peuples autochtones ». Toutefois, cette désignation ne tenait pas compte de la riche diversité des peuples autochtones. Plus tard, en vertu de l’article 35 de la Loi, nous avons obtenu la reconnaissance des trois peuples autochtones distincts du Canada – les Premières Nations, les Inuits et les Métis – et avons confirmé les droits ancestraux ou issus de traités des premiers peuples du Canada.

Comme nous l’avons constaté, que ce soit avec les peuples autochtones ou non autochtones, la langue joue en effet un rôle important. Les mots que nous employons sont importants.

Aujourd’hui, nous nous efforçons toujours de mieux reconnaître la diversité des communautés autochtones, ainsi que d’autres groupes en quête d’équité.

Je vous en parle parce que, lorsque je réfléchis à l’engagement du Canada à l’égard de la réconciliation, de l’inclusion et de la diversité, il n’est pas toujours évident de constater que la question ou le changement que l’on souhaite faire avancer aujourd’hui aura une incidence sur l’avenir. Ce travail, en 1982, a abouti à ma nomination à la fonction de gouverneure générale. Cette pensée me donne de l’espoir pour l’avenir.

Vous aussi, vous tentez de provoquer des changements qui pourraient avoir une incidence durable sur notre société.  De nombreuses entreprises se donnent comme priorité la diversité sur leurs lieux de travail et dans leurs postes de direction. Qui plus est, nous observons une plus grande diversité, et même, dans certains cas, une parité, chez nos élus et nos fonctionnaires.

Quand on pense aux peuples autochtones, aux femmes, à la communauté 2SLGBTQI+, aux groupes de personnes handicapées et aux communautés minoritaires – on constate que beaucoup de personnes membres de ces communautés ont enfin trouvé leur voix dans la société, et elles s’expriment et veulent se faire entendre. Il est de notre responsabilité de les écouter, que ce soit dans tout le pays, dans nos maisons ou sur nos lieux de travail.

Il nous appartient collectivement de créer une culture d’inclusion.

Comment y parvenir? Comment pouvons-nous être des vecteurs de changement?

  • En faisant preuve d’ouverture envers les personnes qui nous entourent.
  • En écoutant leurs histoires.
  • En racontant nos histoires.

C’est ainsi que nous allons favoriser la compréhension et le respect dans notre société. C’est ainsi que nous combattons la haine et les stéréotypes.

Et je suis témoin de ces progrès. Je vois le courage et la persévérance dont font preuve les Autochtones qui mettent à profit leurs diplômes en droit pour défendre leurs droits issus de traités; les femmes journalistes qui dénoncent la violence en ligne; les chefs d’entreprise qui encadrent, encouragent et embauchent la prochaine génération de personnes noires, autochtones et de couleur qui font figure de pionniers. Leurs actions permettront de susciter le changement dont nous avons besoin au Canada et dans le monde.

Donc, pour alimenter vos discussions aujourd’hui, je voudrais vous poser la question suivante : comment envisagez-vous le Canada dans une décennie?

Le monde a profondément changé depuis mes jeunes années, lorsqu’il m’était interdit de parler ma langue à l’école, sous la menace d’une punition. Nous sommes une société diversifiée et mondialisée qui doit accepter ses différences et œuvrer ensemble à la résolution des problèmes les plus urgents de notre époque.

Nous devons continuer à établir et à entretenir des relations, aussi bien avec les peuples autochtones qu’avec tous les autres peuples de ce pays, peu importe leur identité, la couleur de leur peau, leurs compétences, leurs origines ou leurs choix amoureux.

J’envisage l’avenir avec beaucoup d’espoir. Le jour viendra où la diversité, l’équité et l’inclusion ne seront pas des questions problématiques, mais des principes directeurs de la voie à suivre.

Créons ensemble un Canada où chaque personne peut assumer librement son identité.

Je vous encourage à écouter et à apprendre, et, au terme de cette conférence, à prendre contact avec les membres de votre réseau, avec les personnes qui ne sont pas ici, et à leur faire part des connaissances que vous avez acquises.

Je vous souhaite des discussions fructueuses et enrichissantes.

Merci.